Philippe Léonard n’est pas seulement un joueur talentueux. C’est aussi une  » belle gueule « . Pour Weekend Le Vif/L’Express, cet amateur de mode a accepté de jouer les play-boys. Au menu : champ’, glamour et feu ouvert. Avec pour muse sa propre compagne. Chaud chaud !

Une fermette discrète dans un enclos paisible quelque part sur les hauteurs de Liège. C’est là que le footballeur du Standard et Diable rouge Philippe Léonard a élu domicile. Si le bâtiment a fière allure, il ne transpire pas le luxe ostentatoire que semble tellement priser l’élite du football. Une Land Rover aux vitres teintées monte la garde devant la porte d’entrée où le joueur, regard azur, nous accueille sans chichis. On le suit dans un couloir décoré de maillots aux noms prestigieux avant d’atterrir dans la pièce de séjour. Par les fenêtres, on aperçoit une piscine et, au-delà, des prairies blanchies par le givre. La déco est sobre. On dirait presque une image de catalogue d’une grande chaîne d’ameublement avec ses canapés en cuir blanc, son écran plat, son feu ouvert et les quelques bibelots posés ici et là. Sous les yeux de sa compagne lovée dans un training rose bonbon, l’ancien défenseur de Monaco revient d’abord sur cette séance de photos très hot pour Weekend à laquelle toute la famille, le toutou compris, a participé. La conversation glisse ensuite vers d’autres sujets : la carrière, les affaires, les projets. Beau joueur, l’homme n’évacue aucune question. Il répond avec franchise et sincérité. Pas besoin de chausser les crampons…

Weekend Le Vif/L’Express : Cette ambiance frime et paillettes qu’on voit sur les photos réalisées par notre magazine vous est-elle familière ?

Philippe Léonard : Non. C’était du jeu, une mise en scène. Je n’ai pas l’habitude de me promener en maillot devant la cheminée avec une coupe de champagne… Le styliste de Weekend ( NDLR : Jean-Paul Lespagnard), qui est un ami d’enfance, m’avait bien expliqué qu’il voulait faire quelque chose de décalé.

Le monde du football, avec ses stars et ses gros salaires, véhicule pourtant un peu cette image glamour…

C’est vrai qu’on profite bien de la vie mais ce qu’on voit ici, c’est caricatural.

Etes-vous branché mode ?

Oui. Ma fiancée et moi, on regarde souvent les magazines comme  » Vogue Uomo « . On aime bien être au courant des nouveautés. Et puis on fait régulièrement le tour des boutiques. A Liège, Maastricht et Bruxelles. Ou, quand on est dans le sud de la France, à Cannes, Saint-Tropez ou Monaco.

Vous avez joué plusieurs saisons à Monaco. Retournez-vous souvent sur la côte d’Azur ?

Dès que j’ai un moment de libre, on prend l’avion. On a une maison dans la région et aussi de la famille puisque ma fiancée en est originaire.

Quelles sont vos griffes fétiches ?

Dolce & Gabbana, Gucci, Dsquared2. Surtout des marques italiennes.

Vous êtes plutôt tenue décontractée ou costard cravate ?

Ça dépend. Un jour je peux très bien avoir envie de me faire plaisir et enfiler un costume et le lendemain, opter pour un survêtement. Je passe d’un style à l’autre sans difficulté.

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à votre look ?

Depuis que j’ai rencontré madame qui était beaucoup plus pointue que moi en la matière (regard complice vers sa dulcinée). Elle m’a transmis le virus.

Quelles sont les marques des vêtements que vous portez aujourd’hui ?

(La réponse fuse comme une rafale de mitraillette.) Tee-shirt Abercrombie, jean Pepper Denim, ceinture Dolce & Gabbana, baskets Nike Requin, chapelet Caption (il sort de son polo un collier de templier), Rolex Daytona et alliance Chaumet Class One.

Pourquoi accordez-vous autant d’importance à votre image ? Pour plaire aux gens ?

D’abord pour me faire plaisir. Ensuite pour être beau pour ma fiancée. Après, c’est plus aléatoire. J’ignore comment les gens me perçoivent. Donc, si je leur plais, tant mieux, mais c’est secondaire.

Ça vous plairait de jouer au mannequin, par exemple pour Dirk Bikkembergs, lui qui a l’habitude de faire défiler des footballeurs ?

Oui. Je serais ravi.

Vous n’avez jamais eu de proposition jusqu’ici ?

Non. J’avais bien laissé entendre à l’un des sponsors de Monaco, Gian Alberto Caporale, que j’étais partant pour faire des photos, mais ça n’a jamais abouti. Le shooting pour  » Weekend  » est donc ma première expérience dans la mode. Et j’espère pas la dernière !

C’est donc cette envie de mettre un pied dans le milieu de la mode qui vous a fait accepter de jouer au mannequin ?

