Avouez-le, cela ne vous vient pas directement à l’esprit quand votre rejeton rentre de l’école le jeans maculé de boue et le bulletin de rouge. Ni le jour où votre assurance familiale doit intervenir parce qu’une partie de foot dans le jardin a viré au bris de vitre chez le voisin. Et sans doute encore moins lorsque des mots aussi basiques que rangement, bain ou dodo déclenchent immanquablement un bras de fer verbal – merci Mai 68, le dialogue intrafamilial et l’autorité négociée plutôt qu’imposée.

Pourtant, messieurs, être papa pourrait bien être votre planche de salut. Si si. Ces derniers temps, d’ailleurs, les exemples se multiplient pour vous le rappeler. Il y a d’abord eu ce paumé de Johnny Marco, héros du dernier Sofia Coppola, sauvé par sa fille d’une vie creuse d’adulescent. Puis, a contrario et sur un mode plus tragique, le Colin de Tu verras, le roman de Nicolas Fargues, que la mort brutale de son fils de 12 ans confronte à ses propres travers. Et, le 5 mai dernier, cette annonce rocambolesque de Pierre Cardin qui déclarait vouloir  » vendre maintenant  » son empire pour un montant improbable d’un milliard d’euros.

Du haut de ses 88 ans, le patriarche de la mode française expliquait par voie de presse qu’il ne serait  » plus là dans quelques années  » et que  » l’entreprise devait continuer « . À défaut d’héritier pressenti, il lui faut donc vendre. C’est là son drame : celui qui peut se targuer d’avoir donné son nom à 800 produits en tout genre – il détient le record absolu du nombre de licences – n’a qu’un regret : ne pas avoir eu d’enfant avec Jeanne Moreau, dont il a partagé la vie pendant quelques années. De fait, une descendance lui aurait non seulement assuré une pérennité ailleurs que sur des cravates, des meubles ou de l’eau minérale, mais aussi contraint à rester en prise avec la réalité. Et, du coup, peut-être évité la sortie dont se gaussent aujourd’hui les experts de la finance, qui estiment la valeur réelle de l’entreprise Cardin à 200 millions d’euros.

La félicité par la progéniture : un concept auquel vous penserez certainement, le dimanche 12 juin, quand vos chérubins vous apporteront le café au lit, et vous diront, la bouche en c£ur,  » bonne fête papa « . Même si le café est tiède et que le réveil indique 7 h 02.

DELPHINE KINDERMANS RÉDACTRICE EN CHEF

Il a donné son nom à 800 produits en tout genre mais pas à un enfant.

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