Deux cubes qui s’ouvrent sur la forêt : cette maison en béton étonne par son minimalisme extrême… et séduit par son grand souci d’harmonie avec la nature environnante. L’architecte Marc Corbiau signe ici un véritable manifeste de son art.

Le site est exceptionnel. C’est l’un de ces lieux privilégiés qui, à deux pas de Bruxelles, flirtent avec la forêt de Soignes et ses cathédrales de hêtres. Le terrain est vallonné, donnant parfois au promeneur le sentiment de côtoyer la cime des arbres. La maison, elle, surprend par son caractère brut et le choix de son matériau : un béton uni et à peine lissé. Son style est le fruit d’une longue concertation entre le propriétaire et l’architecte Marc Corbiau. Leur souci commun : l’épurement de la ligne et des formes.

Il faut se rendre à l’arrière de l’immeuble, côté forêt, pour apprécier pleinement le jeu des volumes auquel l’architecte s’est livré, par l’imbrication de deux parallélépipèdes réguliers. Unis, ils forment un seul et même espace intérieur, en connexion avec l’extérieur via une séquence de grandes baies vitrées.  » Je voulais largement ouvrir la maison sur ce superbe environnement naturel, explique Marc Corbiau : la forêt feuillue et ses arbres colossaux. Les deux cubes m’ont permis de déployer le bâtiment et de faire entrer massivement la lumière dans presque toutes les pièces.  »

L’aménagement intérieur se signale lui aussi par une extrême sobriété.  » Les intentions minimalistes du maître de l’ouvrage étaient clairement affirmées, souligne l’architecte. Comme s’il entendait prouver qu’à notre époque la décoration n’avait plus d’utilité. Pendant deux ans, nous n’avons cessé de remettre le projet sur le métier. D’étape en étape, nous avons épuré, dégraissé, pour ne garder que l’essentiel.  »

Dans le hall d’entrée, le visiteur est accueilli par une £uvre de Gilbert & George et aussitôt son regard est attiré par les dimensions majestueuses de l’espace de vie qui englobe à la fois le salon, la salle à manger et la cuisine : elles se veulent une  » réponse  » aux gigantesques hêtres. Le mobilier a été conçu sur mesure, comme le bar central et fixe de la cuisine, la table de la salle à manger ou les canapés du salon. Mais l’ameublement compte également quelques pièces de collection : tabourets de Christian Liaigre, chaises de Alvaro Aalto, tables basses de Jules Wabbes, fauteuil de Charles et Ray Eames. Des rondins sont empilés à côté du feu ouvert… et, dans ce coin intime, l’on remarque aussi un des tableaux méticuleusement choisis par le propriétaire : il est signé Ed Ruscha.

La maison est dotée d’une piscine offrant au nageur une vue panoramique sur la nature. A l’étage, la chambre principale s’inscrit bel et bien dans la logique minimaliste du propriétaire. Le lit semble s’effacer devant une peinture vivifiante de Pia Fries. Quant au fauteuil mythique d’Arne Jacobsen, l’Egg Chair, il contemple l’immensité de verdure savamment  » cadrée  » par deux grandes baies. C’est toutefois la salle de bains annexe qui force l’admiration. Grâce à un traitement spécifique, le béton de la baignoire et de la tablette des éviers est presque éblouissant. Et ces effets grisés mettent en lumière l’extraordinaire £uvre de Wim Delvoye, issue de sa série de baisers radiographiques. Superbe !

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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