Largué par sa copine, un jeune geek de Harvard bricole dans son coin un site qui recense les plus jolies filles du campus. Il réserve le nom thefacebook.com en février 2004 et la rumeur se charge du reste… Le réseau fait de Mark Zuckerberg, son inventeur, la star du campus et ne tarde pas à s’étendre à d’autres universités, des colleges huppés de l’Ivy League aux écoles de la région de Boston, avant de prendre d’assaut le pays entier. Moins de six mois après ses débuts, Facebook établit son siège à Palo Alto, se développe depuis la Silicon Valley et s’ouvre sur le monde.

Simple annuaire en ligne au départ, Facebook dépasse le stade du trombinoscope et intègre intelligemment une gamme de services (messagerie en ligne, partage d’images et de vidéos) dont les jeunes utilisateurs deviennent rapidement accro. Le réseau social jouit d’une popularité incomparable auprès des adolescents, reléguant ses anciens rivaux comme MySpace ou Hi5 aux oubliettes de l’histoire du Net, tout en poursuivant son expansion auprès d’un public plus âgé. Amis, famille, collègues, plus personne n’échappe au phénomène, qui agit comme le miroir virtuel de notre société, et génère d’innombrables discussions enflammées entre adeptes et détracteurs. Alors que les premiers vantent son efficacité et sa convivialité, les seconds l’accusent de servir un culte néfaste de la personnalité, raillent la vacuité de ses échanges numériques et son culte du like, voire sa politique de confidentialité ou sa frilosité générale vis-à-vis de la censure.

L’engouement est proportionnel au déferlement de critiques auxquelles le réseau social doit faire face. Ce qui n’empêche pas sa fréquentation de tutoyer les sommets. Des marques et célébrités privilégient leur page Facebook au détriment de leur site officiel, jamais un réseau social n’avait à ce point réussi à s’immiscer dans notre vie de tous les jours. Pour certains, Facebook va jusqu’à remettre en question toute la notion d’amitié, alors que son jeune fondateur milliardaire s’embrouille lui-même avec ses anciens associés. Riche en ressorts dramatiques, The Social Network (photo : Mark Zuckerberg incarné par Jesse Eisenberg), l’adaptation de la success-story par David Fincher (Seven, Fight Club) remportera la bagatelle de trois Oscars et quatre Golden Globes. Gadget narcissique dont la mort fut maintes fois annoncée, symbole de la déliquescence des relations interpersonnelles, ennemi numéro un de la productivité au boulot ou outil indispensable à une vie sociale moderne et connectée, Facebook est aujourd’hui traduit en 78 langues et compte près d’un milliard de membres actifs, qui font de lui le deuxième site le plus visité après Google.

M.N.

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