Volubile, Leslie Bedos nous parle avec son cour. Après des nouvelles, elle nous livre ici un premier roman. Le thème ? Une mère un peu foutraque dont les failles rejaillissent sur sa fille. Ici pas de pathos, mais une douleur traitée avec pudeur, humour et tendresse.

Quel était votre rêve d’enfant ?

J’ai retrouvé un bulletin scolaire disant  » journaliste « . Malgré ma timidité, j’avais déjà une curiosité qui me poussait à poser des questions aux gens.

Que reste-t-il de cette fillette ?

Une vraie surprise face à la médiocrité des êtres qui trahissent. Étant incapable de faire semblant, je me fous des conventions qui représentent le mauvais côté des adultes. Je n’aime pas qu’on me déçoive, mais cela ne m’empêche pas de garder un certain enthousiasme. Si les gens me plaisent, je leur suis fidèle. Persuadée que tout est possible, j’inculque cela à mes enfants.

Que vous a transmis votre mère ?

Elle savait rendre la vie jolie. Tout comme elle, je peux être parfois très noire, mais ma mère avait le sens de l’ambiance, des beaux endroits et de la fête.

Être la fille de Guy Bedos, c’est…

Je n’ai pas vécu avec lui, mais il y a des ressemblances inexplicables. Lui aussi possède cet enthousiasme festif. À tous les âges de la vie, il a quelque chose d’un môme.

Écrire, dites-vous, c’est  » retrouver les souvenirs « …

J’ai écrit tardivement, mais les livres m’ont sauvée à une époque où je ne parlais à personne. L’écriture me ramène à la petite fille que j’étais, mais elle ne guérit de rien… C’est violent de s’enfermer en tête à tête avec soi-même. Dans ce roman, j’ai mis un dixième de mes névroses, or ça ne m’a pas fait du bien.

Qu’est-ce qui vous permet de tenir debout ?

Je dois avoir un problème d’équilibre, puisqu’en tant que gauchère, je fais des trucs à l’envers. Ma tribu constitue ma colonne vertébrale et mon talon d’Achille. Si elle se grippe, je perds mes bases, mais quand elle va bien, elle me donne des ailes.

Maternité rime avec…

Un rôle qui change constamment. Mes enfants ont 20 et 25 ans, alors je ne suis plus la même mère. Petits, j’avais peur de les casser, mais maintenant je suis fragilisée par ces jeunes adultes qui ont besoin de maman, tout en ayant la brutalité des adultes.

 » Je ne suis pas folle, juste un peu étrange.  » Quel est chez vous ce grain de folie ?

Je sens dans le regard des gens qu’ils me trouvent bizarre, alors autant faire un plus de ma différence. Étant inachevée, je dois les dérouter avec mon air d’inventeur fou qui vit dans son monde. Impossible de partager cette vie intérieure dense. Cette bulle décalée est mon grain de folie. Je suis facilement dépassée par les gens, le temps et la vie.

Le bonheur c’est…

Plein de moments plus au moins longs. Je suis chanceuse… Pour l’instant, c’est assez rond. Il y a une espèce d’harmonie dans ma vie. Lorsque je suis en vacances, avec ceux qui comptent pour moi, j’ai l’impression de trouver le bon rythme. Mon secret ? Du rire, du rire, du rire !

Tombée sur la tête, par Leslie Bedos, JC Lattès, 140 pages.

KERENN ELKAÏM

L’écriture me ramène à la petite fille que j’étais.

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