Son regard bleu perçant et sa pièce de théâtre (Elle t’attend) siéent bien aux pensées profondes de Florian Zeller.

Qu’exprimez-vous au théâtre ?

Mes pièces me ressemblent d’avantage que mes romans. Comme j’écris pour des acteurs, je procède à une écriture plus généreuse. Elle correspond au langage de mon inconscient, alors je ne découvre qu’après que je portais une histoire en moi. C’est très troublant.

Pourquoi aimez-vous diriger les comédiens ?

J’aime les acteurs. Avant, j’aimais tellement le texte que j’ai mis du temps à saisir les enjeux et la grâce de l’incarnation. Les acteurs font partie de la race des gens bizarres. Ils ont un rapport fragile à l’existence et à l’enfance. En jouant, ils se délivrent des angoisses de la vie.

Vivre avec l’actrice Marine Delterme vous aide-t-il

à mieux les saisir ?

Marine est aussi un sculpteur dans l’âme et dans le quotidien. Je l’ai rencontrée par ce biais-là. Aujourd’hui, elle est une muse malgré moi.

Que feriez-vous de plus beau par amour ?

Un enfant.

Que n’avez-vous pas osé faire par amour ?

Je suis plutôt entier. La force, je la perçois chez les personnes âgées, qui sont toujours ensemble. C’est si modeste de pouvoir partager le sentiment d’être mortel. La beauté vient de cette humilité à vivre à deux.

Qu’attendez-vous de la vie ?

Je ne sais pasà je préfère ne pas me projeter.

Et de vous-même ?

J’espère continuer à écrire en ressemblant d’avantage à ce que j’aimerais écrire.

Votre plus longue attente.

L’attente du début de la vie, à l’adolescence. En envoyant mon premier roman, j’ai ressenti une attente paniquée. Il n’y avait plus de place pour autre chose dans ma tête !

L’attente, espoir ou malheur ?

L’espoir peut être synonyme de malheur, car on peut s’exposer à la déception. Le point de départ de cette pièce a été la lecture de L’Odyssée, où une femme attend un homme qui ne vient pas. Cela m’a émuà

Vous aimez-vous ?

Je me réconcilie avec le réconciliable et je me bats avec ce qui n’est pas intéressant.

Votre look.

Malgré sa superficialité, j’attache beaucoup d’importance à mon apparence et à celle des autres, parce que c’est révélateur. Ce qui m’intéresse c’est un regard, un goût.

Votre coiffure a fait couler beaucoup d’encreà

C’est de la négligence, je me réveille comme ça.

Pourquoi le bonheur ne vous inspire-t-il pas ?

Il n’a jamais inspiré personne. Le bonheur se vit ou se recherche. Il correspond à une sorte d’apaisement. Le vrai bonheur étant inatteignable, nous n’en connaissons qu’un fragment, une version faiblarde. Je préfère la quête de création. A travers mes pièces et mes romans, j’aimerais continuer à explorer cet espace puissant.

Elle t’attend , par Florian Zeller, éd. Flammarion, 155 p.

Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

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