Oui. Et puis aussi parce que je connais Jean-Paul Lespagnard depuis que je suis tout petit. Or, on s’était dit à l’époque que si on réussissait chacun dans notre domaine, on ferait un jour quelque chose ensemble. Il m’en a parlé. J’en ai touché un mot à ma compagne Marion. Et comme la mode nous intéresse et même nous passionne, on a accepté avec beaucoup de plaisir.

Tout s’est passé comme prévu ?

Oui et non. J’ai été surpris d’abord quand on m’a dit que pour six ou huit photos, ça allait prendre toute la journée. On ne se doutait pas que faire des photos demandait une telle préparation. C’est un vrai métier. Ça ne s’improvise pas. Cela dit, ça nous a plu énormément.

Comment se déroule la journée type d’un footballeur ?

Je me lève à 8 heures. Une heure plus tard, je suis au stade. Là, on prend le petit déjeuner tous ensemble, on se fait masser, on se fait soigner. A 10 heures, l’entraînement commence. Il dure plus ou moins 1 h 15. Puis on a de nouveau des soins à faire. Puis c’est sauna, jacuzzi, massage. Ensuite, je rentre à la maison.

Et l’après-midi ?

L’après-midi, on est libre.

Et comment occupez-vous tout ce temps ?

Avec Marion, on va souvent se balader, on va au cinéma ou on reste simplement ici à mater la télévision.

Pas de passion pour le bricolage ou le tricot ?

Non.

Et la nourriture ?

J’adore manger.

Vous devez suivre un régime particulier ?

Non. Mais on a deux pesées par semaine, le mardi et le vendredi. On a droit à un kilo d’écart par rapport à notre poids de forme. Si on va au-delà, on est mis à l’amende.

A l’amende ?

Pas tout de suite. Mais il ne faut pas que les faux pas se reproduisent toutes les semaines sinon effectivement on pourrait être sanctionné financièrement.

On vous colle souvent l’étiquette de Beckham belge. Ça vous flatte ou vous agace ?

Je suis plutôt flatté. C’est une icône. Etre comparé à un monstre sacré comme lui, c’est plutôt un compliment. Cela dit, j’ai ma personnalité et lui, il a la sienne.

Vous semblez admirer autant son statut de star de la mode que son agilité balle au pied…

Disons que je suis assez admiratif de sa manière d’anticiper les modes. Voire carrément de les lancer comme avec sa coupe de cheveux iroquois.

Avoir une  » belle gueule  » dans le milieu du foot, ça ouvre des portes ?

Non. En tout cas, je ne l’ai jamais remarqué.

Vous considérez-vous comme un privilégié ?

Oui. Parce que je fais ce que j’aime. Je suis payé pour faire du sport alors que des gens se lèvent à 4 heures du matin pour aller travailler à l’usine.

Si Philippe Léonard n’avait pas percé dans le foot, quel métier ferait-il aujourd’hui ?

Alors là… J’ai suivi des cours d’économie à l’école mais ce n’était pas mon dada. Je pense que j’aurais préféré me retrouver dans une filière plus manuelle, ébénisterie ou autre. J’admire par exemple mon cousin qui peut construire ce qu’il veut avec ses mains. J’en suis totalement incapable.

Vous n’auriez peut-être pas connu la notoriété dans ce cas…

Ce n’est pas très important.

Les gens vous apostrophent-ils souvent dans la rue ?

Ça arrive. Plus à Liège qu’à Bruxelles. Mais heureusement pas trop souvent. Il faut dire que quand je me balade, je regarde par terre ou droit devant moi. Je ne cherche pas le regard des gens.

Ce statut de célébrité ne vous excite pas plus que ça ?

C’est bien sûr agréable d’être reconnu dans la rue. Mais je ne me lève pas le matin en me disant : j’espère qu’aujourd’hui je vais encore avoir du succès (sa compagne éclate de rire). Je me porte tout aussi bien que l’on me reconnaisse ou pas.

Et à l’étranger, on vous arrête parfois dans la rue ?

De temps en temps. Il est même arrivé qu’un douanier new-yorkais m’interpelle pour me demander si j’étais bien le joueur de l’AS Monaco. J’étais un peu surpris.

Quand avez-vous su que vous feriez carrière dans le foot ?

Très tôt. Mon père était footballeur professionnel et j’ai donc toujours baigné dans le monde du ballon rond. C’est peut-être prétentieux mais j’ai su dès mon plus jeune âge que je deviendrais pro un jour ou l’autre.

Etiez-vous perçu comme un étranger à Monaco et à Nice ?

Oui. D’ailleurs, mes collègues ne m’appelaient pas Philippe ou Léo, mais le Belge. Ils se moquaient de mon accent ou des expressions que j’utilisais. Ce n’était pas méchant mais je n’y échappais pas. Je me fais d’ailleurs encore régulièrement reprendre de volée par madame quand je ne parle pas correctement…

Votre nationalité vous tient-elle à c£ur ?

Pas spécialement. Je ne la renie pas, mais dans ma vie de tous les jours, je n’en fais pas tout un plat. Ma fiancée est par exemple beaucoup plus attachée à sa nationalité française que moi à la mienne.

