Les défilés, c’est fini. Retour de Milan et de Paris après quinze jours de Fashion Weeks au soleil. Le printemps-été 2012, c’est déjà demain.

UNE TÊTE D’AVANCE

Peignez la frange, lissez les longueurs, glissez le lien de cuir sur la tête et nouez-le en camouflage de l’élastique qui retient la queue de cheval basse. Accessoirisez cette coiffure impeccable d’un trench-coat en peau siglé Hermès. Vous voilà parfaite pour l’été 2012.

A.-F.M

UNE LAME DE FOND

Le Grand Palais transformé en fonds marins, sous sa verrière hallucinante et majestueuse. Sur un sol virginal, pailleté, tout un océan blanc, ici un poisson, là un petit caillou, plus loin, un coquillage tourelle, une algue, des coraux, un hippocampe, une petite pieuvre et même des bulles transparentes prêtes à éclater. On croirait entendre le chant d’une sirène mais c’est une harpe qui glougloute. Une maison coquillage laisse échapper des jeunes femmes légères, perlées délicatement jusque dans le cou, c’est Chanel – et Karl Lagerfeld – qui met la dentelle d’algues, l’iridescence et les bourses méduse à l’honneur. Attention, new wave. Car il se fait que la mer et ses mystères en ont inspiré plus d’un, c’est l’été qui veut ça.

A.-F.M.

UN PIED CHAUSSÉ

C’est chaussées de mules que les fashionistas gambaderont, l’été prochain. L’accessoire, qui fait son grand come-back, se pare de rayures chez Fendi (photo). En velours, il prend des allures Ancien Régime chez Miu Miu. Chez Prada, ces légères sandales s’adjoignent une flamme qui s’étire à l’arrière du talon. De quoi rallumer le feu fashion face aux indétrônables compensées qui trustent les podiums depuis plusieurs saisons.

C.PL.

UNE MÈRE MAQUERELLE

Chez Manish Arora, c’est Rosa Elena Garcia Echave, dite Rossy de Palma, qui ouvre le bal. En mère maquerelle à l’air fichtrement sévère, carénée dans une robe préformée aux hologrammes scintillants – c’est la loi du désir. D’un geste autoritaire, tous tatoos dehors, elle place une à une ses filles carrossées bling dans un petit décor passé au bronze, chaise, table de bistrot avec amoncellement de théière, vase, soucoupes et tasses renversées, le joli bordel. Ne pas oublier que dans fashion show, il y a show.

A.-F.M.

DES BELGES

Un drapeau belge flotte mollement sur le pignon d’un hôtel particulier rue de Surène, Paris VIIIe. En façade, deux photos XXL signées Marleen Daniels, à gauche, du Theyskens (Olivier) et à droite, du Martin Margiela (Maison). C’est que son Excellence Patrick Vercauteren Drubbel, ambassadeur de Belgique en France, prête en ce soir du 5 octobre 2011 sa résidence pour fêter  » 25 ans de création en Flandre et à Bruxelles « , la traduction diplomatique d’un quart de siècle de mode belge. Que du beau monde, des créateurs noir-jaune-rouge, des Français qui aiment le plat pays et Jesse Brouns, journaliste freelance de Knack Weekend en concepteur de choc. Vive le Roi/ Leve de Koning.

A.-F.M.

UN ARC-EN-CIEL DE PASTELS

Les teintes flash cèdent la place l’été prochain à des nuances guimauve, douces et féminines à la fois. À l’instar de la collection Giorgio Armani (photo), un nuage de bleu ciel, de rose dragée et de vert d’eau se promènera dans les dressings, même si le vert émeraude et le jaune citron, réminiscences de la tendance color blocking de l’hiver, continueront d’avoir quelques adeptes…

C.PL.

UN BIS EN MOINS

La rumeur courait… Domenico Dolce et Stefano Gabbana ont annoncé l’arrêt de leur collection D&G. Dommage collatéral de la crise. La ligne bis sera dorénavant intégrée à la griffe principale, Dolce & Gabbana. Pour le dernier défilé du label, le duo italien a livré une dissertation autour d’un thème unique, le foulard. Un accessoire, transformé pour l’occasion en vêtement, en plein dans la mouvance Gipsy Queens qui fera les beaux jours de l’été 2012.

C.PL.

