De Saint-Idesbald à Ecaussinnes, Jean Jauniaux s’amuse à revisiter notre petit pays. Au passé, présent, futur. Avec ironie, émotion et une grande liberté.Sur la couverture du livre, il y a une petite maison perchée sur un pieu planté dans le sable d’une plage belge, repère indispensable pour les enfants perdus. L’image s’arrête là mais ceux qui pratiquent la côte entre La Panne et Coxyde reconnaîtront les lieux : cent mètres plus loin, c’est une banane qui sert ainsi de fanion. De l’autre côté, c’est un ballon multicolore. On dira ce qu’on voudra, ça fait toujours plaisir de se retrouver en terre connue.

La station balnéaire de Saint-Idesbald se glisse ainsi dans quasi chaque nouvelle de ce recueil, parfois au premier plan, parfois presque en intruse, juste un clin d’£il, comme si l’auteur voulait rester fidèle à ses amours même quand il s’en éloigne. Autre bourgade qui revient régulièrement : cette bonne ville d’Ecaussinnes avec laquelle il a plus d’un £uf à peler, et dont la pierre bleue extraite de ses carrières sert d’ailleurs, entre mille autres choses, à habiller les brise-lames de la mer du Nord…

Pour le reste, Jean Jauniaux est un homme heureux : l’actualité la plus terne lui fournit la matière de ses textes, et fait naître les idées les plus folles ou les plus réjouissantes. Qu’il s’agisse du  » non  » français à la Constitution européenne, de la victoire de Justine à Roland-Garros, de l’invasion de l’Irak par George Bush, il vous transforme tout ça avec une totale liberté, vous transporte dans un futur pas toujours rose et s’en amuse avec une facilité déconcertante.

Il lui arrive aussi de s’égarer dans le passé et la rencontre imaginée entre un moine de Saint-Idesbald et Cervantès est un petit morceau de choix qui vous donne envie d’aller vérifier sur-le-champ si la rencontre aurait pu réellement se produire.

Certains textes sont moins forts, ou juste un peu trop longs peut-être, mais tous ou presque sont traversés par une drôle d’émotion qui vous les rend tout proches. Le plus beau, peut-être : cette mouette de Bruges, vieille petite clocharde attablée à une heure matinale devant un croissant et une bouteille de Cécémel, qui sanglote en silence en guise de remerciement devant cette offrande discrète, faite par un serveur délicat.

 » Le Pavillon des douanes « , de Jean Jauniaux, éditions Luce Wilquin, 172 pages.

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