Une maison lumineuse semble flotter sur la Meuse. Une habitation aux lignes résolument contemporaines, mais qui n’a rien sacrifié au charme… Et qui fait le bonheur de ses occupants.

 » S ur les premières esquisses déjà, la maison, coiffée de son petit toit, nous a fait penser au bateau de Petzi.  » La métaphore évoquant l’embarcation du sympathique ourson de BD est bien choisie, car lorsque les éléments se déchaînent ici, l’inondation peut faire monter le niveau des eaux à plus d’un mètre au-dessus des berges.

L’architecte d’intérieur Olivier Simon et la sculptrice Vinciane Renard n’avaient pas encore d’idée précise quant au look de leur future demeure au moment où ce terrain à bâtir de 29 mètres sur 20 leur a été présenté par une agence immobilière. Simplement, ils voulaient bénéficier de plus d’espace, afin d’aménager une chambre confortable pour chacun des deux enfants et un atelier pour Vinciane.  » Nous habitions un appartement en bord de Meuse. Il nous était impensable de changer d’environnement. Cadeau de la nature, ce terrain nous offrait deux beaux arbres typiques des milieux aquatiques, un saule pleureur et un aulne glutineux.  »

Partenaire du bureau namurois  » Architectures « , Olivier Simon a pu parfaitement relayer et traduire sur plans les besoins de la famille. Les dessins ont d’emblée dégagé l’idée de cette maison sur pilotis, flanquée de sa terrasse qui lui donne l’impression de flotter au-dessus des eaux du fleuve. Le principe constructif est simple : une charpente métallique incorporant deux étages est posée sur six piliers en béton solidement ancrés dans le sous-sol. Une partie du rez-de-chaussée est occupée par des locaux de rangement tandis que l’autre permet de garer à couvert les voitures et d’installer des jeux à l’abri des intempéries, comme un tennis de table.

La ligne graphique rectiligne et dépouillée de l’enveloppe est rythmée par les unités de trois mètres, inhérentes à la construction métallique. Sa sobriété est soulignée par la couleur blanche du bâtiment et la polarisation nord-est, sud-ouest. L’arrière ensoleillé est entièrement vitré, alors que l’avant et les côtés sont aveugles. Des stores extérieurs motorisés permettent de gérer les arrivées de lumière et de chaleur.

Réservé aux chambres des enfants, l’étage supérieur – couvert d’un toit en métal laqué – comprend aussi le studio de l’artiste, ainsi qu’une grande terrasse qui lui permettra de créer des £uvres de plus grande dimension en plein air. Cette harmonie avec l’extérieur et le paysage fluvial règne également à l’étage principal  » de jour « , à savoir le premier niveau du bâtiment. Une grande terrasse suspendue de 3 mètres de largeur a en effet été accolée à l’édifice sur les deux tiers de sa longueur. Elle constitue une véritable pièce supplémentaire. Il suffit de faire coulisser deux baies vitrées situées au centre du living pour assurer la continuité entre intérieur et extérieur. Même les sols la favorisent puisqu’ils sont en bois, le chêne en dedans et le ipe (un bois exotique provenant d’Amérique du Sud) en dehors.

La répartition de l’espace disponible sur le plateau intérieur – une surface totale de 18,5 m sur 7,5 m – procède d’une logique imparable. Outre les locaux techniques et le sas d’entrée distribués en une sorte de couloir tampon opaque du côté rue, deux pièces sont quasi entièrement vitrées. Le living est baigné d’une lumière qui entre généreusement par les baies vitrées et est magnifié par la couleur blanche des murs et du plafond. L’aménagement signe un bel ensemble alliant la bibliothèque et le salon (avec ses canapés Sur & Plus, sa table basse de Gae Aulenti pour Fontana Arte et ses deux fauteuils vintage de Poul Kjaerholm). Superbes : la table à manger noire entourée de chaises très légères (Eros de Starck pour Kartell) et la cuisine entièrement ouverte. Le living est volontairement dépouillé. Il ne compte en effet que peu d’objets. Une vitrine métallique contient une collection d’objets en verre tandis qu’un grand chandelier en métal argenté (boutique Max à Bruxelles) anime les murs de son ombre au soleil couchant.

Dans la cuisine, le plan de travail, constitué d’un bloc autonome, a été réalisé (faces latérales comprises) en Corian®, un matériau ultrarésistant, même travaillé en épaisseurs minces, à la teinte blanche éclatante. Matériau pratique, le Corian® peut aussi aisément être poli en cas de coup ou de griffe. Adossé au mur de la pièce, le plan de cuisson est animé d’une fresque très colorée : une photo personnelle fortement agrandie et posée à l’arrière d’un Plexiglas lavable et résistant à la chaleur. Les deux fours Smeg (l’un à chaleur tournante et l’autre à la vapeur) ont été placés indépendamment et perpendiculairement au plan de travail.

Entre la cuisine et le coin des parents un escalier conduit à l’étage. Isolées par une porte coulissante, la chambre et la salle de bains ont délibérément été traitées en noir et blanc. Le noir domine côté salle d’eau, où il se retrouve sur les murs et le plafond. Il est appliqué sur les cloisons mais aussi sur les surfaces en Corian® noir des tablettes d’évier et du cadre de la baignoire (Society 180, Wave Design). Evier et robinetterie sont signés respectivement Alape et Zucchetti.  » Comme nous avons pris le parti du mur aveugle côté rue, nous avons envisagé l’espace de nuit en un volume unique. Seule une cloison basse sépare le lit de la baignoire ; une percée longitudinale permet même de garder la vue sur la Meuse et les arbres lorsqu’on est allongé dans le bain…  » Le bonheur !

Jean-Pierre Gabriel

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