Barbara Witkowska Journaliste

La mode ? Un perpétuel changement… La célèbre créatrice américaine d’origine vénézuélienne, elle, préfère les éléments constants : l’élégance, la sophistication et le luxe. Belle leçon de l’éternel féminin.

En vedette cet été ? La chemise blanche, en coton froissé ou en satin moelleux. Agrémentée de lacets ou de volants, pimentée par de délicates broderies, elle glisse sur le corps comme un voile de douceur et met le décolleté en valeur. Ajoutez-y un pantalon fluide, admirablement coupé. Il n’en faut pas plus pour afficher une élégance dynamique, ultrarelax. En version plus sex-appeal, la chemise accompagne une minijupe superbe de légèreté, coupée près du corps. Il y a aussi des tops asymétriques, un clin d’oeil au pop art, des tailleurs-pantalons mariant savamment structure et souplesse et de ravissantes robes à manches longues pour aller danser. Parfois, une large ceinture s’appuie lascivement sur les hanches : une séduction très branchée ! La palette de coloris est douce, d’un classicisme intemporel et évident. Le blanc flirte avec du gris perle, contraste avec le chocolat, adoucit, par petites touches, l’incontournable noir. Le soir, la soie s’embrase d’ambiances rouges, s’anime de fleurs stylisées. Les tops sont menus, les bretelles glissent sur des épaules qu’elles dénudent. En revanche, les jupes longues prennent de l’ampleur, pour une démarche en mouvement, dansante. Partout, la même douceur, le même romantisme, le même charme spontané. Une fois de plus, la nouvelle collection de Carolina Herrera est imprégnée d’un esprit simple, moderne et frais, et interprète magistralement son style chic et élégant, saupoudré d’un luxe discret et d’une féminité chatoyante.

Carolina Herrera est la parfaite ambassadrice de ses créations. Charmante, souriante et délicieuse, elle est aussi très simple. C’est donc avec une simplicité désarmante, qu’elle confie être née en 1939 à Caracas, capitale du Venezuela. Fille de grands propriétaires terriens, elle vit une jeunesse de conte de fées, au sein d’une famille prônant les vraies valeurs. Bien sûr, elle aime déjà les belles robes. Sa mère, son modèle, toujours irréprochable et féminine, lui a inculqué l’élégance au quotidien. Agée de 13 ans, elle vit son premier grand rendez-vous avec la mode, lorsqu’elle accompagne sa grand-mère à Paris et assiste au défilé de Cristobal Balenciaga, l’un des plus importants couturiers du XXe siècle. Plus tard, beaucoup plus tard, quand la mode deviendra son métier, Carolina Herrera sera toujours guidée par l’esprit architectural et rigoureux de Balenciaga. En attendant, elle embrasse la carrière de mère de famille épanouie. Un mari, quatre filles et  » La Vega « , une belle demeure bâtie en 1590 dans les environs de Caracas : de quoi avoir des journées bien remplies.

Sans voir le temps passer, Carolina Herrera atteint la quarantaine. Les filles ont grandi, elle a de nouveau du temps. La jolie blonde, animée par le goût des belles choses, envisage une activité artistique, le dessin des tissus, par exemple, et confie son projet à Diana Vreeland. Grande amie de la famille, la rédactrice en chef du  » Vogue  » américain, est une femme très influente. D’emblée, elle la pousse à aller plus loin, à dessiner une mini-collection de vêtements. Carolina Herrera relève le défi, même si elle n’a aucune formation dans le domaine de la couture.  » J’ai l’oeil, sourit-elle. C’est le plus important. J’avais une mère très cultivée, passionnée par l’art. C’est elle qui m’a appris comment regarder « . Les vingt modèles sont présentés au Metropolitan Club, à New York, en 1981. Féminins, pleins de douceur, ils reflètent l’élégance légendaire de la créatrice (elle est citée régulièrement sur les listes des femmes les mieux habillées au monde) et indiquent déjà son style qui ne sera jamais trahi au fil des ans.

Ce premier succès donne le départ d’un changement de vie. Toute la famille s’établit à New York, ville  » où il y a beaucoup d’énergie « . L’imagination de Carolina Herrera y sera nourrie par l’art contemporain, par la complicité avec des artistes les plus en vogue, Andy Warhol, notamment. Au fil des ans, sa griffe est adoptée par de nombreuses élégantes américaines. Puis vient l’envie de se faire connaître en Europe. Comment ? Grâce à un parfum. En collaboration avec la société espagnole Antonio Puig, elle lance, en 1988, Carolina Herrera, puis, en 1991, Herrera for Men. Son implication personnelle est importante dans la création de ces deux jus, car elle a de l’expérience dans ce domaine. Petite, elle aimait, en effet, créer ses propres parfums en mélangeant différentes essences et huiles aromatiques. Suivra 212 (indicatif de New York), une fragrance fraîche et urbaine, dédiée à sa fille Carolina Adriana (qui est aussi son bras droit) et, enfin, Chic, un sillage fleuri et transparent qui reflète admirablement son style vestimentaire. Parallèlement, la griffe Carolina Herrera connaît une belle expansion. Déclinée, aujourd’hui, en trois thèmes (décontracté, classique et prestigieux), elle est proposée dans sa propre boutique à New York. Des ouvertures de boutiques sont prévues prochainement en Espagne, au Portugal, à Londres et à Paris.

A 60 ans et des poussières, Carolina Herrera est une femme comblée, éclatante, en pleine forme.  » C’est vrai, je suis très heureuse. Ma vie professionnelle et familiale me comblent. Je vois mon esthéticienne, Janet Sartin à New York, une fois par semaine. Je ne bois pas d’alcool, mais consomme, en revanche, beaucoup d’eau. Quand j’ai un kilo de trop, j’arrête tout ce qui est blanc : le lait, la farine, les pâtes, le riz et les pommes de terre. Je vais vous confier aussi le secret de ma forme. C’est la discipline. J’ai toujours du temps, je ne suis jamais stressée. Ma mère disait toujours qu’il y a un endroit et un moment pour chaque chose. Cette idée m’a accompagné durant toute ma vie « .

Barbara Witkowska

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