Légèreté et goût des textures guident le travail du jeune designer et architecte d’intérieur parisien Eric Gizard. La preuve ? Son appartement qui n’hésite pas à naviguer entre préciosité et minimalisme.

E ric Gizard est un designer comblé. En collaboration avec l’agence Desgrippes Gobe et associés, le Français est à l’origine des nouveaux espaces lounge et business d’Air France, du mobilier du très chic chausseur Stephane Kélian ou encore des boutiques de la fameuse cristallerie Daum pour laquelle il a conçu, en 2001, un étonnant écrin transparent. Les maisons privées qu’il a remodelées se trouvent dans les arrondissements les plus chics de Paris ou à Notthing Hill, quar- tier londonien bobo par excellence. Chacune de ses interventions favorise les perspectives ouvertes. Et cet esprit de légèreté a le privilège de se retrouver aussi dans un seul et même lieu : son appartement, un ancien atelier de confection de 85 m2 où chaque espace communique tout en étant isolé grâce à des jeux de transparence et d’opacité.

La  » stèle  » aveugle qui sépare le salon de la  » galerie de circulation  » reliant la salle de bains à la chambre illustre le parti pris architectural. Et la salle de bains û qui est aussi visible depuis le salon et la cuisine, mais seulement par l’intermédiaire d’un oculus û procède également de cette volonté de relier les pièces du regard tout en préservant l’intimité.  » J’aime l’idée d’espace maximum, sans portes ni pesanteur « , explique Eric Gizard. Ennemi de la lourdeur, il a imaginé au-dessus de la cuisine un plafond tendu qui, rétro-éclairé, semble flotter dans les airs. Il a pris soin, en revanche, de conserver les solides colonnes en fonte d’origine. Contradiction ?  » Non, je fais la différence entre ce qui appartient au lieu et mon apport. Ces colonnes font partie de la mémoire et je voulais les garder pour cette raison.  »

Pour Eric Gizard, créateur branché s’il en est, il n’est pas incompatible de juxtaposer les nouvelles tendances en matière d’habitation et le goût des matériaux anciens. L’une de ses dernières créations est une table en cuir repoussé de Cordoue dont la tradition remonte au xive siècle.  » Je n’hésite pas à m’avancer aux limites du baroque « , dit-il, avouant son faible pour les textures en relief, les motifs complexes et les bois nobles. Dans son appartement, un meuble de rangement en palissandre côtoie une table basse en zebrano.  » Faire coexister le frêne olivier avec du stratifié ou de la résine de synthèse n’est pas une provocation mais une manière de montrer qu’il n’y a pas de raison d’opposer les styles. On n’est pas forcément ou minimaliste ou maniériste. Les choses ne sont pas aussi simples pour moi.  » Remarquable : le tapis en trompe-l’£il qu’il a réalisé pour Tarkett-Sommer. Ce revêtement de sol peu banal court de la chambre à la salle de bains, longe le dressing et est éclairé à la verticale par un caisson lumineux long de 5 mètres… Une façon de mettre en lumière l’effet d’optique du motif, une série de sphères dont on ne sait si elles sont en relief ou en creux.  » Les deux à la fois « , précise Eric Gizard.

Antoine Moreno – Photos : Renaud Callebaut

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