Installé dans le sud de la France, le champion limbourgeois qui roule pour Peugeot est l’un des favoris du Belgium Ypres Westhoek Rally 2009, qui a commencé hier pour se terminer ce samedi 20 juin. Mais concentré et réservé, le lion des Flandres n’est pas du genre à rugir son plaisir.

A quoi ressemble un champion de rallye ? De loin, à un nuage de fumée qui se déplace à la vitesse de l’éclair, façon Bip-Bip dans le cartoon de Chuck Jones. A l’arrivée, dans un chemin inaccessible entre les hauteurs de Sainte-Maxime et Saint-Tropez, c’est Mad Max qui surgit. Un  » road runner  » serti dans le cockpit d’une Peugeot 207 super 2000 gonflée aux stéroïdes. Au milieu des vignes et des grillons, sous une tente rouge qui tient lieu de paddock, l’astéroïde de 280 chevaux se gare dans un ultime vrombissement. Freddy Loix, casque intégral et combinaison antifeu, s’extrait enfin de la carlingue. Moins impressionnant que sa monture, svelte, le visage cuivré par le soleil azuréen, il se dirige vers vous avec franchise et professionnalisme.

 » Bonjour, je suis Freddy.  » On lui demande si tout se passe bien.  » Oui. Aujourd’hui, on teste des nouvelles pièces de suspension.  » Spécialement mises au point par Peugeot pour la compétition ?  » Oui « , se contente d’affirmer le coureur automobile limbourgeois, en tête du classement IRC (Intercontinental Rallye Challenge), l’un des principaux championnats du genre.  » Ce qui est bien avec lui, c’est qu’il n’a pas la grosse tête « , lâche un ami du Sud, talkie à la main, venu sécuriser le périmètre.

Freddy le Belge est un voisin : quelques centaines de mètres seulement séparent la piste d’essai du jour de sa maison du Plan de la Tour, la commune varoise où se sont installés eux aussi Johnny Depp et Vanessa Paradis.  » Cela fait près de dix ans maintenant que je vis ici en famille. Les constructeurs auto ont toujours organisé leurs préparatifs dans la région, c’est très pratique pour moi, et puis il y a le climat…  » Rentre-t-il parfois au pays au volant de sa Mercedes ML ?  » Rarement.  » Ses enfants de 7 et 2 ans ont-ils pris l’accent de la garigue ?  » Presque. Quand il y a des gens, on parle toujours français. Mais à la maison, entre nous, c’est le néerlandais. « 

Depuis ses premières victoires en Lancia Delta comme pilote semi-professionnel à 20 ans, ce fils de garagiste qui a arrêté les études à 15 ans, a franchi une à une les étapes qui en font aujourd’hui un habitué des podiums. Vice-champion IRC en 2007, il a fini cette année deuxième au rallye de Monte-Carlo, la première des douze manches qui le mènent à Ypres, ce 20 juin, puis en Russie, en Italie, au Japon ou en Ecosse.  » A 38 ans, je fais partie des pilotes les plus vieux mais physiquement, je m’entretiens « , se défend-il. Quand je ne roule pas, je fais du VTT ou de l’enduro. J’ai besoin de me dépenser et de garder mes réflexes.  » Avec des pointes à 180 km/h dans des chemins de terre, la moindre inattention peut s’avérer fatale en compétition. Après Toyota, Mitsubishi ou Volkswagen, c’est pour Peugeot que court désormais le Flamand. Il mesure sa chance.  » Les constructeurs sont de plus en plus réticents à financer la compétition. On ne sait jamais si d’une année à l’autre cela va continuer.  » Question de retour sur investissement. Outre le salaire des deux champions qui roulent sous sa bannière – Freddy Loix et le Français Nicolas Vouilloz -, l’importateur belgo-luxembourgeois de la marque au lion rémunère Kronos Racing, l’écurie privée namuroise qui développe et exploite les véhicules Peugeot pour la compétition. Bilan de l’ardoise ?  » L’équivalent d’une grosse campagne de publicité « , se contente-t-on dire chez le constructeur.  » L’âge d’or où les pilotes gagnaient beaucoup d’argent est finie « , poursuit le champion. Et en dépit d’une carrosserie et d’une combinaison criblées de logos,  » depuis quelques années, les sponsors se font plus rares ou moins généreux « . Au moment où son agent irlandais a pris sa retraite en 2005, le pilote belge a d’ailleurs décidé de se passer d’intermédiaires.  » Après vingt ans de métier, j’ai eu le temps de comprendre les règles du marché « , lâche-t-il entre deux gorgées d’un breuvage verdâtre….  » Une boisson énergétique, pour ne pas se déshydrater.  » Qui figure en toutes lettres sur son site Internet.

Antoine Moreno

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