Maxime Chattam signe des thrillers haletants.. Et excelle aussi dans la saga fantastique. Avec le dernier opus de sa trilogie Autre-Monde, il nous propose un récit initiatique qui semble renouer avec l’enfant qui est en lui.

Vous étiez un  » petit bonhomme qui rêvait beaucoup « à

Je rêvais que je vivais dans un autre monde, gorgé d’aventures. La réalité étant décevante, autant la compenser par des histoires que je ne peux pas vivre en vrai.

Vos peurs d’enfance ?

Hanté par la peur de la mort, je pensais qu’on allait tous périr sous des bombes nucléaires ou une attaque de robots.

Et d’adulte ?

Je n’ai plus peur de mourir car on ne peut rien faire face au pire. Curieux de tout, je suis bourré d’interrogations qui me poussent à écrire. Mes romans abordent le crime parce qu’ils interrogent la part la plus sinistre de l’homme. Ils désirent saisir une vérité de ce qu’on est et de ce qu’on vit.

à quels héros vouliez-vous ressembler enfant ?

A Aragorn, du Seigneur des Anneaux, ou à James Bond. Je souhaitais vivre quelque chose d’épique. Avec le recul, je crois que je voulais qu’on s’intéresse à moi.

Vos héros d’aujourd’hui ?

Ceux dont on ne parle pas et qui accomplissent quelque chose, sans rien attendre en retour. Comme le boulanger, qui rend les gens heureux avec son pain. Il n’existe pas de vrais héros héroïques. Contrairement à la littérature, la réalité humaine est plus nuancée.

Le monde est-il enchanteur ou désenchanté ?

Désenchanté, avec un potentiel enchanteur, mais cela ne dépend que de nous.

Dans quel  » Autre Monde  » aimeriez-vous être propulsé ?

Celui de la littérature car il est plus multiple. Adolescent, j’espérais qu’au moment de mourir, j’allais être projeté dans une aventure à la Tolkien ou à la Tom Sawyer.

Quel est votre éden ?

Il n’existe pas, mais c’est ça qui m’intéresse. On court après un mythe introuvable. L’éden est fait de ce qu’on croit qu’il est. Ma vie n’est pas un rêve. Je me suis battu pour construire des choses, mais ce n’est pas facile tous les jours.

Qu’est-ce qui vous rend fort ?

L’absence de peur.

Et vulnérable ?

Être un homme.

La femme-héros ?

L’aviatrice Amelia Earhart car elle ne s’embarrasse pas d’une époque, qui impose un rôle aux femmes. Dans mon roman, les femmes ont le pouvoir : elles sont plus sages et réfléchies. Mais les deux sexes se complètent, sinon il n’y a ni cohérence, ni vie.

Si vous étiez un animal ?

Un dragon, parce qu’il n’existe pas vraiment. Polymorphe, il est capable de réflexions et de colères terrifiantes. J’en ai un tatoué quelque partà

Qu’y a-t-il de plus cynique en vous ?

Ma vision de l’humanité.

Et de plus romantique ?

La part en moi qui lutte contre la précédente.

 » Rien ne peut survivre sans sa part d’ombre.  » Quelle est la vôtre ?

Celle dont je me sers pour écrire des thrillers et des histoires noires. Elle tente de comprendre les personnages les plus abjects de la planète. Je dois mettre des gants et des bottes pour fouiller ces méandres au fond de moi. En remuant cette eau boueuse, je peux mieux saisir l’homme et le monde.

Autre-Monde. Le C£ur de la Terre , par Maxime Chattam, Albin Michel, 473 pages.

KERENN ELKAÏM

Ma vie n’est pas un rêve.

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