Barbara Witkowska Journaliste

Moins de plis sur les paupières, une peau ferme et tonique, une silhouette de jeune premier… Aujourd’hui, les hommes commencent à recourir à de mini-améliorations de leur physique. Même si les tabous ont encore la peau dure.

La beauté, pour les hommes, c’est d’abord affaire d’âme et de coeur. Certes, certes… Reste qu’il vaut mieux être beau et bien portant que moche et mal fichu. Et puis, aujourd’hui, la vie change, le contexte social vit de grands chambardements. L’univers professionnel s’est durci. Nous vivons plus longtemps. Il n’est plus rare, pour un homme, de refaire sa vie à 50 ans. Du coup, l’apparence physique compte davantage et l’homme, bon gré mal gré, se voit obligé de suivre le mouvement. Le premier signe de cette mutation est le vêtement. Se contentant, il y a encore peu de temps, de « basiques », l’homme se tourne, de plus en plus, vers une offre plus pointue.

Deuxième caractéristique de l’homme nouveau : il prend soin de son corps. On le rencontre dans les instituts de beauté ou dans les centres de thalassothérapie, on le croise dans des cabinets de médecins spécialistes en chirurgie esthétique. Régulièrement, la presse, surtout française, fait état d’un « grand bond en avant » des interventions esthétiques chez les hommes. Les médecins belges que nous avons interrogés sont formels: la chirurgie esthétique chez les hommes entre 40 et 60 ans est encore chez nous un phénomène marginal, plutôt stationnaire, ne dépassant guère 10 % de l’ensemble des interventions. Sauf pour le médecin sollicité par des hommes jeunes : mannequins, chanteurs, gays ou transsexuels, aux demandes très spécifiques.

Mise sophistiquée et corps pomponné, quel homme a recours à la chirurgie esthétique ?  » Les PDG, les chefs d’entreprise, les gens du spectacle, les hommes au contact social important, résume le Dr X. C’est un homme de 40 à 50 ans, financièrement très à l’aise. Sa femme est « casée » ou il en est séparé, ses enfants sont adultes et sa secrétaire plus jeune.  » Le même discours est tenu par le Dr Y pour qui le candidat à la chirurgie esthétique est fortement influencé par son milieu social.  » Les entreprises avec une origine américaine donnent le ton, explique ce dermatologue spécialisé en médecine esthétique. Le profil idéal de leurs cadres est un homme de 30-35 ans, débordant de santé et affichant une forme olympique : costume à la mode, brushing impeccable, du gel dans les cheveux. C’est un battant, dans le style de Bill Clinton. Pas de ventre, pas d’alcool, pas de cigarettes. Pour les représentants, c’est pareil. Les déjeuners ou les dîners bien arrosés, c’est fini. Aujourd’hui, on invite ses clients dans un centre de thalasso. Cette image de l’homme nouveau se répand dans le monde entier, même au Japon. « 

Lorsque l’homme prend la décision de pousser la porte d’un chirurgien esthétique, il le fait, en général, tout seul. A l’inverse des femmes qui agissent sous l’influence de leur entourage, sa motivation vient réellement de lui, elle est aussi plus mûrie. Ce qui ne signifie pas que tous les candidats pourront passer à l’acte. Certains praticiens n’acceptent qu’un homme sur quatre ! Les raisons de cette sélection sévère ? Fragilité psychologique, incapacité ou peur de gérer les conséquences d’une intervention, incapacité à exprimer clairement sa demande…

L’approche varie également selon les sexes.  » Une femme vient pour la beauté. Elle cherche à être soignée, à se sentir bien avec son miroir, explique le Dr Y. L’homme, en revanche, recherche la vitalité, la tonicité.  » Signes qui ne trompent pas: l’homme est un chasseur, vigilant à préserver tous ses moyens, tandis que la femme reste fidèle à son rôle d’appât, soucieuse de maintenir ses qualités … Révélatrices, également, les raisons évoquées pour passer à l’acte. Une femme dira:  » J’ai un certain âge, mais je veux encore plaire.  » La demande d’un homme se veut motivée par une  » raison  » : il demande l’enlèvement des petites verrues, parce qu’elles le dérangent pendant le rasage. Les paupières affaissées l’empêchent d’avoir une vision correcte…

Barbara Witkowska

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