Jane B. touche à ses lointains souvenirs anglais dans Enfants d’hiver, disque automnal dont elle a fabriqué les mots mélancoliques avec une conscience de chanteuse équitable…

Votre nouvel album vous montre en ado à cheveux courts au bord de la plage…

Jane Birkin : Il y a une vraie nostalgie de l’enfance ! L’écriture de la chanson avec Souchon me semble assez fine dans les détails : la surprise des poils qui poussent sur le corps, les seins qui poussent. Il me semble qu’il y a une trilogie entre Oh pardon tu dormais, Boxes et ce disque-ci. Avec cette question de savoir s’il est possible d’avoir un dernier amour !

C’est une question que vous vous posez !

Oui, je me la pose. J’aimerais tellement.

Pourtant, il me semble que l’amour vous a déjà pas mal servi !

Je ne suis pas morose. Je trouve que quatre fois, c’est déjà énorme. Jacques Doillon ( NDLR : le père de Lou) m’avait dit cela quand j’étais folle de lui et que je devais quitter Serge ( NDLR : Gainsbourg). Je lui avais dit que je pouvais compter mes affaires sur les doigts d’une seule main. Doillon m’avait rétorqué que j’étais fière de mes doigts : il a mis cela dans le film Comédie.

Voyez-vous un trait commun entre les hommes que vous avez aimés ?

Oui : ils avaient le cerveau bouillonnant d’idées que je n’avais pas.

Il y a une chanson où vous vous plaignez des hommes : Oh comment ça va ?

C’est de la fiction. Mais à la fin, je me suis déchaînée. Je connais assez de filles qui vivent les vacheries de la vie : les garçons peuvent avoir des bébés à 50 et nous pas ! Mon frère Andrew, 63 ans, attend une petite Emily Jane. C’est normal qu’un homme de 50 ans tombe amoureux d’une fille délicieuse de 20 ans. Un homme à 60, 66, 80 ans, avec ses rides, est très séduisant ! J’aimerais juste qu’ils aiment aussi nos défauts !

Le cerveau, l’élément sexuel primordial ?

Oui, bien sûr. Bien plus qu’un beau gosse sur une plage.

Quel est le point commun entre Hermès et Converse, avec qui vous collaborez ?

Je porte des Converse depuis trente ans et quand je leur ai demandé de faire une pub, je trouvais cela drôle, d’autant plus que ma fille Kate a fait les photos. Mais notre complicité s’arrête là. J’essaie de ne pas acheter des choses fabriquées en Chine, même s’il ne faut pas boycotter les petites gens là-bas : c’est une cause extrêmement compliquée. Hermès dont j’ai dessiné un modèle de sac, me donne une certaine somme d’argent par an, pour les causes. Et j’ai mis aux enchères mon sac qui a gagné une fortune pour la Fédération internationale des Droits de l’homme.

Qu’avez-vous envie d’amener avec ce disque comme sentiment nouveau ?

J’aimerais que les gens se sentent moins seuls, qu’ils n’oublient pas les images magnifiques de la vie même quand les relations s’arrêtent !

CD Enfants d’hiver, chez EMI. En concert le 8 mai au Cirque royal en ouverture des Nuits Botanique.

Propos recueillis par Philippe Cornet

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