Passant avec panache du XXe au XXIe siècle, les stylistes belges sont aussi indispensables à la mode contemporaine que les frites aux moules. Honorés, à New York, par le biais d’une expo organisée au Fashion Institute of Technology, nos  » castars  » de la création vestimentaire font la pluie et le beau temps côté tendances. D’ailleurs, leur vision de l’été 2001 place l’allure féminine au zénith.

1 Dries Van Noten Dites-le avec des fleurs

C’est le plus ETHNICO-CHIC de nos compatriotes. Son style fleuri-folklo-féminin, auquel il ne déroge pas depuis presque vingt ans, va  » comme une FLEUR  » au printemps 2001. Inspiré par les lignes, les détails et les proportions des ANNÉES 1920, Dries Van Noten impose à la belle saison une élégance NONCHALANTE et une FRAÎCHEUR authentique, sans effets de manches. Sublimée par le PLISSÉ SOLEIL d’une jupe légère, la TRANSPARENCE bon chic d’une blouse arachnéenne, le CLIC-CLAC d’un escarpin bicolore, le savant DRAPÉ d’une tunique princière ou la TAILLE MARQUÉE d’une veste faussement stricte – un clin d’oeil aux années 1950 -, son égérie semble sortir d’un roman de Fitzgerald ou d’Hemingway.

2 Olivier Theyskens Divines créatures

La féminité selon Theyskens est assez SURPRENANTE pour ne pas dire ENVOûTANTE, voire même un peu EFFRAYANTE. Cela dit, elle s’avère généralement PERCUTANTE, par son allure ROMANTICO-DESTROY, par le sens du DÉTAIL ainsi que par la PERFECTION du geste couturier propre à ce BEAU gamin GOTHIQUE. Son sens du STYLE et de la MISE EN SCÈNE est, une fois de plus, à la fête dans sa collection de l’été 2001 où la notion de prêt-à-porter se confond volontiers avec celle de haute couture. Mélange presque malicieux de STREET-WEAR ULTRA-CHIC et de DRAPAGES pas sages façon DÉESSE grecque DÉJANTÉE, la dame de Theyskens fait de l’effet… avec ou sans GIGANTESQUES ROBES de CUIR à crinoline.

3 Bernard Wilhelm Un été très appétissant

En quelques saisons, Bernhard Wilhelm, brillant diplômé de l’Académie d’Anvers, a imposé son style, plein de FRAîCHEUR, de féminité au CHARME ENFANTIN et de NAïVETÉ sans clichés. Depuis sa première collection baptisée  » Le Petit Chaperon rouge « , ce joyeux FARFADET du fil et de l’aiguille nous raconte de belles histoires qui n’ont pourtant aucun mal à rejoindre la réalité. Cette fois, le GOURMAND GAMIN exploite le thème culinaire jusqu’à satiété (chapeau-gâteau, robe-tablier de cuisine, motifs en forme de logos de pizzeria, broche singeant un oeuf sur le plat, bermudas imprimés de sachets de frites…) tout en prouvant, dans les DÉTAILS comme dans la globalité de la silhouette, qu’il n’a rien d’un créateur indigeste.

4 Ann Demeulemeester La femme araignée

Fidèle parmi les fidèles au NOIR vibrant, voire VIOLENT, à l’ASYMÉTRIE aiguisée comme une lame et à la SOMBRE séduction des guerrières androgynes bardées de cuir, Ann Demeulemeester ne nous compte pas fleurette, même pour le printemps. Mais on peut être GOTHIQUE et simultanément dégager une sensualité ÉNERGIQUE ou un SEX-APPEAL électrique. Témoin les modèles plutôt ROCK’N ROLL et PUNKY CHIC de lady Ann qui mélange doux corsages et COTTES DE MAILLE, décolletés et TOILE d’ARAIGNÉE, tailles sveltes et grosses CEINTURES CLOUTÉES, caracos et cuir sauvage. Le tout planté comme un défi sur des MINIJUPES d’amazones sans motos ou des robes-tuniques qui ne demandent qu’à être arrachées. Attention, elles mordent!

