Christine Laurent
Christine Laurent Rédactrice en chef du Vif/L'Express

Un brin poseurs, ils ont le chic pour faire choc. Un zeste d’extra-vagance, du pep, une hardiesse tranquille. C’est que se tailler son propre look, le plus accrocheur, le plus singulier possible, demande une sacrée dose d’audace et d’imagination. Ces aficionados-là n’en manquent pas. Le corps en parure, ils mélangent ce qu’ils trouvent et surtout ce qui leur plaît. De véritables électrons libres qui méprisent les diktats modeux, prêts même à se lancer dans le home made, le do it yourself, le cousu ou le tricoté main. Une touche unique pour un individu imparfait, tel est leur nouveau credo. Marre du vêtement de masse, si luxueux soit-il. Vive l’exclusif, la série limitée, le sophistiqué, le novateur. Mode, beauté, le souffle de la révolte gagne placards et boudoirs. La customisation est en marche. C’est qu’il est devenu impératif, prioritaire d’offrir à son corps, lieu désormais privilégié de l’affirmation personnelle, des objets exceptionnels : fringues, bien sûr, mais aussi parfums, produits de beauté, maquillages. Oui, certes, à la mode mais sans pour autant sacrifier sa personnalité. On ne coupe pas le fil, on se retricote fil à fil son propre look. Une manière de rejeter la standardisation supposée de la société de consommation, d’exprimer au monde que l’on veut inventer sa propre vie, sa propre image, ses propres règles. Un mouvement bien vite épinglé par les stratèges du prêt-à-porter. Car il s’agit de rester crédible et opportuniste face à des consommateurs radicalement infidèles. De fil en aiguille, on multiplie les produits nouveaux, uniques, personnalisés. L’accessoire en série limitée fait fureur. On recycle, retaille, métisse. Les collections affichent des influences multiples, le sur-mesure explose, les commandes de pièces particulières aussi. Bref, on joue avec un maximum de dissonances pour offrir un maximum de silhouettes originales. Même les bas prix logotomisés sont touchés. Car pour se distinguer, on va jusqu’à mélanger le cher et le cheap and fun. Mais l’onde de choc présente, aussi, des avantages commerciaux étoffés. Grâce à la série limitée, fini le surstockage, le froufrou business respire. Chacun s’y trouve. Et si l’esprit rebelle de la rue oblige créateurs et grands noms de la couture et de la beauté à se démarquer, il caresse aussi le narcissisme exacerbé de la fashion victim.

Christine Laurent

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