La Norvège protège jalousement cette terre du bout du monde, à deux pas du Pôle Nord. La faune et la flore uniques et fragiles ne se livrent aux amoureux de nature que durant les mois estivaux. Bienvenue au pays du soleil de minuit et des glaces éternelles.

Dans le ciel bleu acier, de nombreuses colonies d’oiseaux migrateurs planent un moment au-dessus de vastes reliefs arides et enneigés. Du haut, ils aperçoivent le spectacle majestueux, inoubliable et quasi inviolé des glaces éternelles du Svalbard. Souvent nommées Spitsberg, ces  » Côtes froides  » sont constituées d’un groupe d’îles sous souveraineté norvégienne depuis le 14 août 1925. Situé entre le 74e et le 81e degré de latitude Nord, cet archipel d’une superficie de 63 000 km2 et couvert au 2/3 de glaciers se compose de quatre villes portuaires, dont la principale est Longyearbyen (1 700 habitants). Sortant de son hibernation et quittant son manteau de neige, cette cité hyperboréenne retrouve en été et durant quelques mois toute sa splendeur. Le soleil embrase alors de ses chauds rayons les maisons de bois aux tons pastel. Dernière halte avant le pôle Nord, Longyearbyen est le départ privilégié depuis les années 1990 de nombreuses activités touristiques. Des missions de recherches scientifiques et météorologiques s’y donnent également rendez-vous.

L’été au Svalbard, une autre vie s’installe. On est loin alors des hivers polaires où la température avoisine facilement et régulièrement les moins 30 °C. Au printemps, vers le 20 avril et jusqu’au 22 août, le  » soleil de minuit  » fait son apparition. De façon ininterrompue, heure après heure et jour après jour, la lumière baigne les paysages grandioses. Petit à petit, la débâcle des glaces s’annonce. La glace craque, fond, faisant place aux merveilles du printemps, dont l’apparition progressive de plus de 100 espèces de fleurs répertoriées. Ici et là, les saxifrages (les perce-pierres) aux couleurs pourpres ou jaunes tapissent les pentes rocailleuses du relief tandis que de nombreux oiseaux marins û tels que les guillemots de Brünnick, les macareux moines, les mouettes ivoire et les sternes arctiques û pullulent.

Randonnées inoubliables

Du début juin à la fin août, les amoureux de belle nature se retrouvent ici afin de profiter des multiples activités nautiques ou de randonnées. Grâce à l’influence du Gulf Stream, le climat y est alors exceptionnellement doux pour cette latitude avec des températures avoisinant les 6 °C. A minuit, ces privilégiés peuvent bénéficier du soleil intense, les plus audacieux n’hésitant pas à sortir en tee-shirt…

Afin de profiter de la luminosité et du climat exceptionnels, de nombreuses promenades sont proposées aux visiteurs. Le chien de traîneau à roue permet de parcourir la toundra des environs de Longyearbyen. Il n’est pas rare d’y admirer les rennes sauvages broutant une végétation luxuriante et venant tout naturellement à la rencontre de l’homme.

Pyramiden, véritable ville fantôme abandonnée depuis 1999, vaut aussi le détour. Depuis l’ancien quai de débarquement, on peut profiter d’une vue époustouflante sur le glacier Nordenskjöldbreen. Pour pouvoir s’aventurer plus loin à l’intérieur des terres, une autorisation préalable au bureau du gouverneur (Sysselmannen) à Longyearbyen est indispensable. La préservation de cette superbe nature exige, en effet, que l’on respecte scrupuleusement les lieux traversés.

A recommander aussi : la croisière qui longe les imposants fronts de glace bleutés des côtes et des fjords. En été, ceux-ci s’effondrent souvent en un grondement sourd dans la mer, projetant d’immenses et magnifiques gerbes de glace et provoquant un mélange de vagues et de reflets cristallins. Des débarquements quotidiens se font à des endroits clés pour se promener dans la nature ou bien encore visiter les stations minières de Barentsburg ou Ny Alysund ou les stations baleinières de Smeerenburg ou Ahlstrandalvoya. Des sorties en zodiac ou en kayak permettent aussi d’approcher certains animaux marins comme les belugas ou encore des colonies de morses et de phoques barbus couchés sur la banquise et se dorant au soleil. Au bord des falaises au coloris vert mousse, on peut également observer des milliers d’oiseaux nichant ou le renard polaire, curieux de la présence humaine et venant tout naturellement pointer le bout de son museau. L’ours blanc, protégé dans tout l’archipel depuis 1976, peut aussi apparaître au détour d’un iceberg. Pour rencontrer ce grand seigneur du Nord, on se dirigera plutôt vers les côtes est et nord à Kong Karls Land. On y découvrira, émerveillé, une concentration importante de tanières.

Guide pratique en page 48.

Reportage : Patrick Reader et Fabrice Pairiot

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