Oubliez couteaux, bannissez fourchettes. L’ère du  » finger food  » s’installe durablement dans nos mours culinaires.

Retrouver Fréderic Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

« Dis, chou-houuu, on ferait quoi pour les amis, samedi ?  » Du calme. Respirez un bon coup. Pas la peine de vous torturer à imaginer le trio  » entrée-plat-dessert  » idéal dans votre belle vaisselle en porcelaine. Vous n’y êtes pas du tout. Aujourd’hui, la tendance en matière de convivialité gastronomique n’a rien à voir avec les sempiternelles terrines et autres plats mijotés. Au contraire, la référence serait plutôt la multiplication de tapas bien sentis et de mini-plats à déguster sans couverts ni chichis. Exemples ? Facile ! Tomates-cerises à la mozzarella, roulades de saumon au fromage persillé, ailes de poulet farcies au curry, pinces de crabe décortiquées au citron vert, petits feuilletés au foie gras, sushis improvisés, etc. Bref, fini le repas en trois ou quatre actes interminables ; vive la soirée aux saveurs multiples rassemblées en un seul et même service et que l’on explore du bout des doigts ! C’est facile, c’est moins cher et ça peut étonner gros. Installée depuis peu à domicile, cette tendance du  » finger food  » est déjà bien présente dans le secteur horeca, version évidemment branchée. Pour preuve, la rue Antoine Dansaert (l’artère la plus hype de Bruxelles) a accueilli récemment en son sein un restaurant baptisé  » comocomo  » ( photo). Sur la vitrine, le slogan est univoque :  » Use your fingers  » ( » Utilisez vos doigts « ). A l’intérieur, point de couteaux ni fourchettes, mais un long tapis roulant de 80 mètres de longueur serpentant dans un décor super-design et où défilent allègrement une flopée de mini-plats basques baptisés pintxos (www.comocomo.com). On observe. On se sert. On mange avec les mains. Sympa. Pourquoi cette tendance ? Les avis sont partagés. Si l’on croit les partisans d’une certaine culture new age, l’homme exprimerait de cette façon l’envie d’un réel retour aux sources. Une façon de redécouvrir la nourriture de manière tactile, en quelque sorte. Autrement dit, l’homo  » modernus  » retrouverait ainsi le Cro-Magnon profondément enfoui en lui pour mieux communier avec Dame Nature. Mouais. En examinant le phénomène de plus près comme vient de le faire un institut britannique respectable, on constate plutôt que nos habitudes alimentaires ont été complètement bouleversées ces trois dernières décades. La génération fast-food a en effet triomphé, entraînant dans son sillage une nouvelle façon d’aborder les repas. Désormais, la nourriture se veut de plus en plus  » mobile  » et les en-cas réellement dégustés sur le pouce se multiplient comme des petits pains. Mais ce n’est pas tout. Depuis quelques années aussi, le zapping s’est ancré dans notre quotidien et a fini par déboucher sur une culture propre qui dépasse le cadre strictement télévisuel. Aujourd’hui, on zappe tout et n’importe quoi : les émissions de radio, les modes vestimentaires, voire même les relations amoureuses. Après toutes ces chaînes télé accessibles du bout des doigts, il était donc attendu que la gastronomie passe aussi, un jour, par ce phénomène de picorement tactile…

Frédéric Brébant

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