En Grande-Bretagne, le Sudoku fait rage. L’air de rien, cette version mathématique des bons vieux mots croisés annonce peut-être l’avènement du chiffre dans toute sa splendeur.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

Bien sûr, il y a toujours le football et la fille dénudée en pleine page 3 du  » Sun « . Mais depuis quelques semaines, la presse britannique s’est prise de passion pour un étonnant jeu de réflexion qui envoûte les lecteurs d’outre-Manche : le Sudoku que l’on pourrait traduire en français par chiffre simple ou chiffre unique selon les versions. Dans le métro londonien, les navetteurs semblent d’ailleurs absorbés par cette nouvelle drogue intello. Ils mâchonnent leur Bic, plissent les sourcils, lèvent les yeux au plafond et esquissent un sourire béat lorsqu’ils trouvent un début de solution au c£ur de cette grille bizarre. Ici, pas de mots à écrire ni de lettres à trouver : toute l’originalité du jeu repose sur un alignement audacieux de chiffres arabes à l’exception du 0. Concrètement, le joueur doit compléter une grille de neuf cases sur neuf de telle manière à ce qu’aucun chiffre de 1 à 9 n’apparaisse deux fois dans la même ligne ou la même colonne. Pour corser le tout, cette grille de 81 cases au total est elle-même divisée en neuf carrés identiques de neuf cases chacun où, là aussi, les neuf chiffres ne doivent apparaître qu’une seule fois. De quoi devenir fou, vous l’aurez compris ! Pour visualiser le problème déclinable à souhait, un petit tour sur www.sudoku.com s’impose. Généralement, la résolution d’un problème prend, en moyenne, dix à trente minutes selon la logique et l’expérience de chacun. Idéal pour le métro. Lancé par  » The Times  » en novembre dernier, ce sport cérébral s’est rapidement répandu dans toute la presse britannique, du journal le plus populaire au quotidien le plus sérieux, à un point tel qu’une majorité de titres offre aujourd’hui un rendez-vous chiffré quotidien aux lecteurs. Mais pourquoi donc cet engouement étonnant chez les sujets de sa Gracieuse Majesté ? Certes, la simplicité des règles pourrait être un élément de réponse, mais au-delà de cet argument somme toute léger, le mystère reste entier. D’autant plus que cette  » Sudokumania  » n’a toujours pas traversé la Manche. Jusqu’à ce jour, aucun éditeur de journaux belges (pas plus que les Français d’ailleurs) ne s’est en effet risqué dans cette grande aventure logique. Peur des chiffres ? Différence de culture ? Pourtant, ce jeu de patience trouve ses origines, malgré son nom oriental, sur le Vieux Continent grâce à un mathématicien suisse qui élabora les premiers  » carrés latins  » au xviiie siècle. Redécouvertes par un éditeur japonais dans les années 1980, ces drôles de grilles se complexifièrent et prirent alors le nom de Sudoku pour débarquer finalement en Grande-Bretagne. D’abord dans la presse écrite, ensuite à la radio (la vénérable BBC dicte aussi ses grilles !) et enfin sur les réseaux de téléphonie mobile ! Alors, effet de mode passager ou indice révélateur d’une véritable tendance de fond dans l’univers des jeux ? Il est peut-être temps de se tourner vers la numérologie pour connaître la réponse…

Frédéric Brébant

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