DES TAILLES DÉTAILS

L’embarras du choix ou trois tailles pour l’été, façon entre-deux-guerres, années 50 ou (à peu près) loin du corps. On ne se trompera donc pas si l’on opte pour des robes, ou des jupes, c’est selon, qui soulignent la taille à leur manière. Option 1 : très basse, sur les hanches en souvenir des flamboyances Art déco. Option 2 : sur buste menu, ajustée à hauteur du nombril et froncée pour une certaine ampleur et beaucoup de fraîcheur, vue chez Louis Vuitton (photo à droite). Option 3 : droite, pas vraiment marquée mais cependant architecturée, comme chez Balenciaga (photo en haut) par Nicolas Ghesquière. Tout est une question de démarche.

A.-F.M.

UNE PIÈCE MONTÉE

Pierreries, perles et sequins envahissent les looks, avec une nette préférence pour les détails dorés (photos de haut en bas et de gauche à droite : Roberto Cavalli, Versace et Balmain). Ça étincelle, ça blinque, ça en jette. Ou quand une robe se transforme en bijou. À côté de cette tendance bling, les adeptes de l’embellishment trouveront leur bonheur dans les broderies délicatement posées sur manteaux et robes, pour un effet 3D des plus appréciés.

C.PL.

UNE SOIRÉE AU CHÂTEAU

Fêter son centenaire dans la cour du Castello Sforzesco à Milan, il y a plus moche. Pour l’occasion, Trussardi 1911 a convié ses invités à un défilé nocturne, avec boîte à tartines remplie de zakouskis étoilés, pour patienter jusqu’au début du show. Umit Benan, créateur turc, coqueluche des rédactrices de mode et au passage nouveau directeur artistique de la maison, imagine des femmes voyageuses, aux airs de pilotes des années 30 et 40. Un vestiaire simple et confortable, et une mention spéciale pour les chemises aux manches négligemment roulotées.

C.PL.

UN FRONT ROW

Cela se presse sur des talons évidemment incompressibles, à moins d’un parjure. Cela traverse la foule l’air affairé, rien dans les mains si ce n’est un iPhone siglé et un carton d’invitation avec nom et prénom calligraphié. Cela sourit aux photographes qui s’époumonent très familièrement  » Anna, Anna  » voire  » Carine, Carine  » (*). Et puis quand enfin cela s’installe front row en croisant des jambes forcément interminables, le défilé peut alors commencer.

A.-F.M.

(*) Pour Anna Dello Russo (à gauche), fashion director at large au Vogue Japon et pour Carine Roitfeld (à droite), ex-rédactrice en chef de Vogue France et auteur de Irreverent paru chez Rizzoli juste à temps pour la Fashion Week parisienne.

UNE MARIÉE

Un sol quadrillé et décoré de gravillons façon Mondrian, pour Jil Sander, l’un des défilés les plus applaudis de la Fashion Week de Milan. S’y dégage une réflexion très couture autour de la pièce maîtresse du vestiaire de la griffe : la chemise blanche en coton. Retravaillée, elle évolue en jupe et robe sous le genou, pour dessiner une nouvelle silhouette, intelligemment coupée et marquée aux coutures. En guise de final ? Quatre longues et volumineuses robes virginales, pour une mariée fervente de minimalisme.

C.PL.

UNE IMPRESSION

C’est beau une ville la nuit. Surtout si elle est photographiée par James Reeve – peu importe que ce soit Londres, New York, Vegas ou Beyrouth, les fenêtres éclairées de leurs buildings constellent le ciel noir. Et c’est si beau que cela peut devenir un print totalement littéral. Avec Dries Van Noten, on n’est pas à un imprimé près. Dans l’ordre chronologique de son défilé, on a vu des gravures XVIIe siècle, façon jardin à l’italienne, en noir et blanc, puis la jungle, si verte, luxuriante et puis ces néons qui tracent les mots  » circus circus « , cette vue carte postale d’un pont lumineux ou ces trouées colorées dans des gratte-ciel à peine visibles. De là à rebroder ces petites taches de couleurs avec des strass ton sur ton, le créateur belge n’a pas hésité. Cela donne donc ceci, c’est confondant d’élégance, n’hésitez pas à zoomer.

A.-F.M.

UN REVIVAL

Après une inspiration seventies, la sphère fashion s’amourache de l’ambiance douce et policée des fifties. Et qui mieux que la griffe italienne Prada pour anticiper et traduire ce nouvel air du temps ? Des jupes pudiques coupées au genou, des plissés soleil, des bodys et brassières rétro, des teintes pastel, des manteaux aux épaules basses… Mais pas de mièvrerie qui tienne. Imprimés Cadillac et flammèches de moteur brodées sont là pour booster le moral et twister ce délicat répertoire.

C.PL.

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON ET CATHERINE PLEECK

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