Cette grande maison de l’arrière-pays varois en France déploie tous les charmes de la modernité : façades de verre et espaces décloisonnés. Sans rien de clinquant ni de prétentieux. Son concepteur a, au contraire, cherché à fondre son ouvre dans un majestueux décor grâce à un judicieux assemblage de lignes brisées.

Issu d’une famille de scientifiques, Michel Tortel, l’architecte-propriétaire de cette maison, développe très tôt un goût pour la recherche. Il entreprend des études d’architecte. Son diplôme en poche, il crée une société d’édition de luminaires puis son agence de design. Celle-ci connaît très vite ses premiers succès grâce à une ligne de luminaires dessinée pour Habitat et oriente parallèlement son développement vers l’espace et les projets urbains. En 2002, Michel Tortel crée une nouvelle entité entièrement dédiée à l’architecture et à la réflexion sur les espaces de vie. Cette entité signe des bâtiments industriels et la maison Mikado. Nichée au c£ur d’une forêt de l’arrière-pays varois, cette demeure est bâtie dans un style contemporain qui intègre toutefois les matériaux du pays : calcaire, tuiles canal, enduit traditionnel… Le bâtiment est constitué de deux niveaux, dont un semi-enterré, et d’un garage. Cette structure épouse les pentes du terrain et se fond dans le paysage grâce à ses murs végétalisés.

Fraîcheur en été, économie d’énergie en hiver

Pas moins de 1 000 m3 de roche ont été extraits pour enchâsser la maison dans la montagne. Cette disposition semi-enterrée crée une réserve d’air qui procure une fraîcheur constante en été et conserve les calories par temps froid. Le débord de toiture a été calculé pour que le soleil du matin cesse de frapper la façade vitrée avant midi en été mais réchauffe l’intérieur en hiver et au printemps lorsque la végétation est moins dense…

La mise au point des volumes a débouché sur une architecture d’apparence chaotique mais où chaque ligne se justifie par la mise en valeur du paysage. Ce chaos apparent est le fruit d’une volonté de mise en mouvement du bâtiment. La multiplication des angles et l’assemblage des peaux de verre permettent de multiplier à l’infini l’aspect de la maison en fonction de la lumière. L’architecte a créé ainsi des cadres axés sur le paysage, tantôt intimistes tantôt grandioses, afin de livrer chaque jour de nouvelles surprises. La façade principale, entièrement vitrée, réfléchit la forêt ou la laisse voir en transparence. La gamme des couleurs employées est neutre afin que la maison vive au rythme des saisons.

A l’extérieur, le bois est prioritaire. A l’intérieur, l’architecte lui a préféré le béton poli, frais en été, chaud en hiver grâce au sol chauffant. Le bâtiment, conçu pour accueillir une famille avec de jeunes enfants, fait la part belle aux espaces collectifs sur deux niveaux privilégiant les îlots techniques, organisant une libre circulation tout autour, multipliant les effets de lumière et de perspective. Il n’y a pas de sous-espaces séparés. Un bureau a été installé dans la zone semi-enterrée pour favoriser la concentration et utiliser la lumière tamisée. Le salon haut est un peu en dessous de la cime des arbres ce qui donne l’impression d’être posé sur la canopée lorsque l’on y est assis. De même, la piscine a été aménagée dans la pente rocheuse et, côté vide, on a la sensation de nager dans les arbres avec en toile de fond les montagnes qui surplombent la mer du golfe de Saint-Tropez…

Cette maison est pensée comme une suite architecturale de plateaux sensoriels, liés entre eux par des objets-murs.  » Je couvre pour protéger du soleil et je chemine dedans dehors pour contempler « , explique son concepteur. Belle philosophie…

Carnet d’adresses en page 112.

Reportage : Arnaud Rinuccini

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