Le parfumeur de la maison Hermès se bat pour préserver un art ancré dans le temps et la quête de beauté. Un défi qu’il traduit sous forme d’une fiction dans laquelle il relate les dessous et la passion de son métier.

En quoi demeurez-vous  » un éternel enfant  » ?

L’essence même du parfum est de rejoindre l’enfant qui n’a pas encore la raison. Cela ne signifie point qu’il n’y en a pas dans la création, mais il ne faut pas oublier sa part d’insouciance. L’important : continuer à croire en la vie.

A quoi ressemble votre bibliothèque ?

Je n’en ai pas une, mais trois et je me demande déjà où mettre la quatrième. Ma femme est pire que moi, elle ne jette rien (rires) ! Si j’ai longtemps préféré les livres d’art, de sociologie, de psychologie et de sciences, je découvre tardivement la source de connaissance qu’est le roman.

Un auteur majeur ?

Giono, une figure paternelle à laquelle je peux m’accrocher. Il me sert de béquille et donne sens à ma vie.

La création d’un parfum est-elle un voyage ?

Oui, dans le sens où je ne sais pas où je vais, mais je me lance en espérant trouver le chemin. Comme l’écrit l’écrivain chinois Gao Xingjian,  » pourvu que le chemin soit beau.  »

Qu’est-ce qui  » sent Beau  » ?

Le bon est familier et conforme à nos goûts. On est dans le Beau quand on ne cherche pas à flatter. C’est alors qu’on va du côté de la surprise, de l’interrogation et de la révélation.

Quelle liberté vous offre Hermès ?

Une liberté quasi totale puisque cette maison me permet d’imaginer des livres. Ma vie se partage en deux : la journée, j’élabore un parfum au labo et le soir, j’écris à la maison. Que je sois dans la création littéraire ou parfumée, j’aspire à quelque chose de très abouti.

A quoi ressemblera le parfum de demain ?

Comme le démontre ce roman, la machine la plus dangereuse est la machine économique. Je prône un discours anti-marketing, parce qu’en se substituant aux créatifs, on risque de faire l’impasse sur eux.

Quelles habitudes cultivez-vous ?

Je porte toujours une chemise blanche. Tous les matins, je suis au travail à 8 h 30. Cela ne signifie pas que j’ai des idées en tête, mais je m’impose un rythme. Je crois beaucoup à cette force utile.

Qu’en est-il de la force de l’amour ?

L’amour est porteur. Avoir quelqu’un à mes côtés facilite ma vie, parce que la création n’est pas simple. Ma femme est plus une source de repos qu’une source d’inspiration.

Si vous étiez une note florale ?

Le jasmin que j’allais cueillir enfant avec ma grand-mère adorée.

Quel est le mot dont vous préférez l’odeur ?

L’Autre, parce qu’on n’est rien sans lui. J’ai toujours cru que j’étais chanceux, c’est une manière de penser la vie.

La Note verte, par Jean-Claude Ellena, Sabine Wespieser, 136 pages.

KERENN ELKAÏM

 » JE NE SAIS PAS OÙ JE VAIS, MAIS JE ME LANCE EN ESPÉRANT TROUVER LE CHEMIN.  »

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