5 Lieve Van Gorp Dure et douce à la fois

A travers sa mode, cette charismatique disciple de Sapho met en lumière les parts de MASCULIN et de FÉMININ que chacun(e) de nous exprime ou réprime, selon son genre et ses histoires. Dans ce gay SAVOIR-FAIRE vestimentaire, où le cuir, le denim, le satin mat, les laçages et les Zip pimentent des silhouettes sans tabou, la RUDESSE et la TENDRESSE n’ont aucun mal à cohabiter. Aux demoiselles du XXIe siècle, Lieve Van Gorp propose une collection d’une féminité exquise: les robes aux ruchés délicats, les jupes aux proportions parfaites, les blousons courts découvrant le nombril et les lignes qui suivent la silhouette avec passion sont autant de réussites sur le plan du STYLE et de la SENSUALITÉ.

6 Martin Margiela La mode en XXXL

A force de travailler le vêtement comme un CONCEPT, le très discret Martin Margiela finit par trébucher dans l’ourlet du DÉCONSTRUCTIVISME. Sa MAîTRISE de l’oversized et du style extra-large est CERTES reconnue et, à travers sa collection estivale, elle se teinte même d’une délicate ANDROGYNIE, voire d’une féminité GRACILE à défaut d’être GRACIEUSE. Qui n’a pas, en effet, piqué le VESTON trop grand ou le GIGA-CARDIGAN de son papa ou de son frère aîné? Qui n’a pas joué à la DEMOISELLE DE BON TON avec les robes de tante Adèle? Le problème est que s’il ne se résout pas bientôt à RETOURNER SA VESTE, Margiela va finir par s’en prendre une en ce qui concerne la (r)évolution de son savoir-faire et de ses idées.

7 Dirk Bikkembergs Un homme et une femme

Chabadabada… Le film culte de Claude Lelouch a-t-il inspiré Dirk Bikkembergs? Lorsqu’un VIRTUOSE du vêtement masculin tel que lui décide d’appliquer sa maestria à l’univers de la FEMME, c’est presque une HISTOIRE d’AMOUR et de COMPLICITÉ allurée qui tisse son fil ROUGE PASSION sur la trame de l’été 2001. Inspirées par les bases du vestiaire de l’homme, les  » dames de Dirk « , loin de jouer les seconds rôles masculins, ont un CHARME FOU. Résultats d’une manipulation génitico-chic, les vestes mutent, devenant robes à porter ou non sur des pantalons très APACHE PARISIEN des années 1940, les CHEMISES classiques se déboutonnent jusqu’à l’ivresse et les mâles ceintures entourent les fruits défendus.

8 Olivier Strelli Belle bourgeoise décalée

Il joue de la COULEUR comme un violoniste de son instrument: avec virtuosité. Mais ces teintes pensées et faites pour VIBRER aux SOLEILS à venir ne sont pas les seules à donner le TON. Chez Strelli, l’HARMONIE vestimentaire s’articule autour d’une silhouette très FÉMININE, qui joue les bourgeoises IMPERTINENTES et, n’ayons crainte de le dire, un brin DÉCALÉES. Partagées entre les ANNÉES 1950 et les SEVENTIES, les créations d’Olivier Strelli cultivent la SENSUALITÉ des coupes et des matières telles que le CUIR, le lin, la maille SECONDE PEAU, la SOIE ou le JERSEY qui enveloppe le corps comme une CARESSE textile. Histoire de marier SOPHISTICATION et extrême séduction.

9 Mais aussi… Leurs visions du beau sexe

Petite en périmètre, la Belgique a une certaine grandeur quand il s’agit de ses talents. Depuis quinze ans, la mère patrie  » accouche  » de designers doués… Chez A.F. VANDEVORST, l’éternel féminin est subtilement revu et corrigé, tandis que le romantique PATRICK VAN OMMESLAEGHE fait virevolter, de biais en drapés, ses caryatides HAUTES EN COULEURS. Bravo, aussi, aux SILHOUETTES SENSUELLES de JOSÉ ENRIQUE ONA SELFA, diplômé avec les honneurs de LA CAMBRE en 1999 et divin traducteur de nos FANTASMES VESTIMENTAIRES. Enfin, chapeau à VÉRONIQUE LEROY, chef de file du style KITSCHY-BITCHY en droite ligne du début des années 1980, et donc terriblement dans le coup cette saison.

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