Avec son style bien à elle, la Bruxelloise Nathalie Didden marche sur les traces de son père. Presque vingt ans qu’elle est, comme lui, marchande de tapis, qu’elle aime ça. Et qu’elle a fait du sur-mesure haut de gamme sa priorité.

Elle est aussi brune que son père Léon est blond. Des yeux marron, qui tranchent eux aussi avec le bleu pur de son paternel. Seules ses attitudes témoignent d’une filiation. Et un même caractère, surtout. Elle le dit fichu, on pencherait plutôt pour vif, voire fort.  » On ne tergiverse pas, quitte à se tromper parfois, confie Nathalie Didden. On est également très sociables tous les deux, et on partage un goût pour les belles choses. Dans la famille, on dit toujours qu’il vaut mieux passer deux jours dans un grand hôtel que cinq dans un Formule 1.  »

Chez les Didden, on est marchand de tapis de père en fille(s). Pourtant, ado, Nathalie n’imaginait pas reprendre un jour l’affaire familiale.  » J’aurais signé de mon sang que, jamais au grand jamais, je ne travaillerais dans ce domaine ! Je rêvais d’être archéologue…  » Pas férue d’études, cette fille unique enchaîne les petits boulots, dès 18 ans. A nouveau, un air de déjà-vu : à 16 ans, Léon Didden se fait réprimander par son père douanier à Tour & Taxis, pour son manque d’assiduité à l’école. En guise de punition, il devra officier un temps comme garçon de courses chez Delhaize.  » Mais il était tellement gentil et futé qu’il a rapidement trouvé sa place et n’a plus voulu retourner étudier. Il s’est fait engager par un marchand de tapis d’Orient, avant de reprendre un magasin de moquettes, situé chaussée d’Ixelles, dans la capitale.  »

A son tour, Nathalie trace sa voie, loin des bancs des hautes écoles. Elle commence comme vendeuse dans un magasin de vêtements, s’essaie en tant qu’hôtesse – un jour, pour remettre une coupe lors d’un match de foot, le lendemain pour aider lors du lancement de la chaîne flamande VTM ; de quoi apprendre à toujours retomber sur ses pattes. Puis, se fait embaucher par le joaillier Tollet.  » C’est là que j’ai appris mon métier, en vendant tout autant une montre en plastique à 20 euros qu’une parure complète à 20 000 euros.  »

En juin 1994, son paternel lui fixe rendez-vous au n°66 de la rue Blaes, à Bruxelles, lui annonce qu’il a repris les lieux et souhaite qu’elle soit responsable de l’espace de vente. Les tapis, Nathalie Didden les côtoie depuis qu’elle est toute petite. Et à force de les toucher, sa main se dirige toujours vers les plus belles pièces. Le pari est donc aussi fou qu’évident.  » Au début, c’était l’horreur totale, on me coupait de mes habitudes. Mais une fois que l’on devient son propre patron, le défi est immense, même si mon père était intransigeant avec moi.  »

Reste à faire ses preuves, en tant que fille de, qui plus est dans un univers éminemment macho. Pas question de se fondre dans la masse, c’est en talons et robe qu’elle entreprend ses visites d’usine. La jeune femme fait l’apprentissage des matières, caractéristiques techniques et compositions. Et arrive progressivement à imprimer sa patte, avec de nouvelles couleurs et exclusivités, et, surtout, le développement du sur-mesure haut de gamme, qui séduit tout autant le Palais d’Egmont, l’Hôtel Le Bristol à Paris, de luxueux bateaux à Cannes ou les boutiques de Carine Gilson. L’imagination de Nathalie Didden n’a pas de limites, que ce soit pour la réalisation de tapis sur la base de dessins d’enfants ou plusieurs collaborations avec des artistes, comme Benjamin Spark ou, plus récemment, Julien Colombier.  » Plus c’est tordu, plus j’adore « , avoue-t-elle, tandis qu’elle enchaîne mille idées à la seconde. En témoigne l’anniversaire des 20 ans de Didden & Co, qu’elle prépare pour l’an prochain, avec un shooting de certains de ses clients. Soixante d’entre eux ont déjà dit oui. Des idées à la pelle, on vous disait. Papa Didden ne peut être que ravi. ?

PAR CATHERINE PLEECK

 » UN MÊME GOÛT POUR LES BELLES CHOSES.  »

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