L’artiste

Harry Holland est un peintre britannique né à Glasgow en 1941. Diplômé du Central Saint Martins College of Art and Design, à Londres, il vit et travaille à Cardiff, au pays de Galles. Cet artiste indifférent aux tendances lourdes du marché autant qu’aux avant-gardes contemporaines met son pinceau au service d’une peinture exclusivement figurative depuis la fin des années 70. Bien avant que les £uvres du très starifié (et non moins talentueux) Lucian Freud remettent la figuration sur le devant de la scène et affolent les salles de vente. Sans  » concéder à l’idéalisme « , pour citer l’historien de l’art Edward Lucie-Smith, c’est-à-dire sans épouser scolairement l’orthodoxie du néoclassicisme pompier comme on pourrait le penser à première (courte) vue, Harry Holland multiplie les références à la tradition picturale occidentale – qu’il connaît manifestement bien. Dans ses premières années, l’influence de Balthus est évidente, de même que celle du De Chirico période  » métaphysique  » à la faveur d’étranges natures mortes au parfum surréaliste. Depuis quelques années, Harry Holland détourne avec plus ou moins de bonheur les codes de la peinture académique, revisite des thèmes romantiques, goûte au mystère à la Paul Delvaux – on frôle donc parfois le kitsch. C’est dans ses portraits et ses nus intimistes de femmes issues des classes ouvrière et moyenne qu’il excelle à faire suer toute la mélancolie de notre époque.

L’expo

Maria Mineta montre le travail de Harry Holland depuis trente ans. Dans sa petite galerie bruxelloise, sise dans un bel immeuble proche des étangs d’Ixelles, on peut voir jusqu’au 30 avril une série d’£uvres récentes du peintre écossais. Les portraits de femme dominent cette sélection où l’érotisme latent le dispute à une atmosphère nimbée d’un silence ouaté, parfois pesant, souvent mystérieux. Gagnés par la solitude ( iPod), perdus dans la contemplation énigmatique d’une photographie ( Photo), abandonnés à leurs désirs et à leurs rêves, les modèles d’Harry Holland sont des jeunes filles d’aujourd’hui, bien réelles, qu’il a croisées dans son quartier. À cet égard, le climax de l’expo se situe au deuxième étage. On s’y trouve face à huit nus placés côte à côte. Il s’agit là encore de jeunes femmes connues de l’artiste (la gérante de la supérette du coin, la bibliothécaire de la municipalité…). Point d’effet Photoshop, le corps s’affirme dans toute sa réalité. Pas crue pour autant, juste fidèle. Les codes vestimentaires ne sont plus là pour signifier, pour tromper. Toute interprétation du spectateur repose dans le regard, dans la pose de ces jeunes femmes ramenées à égalité. Douceur, tristesse, agressivité, fierté, leurs yeux racontent pourtant déjà une histoire : on y voit les décors de films de Ken Loach, le menu quotidien d’une vie de province, la vie dans toute son effroyable banalité. Et c’est incroyablement émouvant.

Harry Holland : Recent Paintings, à la galerie Mineta Contemporary, 38, avenue Guillaume Macau, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 30 avril. Tél. : 02 512 27 26. www.minetafineart.com

Baudouin Galler

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