Bourgeoise et saltimbanque, solitaire et clanique, la photographe parisienne met en scène ses clichés dans neuf vitrines du très chic grand magasin Printemps, à Paris, et dévoile sa vision de la féminité. Chacune d’elles sera dédiée à un créateur de mode : Ann Demeulemeester, Balenciaga, Chloé…

Un livre qui vous tient à c£ur ?

Dernièrement, j’ai replongé dans Opération Shylock : une confession de Philip Roth. On y découvre la folie fascinante de cet écrivain américain, l’étrangeté de sa vie et de son £uvre. Je peux relire un roman vingt fois d’affilée. Je m’en imprègne, comme s’il s’agissait d’un tableau…

Un plat d’enfance ?

Le fiadon. Un gâteau que je mangeais en Corse, dans la maison où je passe toutes mes vacances depuis ma petite enfance. C’est un cake au fromage, un peu spongieux et très sucré. À l’époque, je n’avais pas le droit de manger du sucre à cause de mes problèmes de poids. Mais quand il arrivait sur la table, on m’en donnait toujours un bout. C’était mon péché absolu.

Un tableau ?

La Vieille Italienne de Géricault. C’est un gros plan de femme avec un fichu blanc sur la tête. Cette toile a inspiré une de mes séries de photos. J’ai travaillé à partir de reproductions, sans avoir jamais vu l’original. La semaine dernière, je suis allée au musée Malraux du Havre et je me suis retrouvée nez à nez avec le tableau : une rencontre inattendue et émouvante.

Une révolte ?

Je déteste les réactions de haine. Mais il s’agit davantage de chercher à les comprendre et à y remédier que de les nier.

Un personnage historique ?

Joffrey de Peyrac dans Angélique, marquise des Anges. J’en ai été amoureuse pendant toute mon enfance. J’aurais voulu être comme lui : savoir transformer du plomb en or, vivre sur un bateau comme un aventurier, un pirate.

Un juron ?

 » Sac à papier !  » Je le disais tout le temps avec mes copains de l’école alsacienne. Ça voulait tout dire : merde, putain…

Un moyen de transport ?

J’adore découvrir des pays, mais je déteste les transports ! La voiture me fait peur, le train m’énerve – il fait trop chaud ou trop froid ; il y a des gosses qui crient… -, je n’aime pas l’avion parce que, au contrôle, on doit enlever ses chaussures, ouvrir ses sacs… Je rêverais d’être télétransportée…

Un personnage du sexe opposé ?

Matthieu Ricard, moine bouddhiste, photographe et traducteur français du dalaï-lama. J’ai eu l’occasion de le rencontrer : il m’a touchée, impressionnée. Je ne suis pas croyante, mais sa pensée, ses maximes m’accompagnent, comme celle-ci :  » J’apprécie les provocations destinées à déstabiliser, car, si elles sont fondées, il faut sincèrement en tenir compte. « 

Un gros défaut ?

Je suis impatiente. Je m’emporte facilement et puis je le regrette. Je suis aussi une hyperactive : si je reste plus de cinq minutes sans rien faire, je culpabilise… Mais, avec le temps, je me corrige.

Printemps, 64, boulevard Haussmann, à 75009 Paris. Jusqu’au 26 mars prochain.

PAOLA GENONE

Je m’emporte facilement et puis je le regrette.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content