Faites le test : lancer le mot design dans un dîner en ville n’est jamais anodin. Première salve de réactions envisageables :  » J’adooore, j’ai d’ailleurs refait toute ma déco dans un style très design.  » Ce qui non seulement a aussi peu de sens que  » Je me suis offert une nouvelle garde-robe dans un style très mode  » mais a en plus le don d’agacer prodigieusement les maîtres de la discipline, qui estiment à juste titre qu’il y a autant de styles que de designers (ou de créateurs de mode). Le deuxième champ de répliques possibles, plus difficile à résumer en une phrase, n’est pas moins réducteur. Si on compile tous les a priori négatifs qui lui collent au siège, le design serait une sorte de sous-discipline artistique, située en dehors des enjeux sociétaux, réservée à une élite économique évoluant en vase (de préférence un exemplaire unique) clos, détestant aujourd’hui ce qu’elle portait aux nues hier et ne jurant que par les Mies van der Rohe ou autres figures emblématiques. Autant de postulats biaisés, tout juste bons à faire du petit bois. Démonstration en quatre temps, pour briller mieux que du Baccarat lors de vos prochaines soirées mondaines.

 » Le design est déconnecté de la réalité.  » N’importe quoi ! À l’heure où le recyclage tient moins de la prise de tête (l’opercule de mon yaourt, sac bleu ou sac blanc ?) que de la trendy attitude, une nouvelle génération récupère le rebut de notre société de surconsommation pour en faire des meubles à haute valeur ajoutée, de la chaise en vieux vêtements sanglés, signée Tejo Remy, à celle réalisée par Emeco à partir de bouteilles de Coca usagées ( lire en pages 38 à 40).  » Le design est un luxe.  » Faux : Charles Kaisin, designer belge réputé mais pas snob, vous propose son pouf Bee® ( lire en pages 6 et 7) en édition limitée mais pas hors de prix.  » Le design est éphémère.  » C’est oublier les pièces iconiques, celles qui ont traversé les époques et sont aujourd’hui rééditées tant la demande est forte. On pense notamment au Lounge Chair des Eames, qui n’a pas pris une ride depuis sa conception en 1956 ( voir www.levifweekend.be).  » Le design ne valorise que ses grands maîtres.  » Non, pas seulement. Les petits jeunes, pour autant qu’ils aient du talent, ont toute leur place dans ces raouts incontournables que sont les Salons du meuble de Milan et de Paris ou la Biennale du Design de Courtrai. Bram Boo, notre Designer de l’année 2010, en sera ( lire en pages 20 à 24).

CQFD (pour  » clichés qu’il fallait démonter « ).

Delphine Kindermans – Rédactrice en chef

Pour briller mieux que du Baccarat.

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