De Mumbai à Bengaluru, en passant par les États de Goa et du Kerala, la nouvelle route des Indes nous conduit à la découverte de cités de légende et de paysages fabuleux. Dans un festival enivrant de senteurs et de couleurs.

Siège de la machine à rêves cinématographiques de Bollywood, principal port, centre économique et financier mais aussi capitale de la mode, Mumbai, l’ancienne Bombay, sur la côte ouest, est une mégalopole qui compte plus de 20 millions d’habitants. Deuxième ville la plus peuplée de la république de l’Inde, elle héberge temples hindous, mosquées et églises chrétiennes. S’y côtoient Hindous, Sikhs, Jains, Parsis ou Sindhis. Quelque 200 000 véhicules encombrent les rues dont plus d’un quart sont de vieux taxis Fiat Padmini noirs à toit jaune datant de 1962 et convertis aujourd’hui au GPL. Dans le centre historique on prend plaisir à découvrir d’émouvantes bâtisses coloniales, des bazars chatoyants et quelques havres de paix où règne la véritable âme indienne. A Colaba, quartier mythique, se dresse sur la vaste place Apollo Bunder, toujours noire de monde, la Porte de l’Inde. Cet étrange arc de triomphe a été élevé pour commémorer la visite du roi George V en 1911. Il fait face au port de Bombay. Là même où les troupes britanniques quittèrent définitivement les Indes en 1947, année de l’indépendance.

Goa, un mythe intact

Sur la côte occidentale, Goa, le plus petit et le moins densément peuplé des États indiens, se veut tout aussi mythique qu’atypique. Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, célèbre pour ses plages et ses hippies qui y ont séjourné dans les années 1960, Goa fut une colonie portugaise de 1510 à 1961. Elle fut évangélisée en 1542 par le jésuite saint François-Xavier (1506-1552),  » l’Apôtre des Indes « . Son corps repose dans le plus beau des édifices coloniaux : la basilique du Bom Jesus dans la Velha Goa. Construites en blocs de latérite (très souvent blanchis à la chaux), la basilique ainsi que la cathédrale Sé dédiée à sainte Catherine d’Alexandrie, sont de styles baroque portugais et gothique manuélin.

Depuis la chapelle Señora Do Monte dressée sur une hauteur, on admire un océan de verdure d’où surgissent de nombreuses églises. De retour dans la cité, les senteurs indiennes embaument. Temples hindous, processions de brahmanes et femmes en saris parées de fleurs et d’or composent un chatoyant spectacle quotidien.

Les plages les plus belles sont au sud de Goa. Au bout du village de Mobor, non loin de Cavelossim, une langue de terre est emprisonnée par la rivière Sal qui se jette dans la mer d’Oman. Le Resort Leela – un ensemble de villas nichées au bord des lagons où aigrettes blanches et papillons écarlates ponctuent le paysage – vous y accueille. Dans ce paisible paradis tropical, on récolte vanille, muscade, poivre, cacao, café, gingembreà Toutes ces épices précieuses qui ont fait la richesse des Portugais, sont aujourd’hui souvent exploitées au c£ur de fermes biologiques, ouvertes au visiteur et lui offrant ainsi l’occasion de déguster la cuisine locale parfumée de toutes ces senteurs exotiques.

Le Kerala, une splendeur ayurvédique

A une heure de vol plus au sud, s’étend le Kerala. Cerné par les Ghâts occidentaux, une chaîne de montagnes atteignant en son point culminant 2695 m d’altitude, cet État recèle de vertes vallées où alternent rizières, plantations de théiers, caféiers, poivriers, bois de teck et forêts de bambou. On y compte par ailleurs plusieurs réserves naturelles et parcs nationaux où vivent des espèces protégées comme des éléphants, des tigres, des singes ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux. Entre les montagnes et la mer d’Oman s’étend un vaste réseau de lagunes reliées entre elles par des canaux : les  » backwaters « , une des merveilles du Kerala. On peut y naviguer entre Kollam, où s’étend le vaste lac Ashtamudi avec ses huit bras, et Alleppey, sur de superbes house-boats tout en bois équipés de chambrettes et d’une vaste véranda où l’on se prélasse en admirant les rives bordées de palmiers. Loin des bruits de la jungle, à Kovalam, sur un promontoire rocheux dominant une mer de jade et encerclé de trois plages, on peut observer des ramasseurs de moules qui les cueillent au couteau et à flanc de falaise. Sur la plage de Samudra, une petite mosquée apporte ses couleurs vives au paysage. Le soleil à son zénith, de lourdes barques de pêcheurs viennent accoster. Tout le village semble réuni pour accueillir et aider les hommes à hisser hors des bateaux leurs lourds filets chargés de poissons. Les femmes sont prêtes à emporter les fruits de la pêche vers les marchés locaux.

Le Kerala est aussi la patrie de la branche la plus naturelle de la médecine ayurvédique. On n’y manquera donc pour rien au monde l’une ou l’autre cure attachée à d’antiques préceptes. Privilégiant l’usage de plantes médicinales et d’huiles végétales, divers traitements comme le massage Kalari, particulièrement revigorant autrefois pour les chefs guerriers ou encore le rituel relaxant Rasayana qui a le pouvoir, lui, de rendre la jeunesse.

Bangalore, la cité-jardin

Une dernière escale nous mènera à Bangalore, rebaptisée Bangaluru depuis 2006. Capitale dynamique de l’État du Karnataka, elle abrite la Silicon Valley indienne. Le Vidhana Souddha (qui rassemble parlement et gouvernement) en style  » dravidien « , le palais du Raja, divers temples hindous et l’église de la Sainte-Trinité sont témoins de l’histoire mouvementée et riche de cet ancien siège de l’administration britannique (depuis 1831). Rendu à la dynastie Odeyâr (principauté de Mysore) en 1881, il constitue alors le premier état hindou en importance de l’Empire des Indes. Cette ville des plus agréables entourée de lacs, de parcs et de jardins, avec un centre historique à la fois moderne et prospère mêlant culture indienne et britannique a bien mérité son qualificatif de cité-jardin.

Reportage : Sophie Dauwe et Jean-Jacques Serol © Pepite Photography

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