Pourtant, il vous est déjà arrivé à plusieurs reprises de défendre les couleurs nationales…

C’est une fierté de porter le maillot national et d’entendre la Brabançonne. Professionnellement, c’est clair : c’est une satisfaction. Mais dans la vie de tous les jours, ça ne change pas grand-chose. C’est même plutôt un handicap à l’étranger. Un joueur belge a par exemple moins de crédit qu’un Sud-Américain. Il devra faire doublement ses preuves. J’en ai parlé avec Eric Deflandre qui a joué à Lyon et il a fait le même constat que moi.

Vous avez 32 ans. Votre contrat se termine à la fin de la saison. Où aimeriez-vous poursuivre votre carrière ?

Ça fait des années que j’aimerais aller en Angleterre. Si j’ai une opportunité de ce côté-là, ça me plairait bien. Mais rien n’est fait. Ce sera peut-être ailleurs. Ou à nouveau au Standard. Tout dépend des négociations qui vont bientôt commencer.

Quels sont les clubs pour lesquels vous signeriez tout de suite ?

Manchester, Chelsea, le Milan AC et le Real de Madrid. Ce sont des clubs qui font rêver. Les deux premiers parce qu’ils sont en pleine forme en ce moment, les deux derniers parce qu’ils sont mythiques. Qui ne voudrait pas jouer dans un stade de 120 000 personnes ?

Justement, à propos des supporters, vous sentez-vous investi d’un rôle éducatif, en particulier auprès des jeunes qui vous admirent ?

A partir du moment où on est un peu médiatisé, c’est normal de faire attention à ce qu’on fait, sur le terrain et en dehors. Je ne voudrais pas donner le mauvais exemple. Dernièrement, une image me montrant dans une position agressive a été publiée dans les journaux. Les gens ne retiennent que cet instant alors que je venais de recevoir un coup de poing d’un joueur et que je cherchais juste à me protéger. C’est dommage car l’image qu’on véhicule est très importante. Je m’en rends compte chaque fois que je croise des enfants. Ils ont tendance à vous considérer comme un modèle.

Les supporters ne sont pas toujours tolérants, surtout en cas de défaite. Avez-vous déjà eu des ennuis ?

J’ai eu droit à des jets de pierre sur ma voiture il y a quelques années. Aujourd’hui, on se fait encore régulièrement insulter quand le résultat n’est pas bon. Certains  » supporters  » s’imaginent qu’on leur appartient. Et que du coup, ils pensent pouvoir tout se permettre.

Vous avez participé à une campagne contre le racisme dans le foot. Un fléau bien implanté dans les stades ?

Au début de ma carrière, je me souviens que chaque fois qu’un joueur noir touchait la balle, on entendait des cris de singe dans les gradins. Certains supporters se moquaient des joueurs de leur propre équipe ! J’étais choqué. Ça s’est un peu calmé depuis. On est en tout cas loin de ce qui se passe en Italie où fleurissent régulièrement les croix gammées. Je ne sais pas si les joueurs peuvent faire quelque chose. Mais si les prises de position de Thierry Henry et d’autres peuvent faire changer d’avis ne fût-ce que l’un ou l’autre, c’est déjà ça.

Avez-vous été surpris par l’ampleur de la corruption dans l’affaire des  » matchs truqués  » ?

Oui. Et par la naïveté des joueurs impliqués aussi. Mettre sa carrière en péril pour 5 000 euros, c’est un peu difficile à comprendre.

Sans parler de l’image du foot, qui en prend un coup au passage…

C’est pour ça qu’il faut les mettre dehors au plus vite et qu’on n’en parle plus. Mais il ne faut pas croire que la corruption est générale.

Vous n’avez jamais été approché à un moment ou l’autre de votre parcours ?

Non. Mon père m’avait mis en garde quand j’étais jeune.  » N’accepte jamais d’argent sale « , m’avait-il déclaré. J’ai toujours gardé ce conseil dans un coin de ma tête. Même si heureusement, je n’ai jamais eu affaire à ces personnes-là.

Avez-vous déjà une idée de ce que vous ferez après le foot ?

Je ne sais pas trop. On aimerait retourner dans le sud de la France mais je n’ai pas de projet précis.

Le métier d’entraîneur ne vous tente pas ?

Oui, mais quand j’ai vu la brique qu’Eric Deflandre devait avaler pour avoir la licence d’entraîneur, j’ai été un peu découragé…

Vos qualités ?

(Il se tourne vers sa copine, qui répond à sa place.) Il est calme et il a la tête sur les épaules.

Vos défauts ?

Versatile. Je change rapidement d’humeur.

Si on vous demandait de participer à une émission de télé-réalité, vous seriez partant ?

Pour  » La Ferme Célébrités  » ou  » 1re Compagnie « , sans problème. Ça me plairait bien.

Pourquoi ?

Pour le fun et pour parrainer une association caritative.

Et le cinéma ?

Pourquoi pas ? Mais je ne sais pas si j’ai du talent…

Propos recueillis par

Laurent Raphaël

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