Il y a dix ans tout juste, De Roma rouvrait ses portes après deux décennies de léthargie. Aujourd’hui, la salle de spectacle de Borgerhout, au style Art déco, peut se targuer d’attirer plus de 150 000 visiteurs par an !

Entrer dans De Roma, c’est voyager dans le temps… Aux murs du foyer de ce haut lieu culturel anversois, situé à Borgerhout, les photos d’anciennes légendes du cyclisme voisinent avec les vieilles affiches de films. A l’extérieur de l’immeuble Art déco, datant de 1928, l’ancienne caisse a été conservée… Pour les habitants du coin, le lieu est également empreint de nombreux souvenirs : les séances de cinéma en famille, les concerts d’Iggy Pop, Lou Reed ou Peter Gabriel… et la tristesse lorsqu’en 1982, la salle mit la clé sous le paillasson.  » Beaucoup de gens nous apportent spontanément d’anciennes photos pour nos vitrines, se réjouit le responsable Paul Schyvens. Un octogénaire nous a même offert les livres comptables de 1928 à 1953 ! Et on a retrouvé les statistiques d’Artic, indiquant le nombre de glaces vendues par les ouvreuses à chaque projection. A l’étage, un musée prend forme. L’appareil de projection 35 mm s’y trouve toujours… De Roma est en quelque sorte un monument protégé.  »

Durant vingt ans, la bâtisse resta porte close et se délabra progressivement jusqu’à ce que, en 2002, Paul Schyvens tombe sous son charme.  » Au premier coup d’oeil, j’ai su qu’il fallait en faire quelque chose « , se souvient le sexagénaire qui, dans les années 70, créa, à Boechout, le Sfinksfestival et considère aujourd’hui la gestion de De Roma non pas comme un job mais comme une mission.  » Tout le monde sait qu’on travaille dur mais bosser dans le domaine culturel est un privilège. Il y a beaucoup de candidats pour peu de postes. Je trouve donc normal de donner le meilleur de moi-même « , affirme-t-il.

Optimiste par nature, Paul Schyvens a pourtant pris, il y a peu, un coup au moral. La Ville d’Anvers a en effet annoncé des économies drastiques au sein du secteur culturel et De Roma, qui programme aussi bien des films que de la musique, de la danse ou du théâtre, n’échappera pas à ces mesures.  » Il s’agit probablement de la plus grande déception de ma vie, avoue-t-il. Mais il faut continuer à avancer. Nous bénéficions d’un bâtiment magnifique… mais totalement détérioré. Grâce aux près de 400 bénévoles, nous nous sommes attaqués à l’intérieur. Mais l’extérieur est tellement endommagé qu’on peut passer son poing à travers le toit. Au total, nous bénéficions jusqu’à présent de 700 000 euros de subsides annuels mais ce n’est même pas suffisant pour payer nos vingt-deux employés.  » Le sponsoring et les dons représentent, eux, environ 6 % des revenus de l’institution.  » En début d’année, j’ai eu l’idée de trouver cent entreprises et particuliers prêts à verser chacun 1 000 euros par an pendant trois ans pour alimenter notre fonds de rénovation, explique le responsable de l’endroit. Nous avons jusqu’à présent réussi à en convaincre quatre-vingt-trois. Certains jours, j’ai le sentiment de ne rien faire d’autre que chercher de l’argent !  » Une démarche des plus louables quand on sait que De Roma participe à la revitalisation de tout ce quartier d’Anvers.  » La Turnhoutsebaan à Borgerhout a longtemps été un objet de honte dans la ville et ce lieu culturel a sans conteste contribué à améliorer son image : 152 000 visiteurs par an, ça fait beaucoup de monde dans la rue. Et puisque le public souhaite souvent se restaurer ou boire un verre avant ou après un événement, des adresses comme le Café Mombasa et le Bistrot Miro ont vu le jour sur la Moorkensplein « , se réjouit Paul.

Les 15 et 16 mai derniers, De Roma fêtait les 10 ans de sa seconde vie, avec des concerts exceptionnels. Puisse la prochaine décennie être aussi productive… et apporter le nouveau toit que cette salle mérite !

De Roma, 327, Turnhoutsebaan, à 2140 Borgerhout. Tél. : 03 292 97 40. www.deroma.be

PAR LINDA ASSELBERGS / PHOTOS : DIEGO FRANSSENS

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