Après deux ans de travaux, la construction du nouveau Théâtre National est enfin achevée. Derrière sa majestueuse façade de verre se cache une infrastructure scénique impressionnante. Avec Weekend, découvrez en avant-première ce temple de l’élégance et de la sobriété.

Une grande salle de 750 places, une seconde, plus petite, de 250, une vraie salle de répétition, des foyers baignés de lumière, deux bars et un restaurant répartis sur cinq étages… Au 111 du boulevard Emile Jacqmain, à Bruxelles, le nouveau Théâtre National est fin prêt pour entamer la saison, dès le mois de novembre prochain. Weekend vous invite à le découvrir en avant-première.

 » Les architectes, Marc Lacour, Pierre Van Assche et Olivier Bastin ont réussi a créer un véritable outil du XXIe siècle, en totale adéquation avec un art en constante évolution, déclare non sans fierté Philippe van Kessel, le directeur du Théâtre National de Belgique. Cet espace théâtral contemporain, à la mesure de ses missions de production, de création et d’accueil de spectacles bénéficiera de performances multiples. Son habillage conjugue la fluidité, la lumière, la transparence et l’idée d’un coup de projecteur permanent sur l’extérieur. Une belle manière de montrer un théâtre ouvert sur le monde.  »

Ce chantier colossal constituait un véritable challenge pour les architectes.  » Nous étions très motivés, précise Olivier Bastin. On n’a plus construit de bâtiment neuf exclusivement dédié à l’exercice d’une activité théâtrale en région bruxelloise depuis la création du Théâtre Royal du Parc. Cette mission était donc d’une grande complexité. Nous avons essayé de projeter l’univers du théâtre dans le XXIe siècle et de bâtir un outil hyperperformant. Il s’agissait d’un programme extrêmement complexe du point de vue technique. Cette démarche nous a grisé parce que c’est précisément la technique qui permet de donner naissance au spectacle.  »

Difficile, lorsque l’on se balade sur le boulevard Jacqmain, de ne pas succomber au charme des jeux de transparences de la haute et élégante façade de verre de ce nouveau temple de la culture.  » Nous souhaitions que la façade transmette l’énergie de la vie intérieure du bâtiment, précise Olivier Bastin. Le verre transparent s’est tout naturellement imposé par rapport au verre miroir habituellement utilisé en construction qui, lui, réfléchit l’extérieur sans laisser voir se qui se passe à l’intérieur. Etant donné que le Théâtre National se situe entre deux autres bâtiments, la logique de sa façade est différente de celle d’un théâtre construit sur une place ou un espace dégagé. Les façades des bâtiments situés le long du boulevard comportent des éléments saillants tels que des balcons ou des colonnades et, pour respecter cette impression de relief, nous n’avons pas réalisé une surface parfaitement plane. Pour lui donner de la texture, nous avons ajouté des lames de verre perpendiculaires.  » Pour animer les parois de verre, certaines vitres ont un aspect givré. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que cet effet provient de l’impression de texte en lettres blanches à la surface du verre. Il s’agit tout simplement des milliers de caractères composant la convention qui lie la Communauté française à l’entrepreneur. Surprenant et très esthétique.

Lorsque l’on pénètre dans l’espace d’accueil, les murs immaculés et le sol en béton brut baignés par la lumière du jour dégagent une impression de sérénité absolue. De part et d’autre de la pièce, les comptoirs laqués blanc des vestiaires et de la billetterie sont éclairés par le bas pour en dynamiser les lignes fluides. Des accès en pente douce et une cage d’ascenseur en verre transparent permettent aux personnes moins valides d’accéder aisément aux différents espaces et salles du théâtre. Au fond, de larges marches en bois blond mènent aux foyers. Sur la droite, des gradins en bois ont également été prévus pour s’asseoir et discuter ou pour accueillir des petits spectacles. Au premier niveau, le foyer principal comprend un grand bar aux formes tout en courbes voluptueuses. Partout, la lumière est omniprésente. A l’étage supérieur, le second foyer accueillera un restaurant accessible dès le matin, à l’heure du petit déjeuner. Au plafond, une véritable forêt de tiges métalliques terminées par une ampoule électrique anime l’espace. Ludique et efficace.  » Au fur et à mesure de l’avancement du projet, nous avons eu la conviction de ne pas avoir à nous prononcer sur la théâtralité du lieu, ajoute Olivier Bastin. Ce sont les futurs occupants du théâtre qui lui insuffleront sa dimension théâtrale. Nous avons donc adopté une position de retrait afin que l’équipe du Théâtre National se sente à l’aise pour s’exprimer. Ce sont les gens de théâtre qui donneront véritablement vie au bâtiment à travers les costumes, les animations, les affiches, le mobilier…  »

Au premier niveau, deux larges portes en bois Wengé donnent accès à la grande salle. Le contraste est saisissant. Les espaces blancs dédiés au culte de la lumière cèdent le pas à des murs noirs plutôt bruts de décoffrage. Les architectes et les scénographes ont résolument opté pour la sobriété. Ici, pas de place pour les fioritures. Le regard du spectateur doit se focaliser sur la scène et le talent des artistes. Pas question de l’en distraire.  » Nous avons opté pour une position forte, précise Olivier Bastin. De très beaux spectacles se sont créés dans la rue, sur des places publiques ou encore dans des lieux récupérés. Nous voulions simplement créer l’outil le plus performant possible. La grande salle est un espace à géométrie variable qui offre de nombreuses possibilités. Le public pourra par exemple être sur la scène alors que les acteurs seront dans la salle et vice-versa. Pour assurer la continuité entre la scène et la salle nous avons créé une atmosphère très obscure dans sa globalité. L’ambiance de la salle sert d’amorce au spectacle.  » La scène, elle, est impressionnante : plus de 20 mètres d’ouverture pour plus de 10 mètres de hauteur et quelque 424 m2 (gradin fermé) ou 638 m2 (gradin ouvert). Au second niveau, la petite salle, à l’ambiance plus chaude et conviviale, peut accueillir 250 spectateurs sur ses gradins en courbe. A part quelques éléments en bois clair sur les murs, tout est peint en noir. Ici aussi, c’est le spectacle qui est en vedette.

Grâce aux talents conjugués de ces trois architectes audacieux, l’équipe du Théâtre National dispose désormais d’un superbe outil de travail. Plus que quelques semaines à attendre avant l’inauguration officielle et la première représentation….

Weekend Le Vif/L’Express vous tiendra, bien sûr, informés de la programmation complète du Théâtre National dans une toute prochaine édition.

Serge Lvoff – Photos : Marc Detiffe

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