L’acteur irlandais est l’atout charme de Love Is All You Need, comédie romantique de Susanne Bier qui l’a emmené en Italie, pour une histoire à la résonance toute personnelle… Séance émotion.

Pierce Brosnan allie le charme décontracté à l’élégance naturelle, à moins, bien sûr, que ce ne soit l’inverse. Le cadre du rendez-vous, une villa du Lido offrant un panorama d’où Venise se découpe en bout de lagune, semble avoir été dessiné pour lui. Avec un minimum d’imagination, on se croirait dans l’un de ces décors de cinéma qu’il habite depuis une trentaine d’années maintenant. Ainsi, encore, de Sorrente, écrin choisi où se déploie l’intrigue sentimentale de Love Is All You Need, le film de la cinéaste danoise Susanne Bier qui l’a amené à la Mostra. Mieux qu’un programme, le titre en résonnerait, à l’en croire, comme une profession de foi :  » L’amour, il n’y a que ça, et aujourd’hui plus que jamais, alors qu’agitation et confusion nous font perdre le fil et nous détournent de l’essentiel.  »

En première lecture, Love Is All You Need tient de la comédie romantique lambda, statut d’ailleurs assumé alors que le film s’emploie à rapprocher, sous les cieux hospitaliers du sud de l’Italie, deux êtres que tout sépare si ce n’est qu’ils ont été malmenés par l’existence – lui, par la mort de sa femme ; elle, par une chimiothérapie l’ayant laissée seule et démunie. Mais voilà, cette histoire, vous révèle-t-il, l’acteur y a vu comme un écho de la sienne. C’était en 1991, et la disparition de son épouse, Cassandra Harris, emportée par un cancer, devait le laisser au fond du trou.  » Pendant quelques années, je me suis senti comme ce personnage, à la dérive.  » Sa rencontre avec Keely Shaye Smith viendra modifier la perspective.  » Elle est entrée dans ma vie, j’ai résisté un temps et puis j’ai choisi de laisser aller. Depuis, elle est la colonne vertébrale de mon existence « , confie-t-il, au sujet de celle qui partage sa vie depuis 2001. Et d’encore évoquer  » le beau cadeau  » que lui a fait Susanne Bier en lui offrant ce miroir de son expérience.

Des cadeaux, le cinéma lui en a réservé d’autres. À commencer par le smoking de James Bond qu’il endosse au milieu des années 90, pour Golden Eye. S’il se refuse à évaluer ce qu’il a apporté à 007, on dira à sa place qu’il a su lui conférer une appréciable dose d’ironie – celle-là même qu’allait admirablement exploiter John Boorman dans le savoureux The Tailor of Panama -, sans lui faire perdre de son crédit pour autant. Quatre films plus loin, le célèbre espion le lui a bien rendu, sous la forme d’un passeport pour la postérité.  » J’éprouve une profonde gratitude d’avoir pu interpréter ce rôle. Quand j’ai vu Goldfinger à l’âge de 11 ans, la magie des films et l’ivresse du cinéma se sont emparées de moi, se rappelle- t-il. Et lorsque le producteur Cubby Broccoli est venu me trouver, ma défunte épouse avait joué dans For Your Eyes Only. Parfois, vous n’avez qu’à vous laisser porter par le destin.  »

Une disposition d’esprit qui lui vaut d’être visiblement épanoui, quand bien même le voyage n’a pas été sans cahots.  » Je suis pile à ma place. Avoir embrassé le métier d’acteur a été pour moi une bénédiction « , sourit celui que l’on vit encore dans Mars Attacks !, Mamma Mia ! ou The Ghost Writer, se remémorant ses 15 ans, lorsqu’il quittait l’école sans autre bagage qu’un portfolio rassemblant ses dessins et ses peintures. Aussi, à bientôt 60 printemps – le 16 mai prochain -, n’envisage-t-il pas sérieusement de se lancer dans autre chose :  » J’aime travailler, et à ce stade de ma vie, c’est un besoin. Aux côtés de ma famille et de mes enfants, ma plus grande satisfaction reste de pouvoir continuer à exercer cette profession avec une passion, un plaisir, et un désir intacts…  »

Love Is All You Need, sortie le 21 novembre.

PAR JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

 » PARFOIS, VOUS N’AVEZ QU’À VOUS LAISSER PORTER PAR LE DESTIN. « 

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