Barbara Witkowska Journaliste

Un regard de star en un clin d’oeil, c’est le coup de bluff des mascaras. Plus sophistiquées et toujours mieux élaborées, les nouvelles formules gainent, traitent et allongent les cils.

Le saviez-vous ? Le mascara reste le produit de maquillage le plus complexe à mettre au point. Pour qu’il soit performant, il faut arriver à l’équilibre parfait entre l’outil (brosse et essoreur) et la formule. Or chaque catégorie de mascara (épaississant, allongeant ou recourbant) nécessite des formules particulières, des brosses adaptées et autant d’essoreurs. Un véritable casse-tête pour les fabricants ! Il faut parfois des années pour développer un mascara, sans oublier des mois de tests et d’essais draconiens en tout genre (tenue, innocuité, tolérance), avant son lancement sur le marché.

Les premiers mascaras, formulés avec des cires et des résines, collaient les cils et les chargeaient de « paquets ». Puis sont apparues les émulsions, plus ou moins fluides. L’arrivée, dans les années 1980, des polymères, a marqué une véritable révolution. Ces grosses molécules en chaîne (dont la kératine, mais aussi des polymères de synthèse) ont tout de suite apporté un effet gainant, réparateur, avec de la souplesse sans effet collant. Les polymères des générations suivantes ont encore gagné en performance. Les cils avaient plus de corps, on pouvait les allonger et les séparer. Enfin, les spécialistes ont planché sur le volume. Les xéramides, les céramides et autres grosses molécules lipidiques se sont avérées d’une grande efficacité, grâce à leur action de « surfaçage » et de « recimentage » des écailles du cil. La dernière prouesse ? Les gommes épaississantes, véritables mini-éponges qui font « lever » les formules comme de la levure d’un gâteau.

Mais une formule ne peut réussir vraiment que si elle est associée à une brosse adéquate. Selon certains spécialistes, et notamment Olivier Echaudemaison, directeur artistique de Guerlain,  » un bon mascara, c’est d’abord une bonne brosse « .  » Lors de la mise au point de notre nouveau mascara, souligne Lieve Bosmans, formatrice Guerlain Belgique, Olivier Echaudemaison souhaitait un mascara parfait au niveau de la brosse. Celle-ci, élaborée d’après les technologies les plus pointues, se compose à 50 % de fibres creuses ou souples. Elles vont gainer et peigner les cils. Les autres fibres sont pleines, donc plus fermes. Leur but est de séparer les cils. La brosse permet, ainsi, selon la définition d’Olivier Echaudemaison, un véritable brushing des cils.  » La formule est également high-tech. Elle contient des polymères filmogènes qui gainent et donnent du volume, ainsi que des gommes arabiques qui garantissent une adhérence optimale de la texture aux cils. Sans oublier un cocktail de cires (paraffine, carnauba et abeille) qui apportent de la douceur et de la souplesse.

Christian Dior s’est penché sur un mascara allongeant, finesse, souplesse et brillance en plus.  » Cet allongement maximal a pu être obtenu grâce à la synergie de trois facteurs : la texture, la couleur et la brosse « , affirme Sylvie Coussement, make-up artist chez Parfums Christian Dior Belgique. La texture, d’abord. Commençons par une comparaison des cils avec les cheveux. La tige capillaire est recouverte d’écailles. Lorsque les cheveux sont abîmés, les écailles s’ouvrent, les cheveux sont fourchus. Le même phénomène se rencontre au niveau des cils. Lorsque ceux-ci sont abîmés, ils empêchent la texture de bien s’étaler sur les cils.  » La formule contient donc des polymères filmogènes qui referment les écailles, signale Syvie Coussement. De plus, la présence de céramides nourrissants empêche l’ouverture des écailles, tandis que la gomme laque, à base de polymères, apporte de l’élasticité et accélère le séchage du mascara.  » Pour obtenir un allongement par la couleur, on a joué sur un effet optique. Des pigments interférentiels, caractérisés par un très haut pouvoir de la réflexion de la lumière, créent un effet d’allongement maximal. Ce résultat est optimalisé par le choix des faux noirs, des noirs colorés aux reflets irisés. La brosse est celle utilisée déjà pour le mascara Fascination, lancé il y a quelques années. Les tests ont démontré que les consommatrices la plébiscitent toujours…

Avec son nouveau mascara, Lancôme invente le volume… panoramique. La technologie Ampliflex fait appel à des cires conditionnantes naturelles. Les cires de jojoba et de riz épaississent au maximum et la cire d’abeille apporte de la douceur. Il y a aussi un agent plastifiant, qui permet une répartition uniforme et homogène de la formule sur chaque cil. La technologie Ampliflex comprend également des cires végétales de carnauba et de candellila ainsi que des polymères filmogènes. Ce cocktail enrobe chaque cil d’un film tenseur à séchage rapide. Les cils sont bien séparés, recourbés et gardent cette jolie forme pendant de longues heures. La brosse ? Aussi innovante. Les poils-réservoirs, épais et assez durs, spécialement adaptés à la formule, contrôlent la quantité à déposer sur les cils. Ni trop ni trop peu. De plus, leur structure inversée à celle des cils, oblige ces derniers, automatiquement et naturellement, à se séparer et s’étirer un à un.

Le matin, on aime les cils discrètement maquillés. Le soir, on a envie d’un regard plus  » chargé  » et plus sophistiqué. Le mascara qui module l’intensité du maquillage existe désormais et il est signé Helena Rubinstein. Sa formule onctueuse, enrichie de cires naturelles gainantes permet de superposer, au fil des heures, plusieurs couches successives, laissant le cil parfaitement souple après chaque passage. Composée de poils torsadés, contenant des micro-réservoirs, la brosse recouvre chaque cil, de la racine à la pointe, d’une quantité égale de produit.

Envie d’un oeil de biche ? Le nouveau mascara d’Yves Saint Laurent assure des cils interminables. La technologie est empruntée aux fibres de l’industrie textile. Des particules de Nylon, par exemple, augmentent le diamètre du cil de façon mécanique. Le polymère polyester assouplit les cils et les gaines de la racine à la pointe. Un polymère de vinyle sert de film fixateur et fixe les pigments colorés à la surface du cil. Tout ce cocktail high-tech donne au regard un aspect très star. Des vitamines et des extraits d’algue brune assurent, eux, protection, lissage et flexibilité.

Les céramides sont des actifs vedettes de la technologie capillaire, car ils ont des propriétés épaississantes et protectrices. Ils ont donc été incorporés dans le nouveau mascara Maybelline. La formule est également enrichie en vitamine E. Les cils, bien nourris, sont souples et doux au toucher. Ils paraissent plus denses, plus lisses et plus brillants. Une fois de plus, la brosse se distingue par plusieurs atouts. Elle est composée de poils longs à implantation croisée. Cette structure permet d' »attraper » tous les cils, même les plus petits, qui se cachent au coin interne de l’oeil. De plus, les poils sont implantés à intervalles irréguliers. Les poils les plus espacés déposent la texture sur les cils. Puis entrent en action les poils plus resserrés, en agissant comme un peigne. Le mascara est réparti d’une façon homogène, sans laisser de miettes ni de paquets.

Barbara Witkowska

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