Autrefois à la tête de la galerie parisienne Slott, qui éditait du mobilier contemporain, Paola Bjäringer exerce aujourd’hui des fonctions à mi-chemin entre la décoration et le conseil en design. Elégant, moderne et lumineux, son appartement est la vitrine de sa philosophie de vie.

Elle a fondé et dirigé une galerie dédiée au mobilier contemporain. Aujourd’hui, elle travaille comme décoratrice, conseille ses clients pour l’achat d’oeuvres d’art et leur propose des meubles et objets qu’elle édite en séries limitées. Son atout principal pour toutes ces activités ? Le talent d’aider les autres… à exprimer leur talent. Donc, de les pousser à se dépasser, à devenir meilleurs et plus originaux. En somme, elle est entraîneur – au sens sportif du mot -, animatrice, chef de groupe. Et les membres de son équipe s’appellent Matali Crasset, Arik Levy, Mathieu Lehanneur, Florence Jaffrain, Sara Szyber, Andrea Knecht, Pupsam (Thomas Libé et David Puel) – soit une brochette de designers de renom – mais aussi Grégory Abou, Frédérique Barraja, Geoffroy de Boismenu – tous photographes… Français, israéliens, suédois, brésilien, ils font partie de la jeune garde des créateurs et artistes du XXIe siècle, la plus prometteuse. Quant à elle, Paola Bjäringer, elle s’est fixé un objectif : faire gagner ces futurs grands, en quelque sorte.

D’autant que, dans la vie, elle a un autre moteur : l’amour. Elle aime tout ce qui a trait à ce sentiment, sous toutes ses formes, à commencer par celui qu’elle voue à ses deux enfants, âgés de 3 ans et 3 mois. Elle apprécie tout ce qui pousse les êtres les uns vers les autres, provoque des sentiments profonds, entretient le désir. Pour sa première ligne design, elle a ainsi confié à quelques femmes le soin d’imaginer des  » lovetoys « , érotiques et pudiques à la fois : le cahier des charges, pour ces  » objets d’amour « , précisait que les pièces ne devaient pas être simplement identifiables… Un ensemble de meubles – confiés cette fois-ci à des femmes et à des hommes – fut, lui, baptisé de façon très suggestive Préliminaires. Tout un programme.

DE SOLIDES RACINES

C’est sur la rive gauche de la Seine, à Paris, du côté de Saint-Germain-des-Prés, que cette touche-à-tout au grand coeur a élu domicile, dans un appartement de 140 m2 qui résume bien sa manière d’aborder l’existence. Quand elle a entrepris de l’aménager, tout était à refaire. C’est pourquoi la conceptrice a décidé de repenser l’ensemble : la disposition des pièces, les matériaux et bien sûr l’ameublement. Dans ce chantier, la maîtresse des lieux a été assistée de l’architecte Joseph Caspari et de l’agence Villanova (architecture d’intérieure), équipe qui, en collaboration avec Paola, avait déjà réalisé ses deux loft-galeries à Paris, l’un près de la gare de l’Est, en 2010, l’autre rue de Turbigo en 2012.  » J’aime bien l’idée d’un global design, confie Joseph Caspari. J’apprécie que l’architecture, l’aménagement et le mobilier ne fassent qu’un…  »

En plus des pièces privées – chambres et salles de bains des parents et des enfants -, l’habitation comprend un grand salon, ouvert sur une petite terrasse, un vaste espace où sont réunies cuisine et salle à manger, ainsi qu’un bureau. Le tout bénéficie de hauts plafonds et d’un plancher Versailles rappelant un hôtel de maître du XVIIIe siècle. Mais le projet se veut aussi contemporain, les pièces s’ouvrant les unes sur les autres pour permettre à la lumière, comme aux personnes, de circuler librement.  » Tout concevoir ou redessiner de A à Z fut une entreprise enthousiasmante, d’autant que j’ai pu y exprimer mes appartenances culturelles multiples « , affirme la propriétaire qui cumule des origines suédoises, une éducation française, des études londoniennes et une famille exploitant des vignes en Catalogne.  » Des racines profondes, c’est la condition pour toucher le ciel « , se plaît-elle à rappeler.

COLLECTION DE PROTOTYPES

Pour aménager ces beaux espaces et pour les meubler, la créatrice a donc mis en oeuvre sa conviction qu’à l’image de l’architecture, les meubles doivent se situer à la frontière entre le design et l’art. Pour elle,  » un objet, s’il doit être beau, doit en même temps être « désacralisé », accessible, fonctionnel « . Principe qu’elle a d’abord appliqué aux matériaux – chêne au sol, marbre dans les salles de bains… Son appartement est ainsi devenu une vitrine de sa philosophie de vie, mais également des productions – surprenantes, inattendues, drôles – des concepteurs dont elle édite les oeuvres. Chez elle, beaucoup de pièces sont des prototypes, qu’elle mettra peut-être un jour sur le marché… On citera par exemple la Chambre de Frida, conçue par Matali Crasset. Ce meuble évolutif sert à la fois de lit, de rangement et d’espace de jeux. Il s’adapte à l’âge de l’enfant et n’encombre pas les petites surfaces… Ou encore les luminaires d’Arik Levy, qui tout en étant sculpturaux assument leur rôle de  » simples lampes  » destinées à éclairer correctement le logement…

Finalement, si la galerie d’exposition Slott, qu’elle avait mise sur pied et animée, n’existe plus, son esprit demeure. Devenue décoratrice d’intérieur, ensemblière comme on disait autrefois, Paola Bjäringer n’a rien perdu de son talent : tirer des créateurs – ou des lieux – ce qu’ils ont de meilleur.

www.paolabjaringer.com

PAR LUXPRODUCTIONS – Texte : Robert Colonna d’Istria

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content