Vous êtes devenu célèbre avec  » Jodelle  » et  » Pravda « , deux bandes dessinées pop art des années 1960. Puis est sorti  » Rock Dreams « , un livre de peintures/ collages paru en 1973, à la même époque que deux disques dont vous aviez dessiné les pochettes: « It’s Only Rock’n’Roll » des Rolling Stones et « Diamond Dogs » de David Bowie ! C’était pour vous une époque fastueuse?

Oh oui ! A Londres, la femme de Bowie, Angela, avait voulu acheter une de mes toiles chez Biba, un endroit invraisemblable où il y coulait littéralement des fontaines de champagne. Mais c’était déjà la fin d’une époque déjantée. Bowie avait entendu parler de moi par Amanda Lear qui était sa voisine.

Etait-ce une période où les drogues vous intéressaient ?

Je me souviens que l’éther allongeait les personnages (rires) mais pour moi, c’était déjà la fin de tout cela. J’avais été l’équivalent d’un adolescent du Milwaukee et c’était parfait. Les souvenirs du rock, à un certain âge, cela suffit. Aujourd’hui, la musique baroque me booste énormément ! J’ai fait la couverture du dernier disque de Willy De Ville tout en discutant chevaux (sourire).

Vous êtes revenu dans l’actualité avec  » Pravda « , icône utilisée sur la couverture d’un nouveau groupe – Playgroup – et qui sera déclinée par Castelbajac lors de sa prochaine collection !

Oui. La mode, la peinture, la musique qui se croisent: c’est bien, cela instaure le principe des vases communicants.

Vous semblez éternellement marqué par le roman-photo ! Et la façon outrée de mettre les personnages en scène?

Est-ce qu’on exagère vraiment ? Dans  » Rêves du XXe siècle « , je mets en scène Hitler qui fait dérailler le train électrique de Mussolini qui surgit dans la pièce. Partant d’une histoire vraie comme quoi Mussolini adorait les trains-jouets, on s’est dit qu’entre deux sales gosses, l’un a chipé le train de l’autre. Et puis, on peut aller plus loin. En voyant cette image, un ami m’a dit:  » Voilà Hitler qui invente les trains de la mort.  » C’est la plus belle gratification pour les solitaires comme nous: que nos images racontent quelque chose aux gens.

Les images de jeunesse marquent toujours: les chevaux de votre père, rentier à Ostende, font partie de cela.

Sans le dénigrer, je ne peux pas dire que j’ai eu un père. J’avais plutôt un monsieur qui gueulait de temps en temps quand je perturbais son calme. Je ne le critique pas: c’était un passionné de chevaux, mais secret et dur, très dur. Sans pour autant critiquer mes parents, je peux dire que je n’ai pas eu de famille. Je suis parti à 17 ans et je ne suis plus jamais revenu. J’ai eu la chance d’être très jeune quand la musique était très bonne.

Votre livre  » Rêves du XXe siècle  » va être réédité en format de luxe par la maison d’édition de Karl Lagerfeld…

Oui, j’ai été le premier surpris d’apprendre que Karl Lagerfeld aime mon travail et me le dise. A partir de là, les énergies ont convergé.

Propos recueillis par Philippe Cornet

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