Devenir millionnaire avec rien. C’est le rêve de tout un chacun et ce n’est pas mission impossible. La preuve avec Alex Tew, vendeur de pixels sur le Net.

A première vue, le site www.milliondollarhome page.com ressemble à un patchwork énigmatique. Coloré, rigolo, bordélique. Aucune raison de s’y attarder donc… si ce n’est que l’adresse en question vaut plus de 800 000 euros ! Et là, ça devient franchement intéressant. Forcément. Car chaque petite case visible à l’écran a en effet été achetée par un particulier ou par une société pour faire passer un message ou, plutôt, pour guider l’internaute vers un autre site de la grande Toile mondiale. Certes, le concept est d’une banalité confondante, mais son originalité inédite a rapidement valu à son auteur le statut de businessman fortuné. Flash-back : août 2005, le jeune Alex Tew est tranquillement allongé sur son lit et se demande comment il va bien pouvoir financer ses études à l’université. Ce Britannique de 21 ans à peine est alors frappé par une idée lumineuse :  » Et si je créais un site baptisé www.milliondollarhomepage.com sur lequel je vendrais chaque pixel de ma page d’accueil au prix de 1 petit dollar ?, se demande-t-il calmement. Avec une page classique d’un million de pixels, je pourrais devenir théoriquement millionnaire…  » Bien sûr. A l’heure où chacun peut facilement créer, à moindre coût, son propre site Internet, le concept est carrément gonflé, pour ne pas dire foireux. Et pourtant, contre toute attente, la sauce prend rapidement. Partant du principe qu’un pixel est, par définition, quasi invisible à l’£il nu et qu’une image exige, au minimum, un bloc de dix pixels sur dix pour être lisible, Alex Tew commence donc à vendre des parcelles de cent pixels à 100 dollars pièce, soit environ 85 euros… pour un espace de 10 mm2 à peine ! Quelques clients (un peu fous ?) mordent à l’hameçon et le jeune étudiant diffuse alors un communiqué de presse sur le Net relatant sa modeste aventure. Le buzz est lancé, les commandes affluent et, quatre mois seulement après l’inauguration du site en question, 95 % des pixels disponibles sont achetés. Traduisez : l’homme d’affaires en herbe est aujourd’hui (presque) millionnaire. Avec rien. Du vent. Du culot. Du virtuel. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître qui suscite, bien évidemment, la convoitise. Depuis, d’autres petits rigolos ont carrément pompé le concept et se sont aventurés dans des initiatives similaires ( www.milliondollarwebpage.com, www.millionpennyhomepage.com,…), tandis que des  » filiales  » se développent même sur le site de référence. Ainsi, à l’adresse originale de Alex Tew, on trouve, par exemple, un petit drapeau belge de moins d’un cm2 qui renvoie directement à l’adresse www.pixelwebsite.be où, là aussi, les internautes peuvent acheter de l’espace publicitaire en lien direct avec leur propre site. Le principe des poupées russes lucratives adaptées à Internet, en quelque sorte. Troublant, le succès de ce jeune étudiant britannique n’est pas sans rappeler celui d’une certaine Karyn qui avait inauguré, il y a un peu plus de trois ans, le site www.savekaryn.com pour demander aux gens de participer au remboursement de ses dettes  » modeuses  » ( lire Weekend Le Vif/L’Express du 18 octobre 2002) ! Certes, la jeune femme n’offrait rien en retour, mais là aussi, le culot avait payé. Avec son www.milliondollarhomepage.com, Alex Tew donne, quant à lui, un soupçon de visibilité sur la grande Toile mondiale. Un espace totalement ridicule lorsque l’on prend en considération les milliards de pages disponibles sur le Net, mais un espace privilégié et chèrement dopé par l’effet d’originalité. Bref, des pixels infiniment petits sublimés dans l’infiniment grand et qui font inévitablement penser à ces marchands de vraies étoiles présents eux aussi sur la Toile (au hasard www.nameastarspacelaunch.com). Dans les deux cas de figure, le sentiment de propriété est réel ; l’illusion, totale. Bien joué.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même  » de Jean-Pierre Hautier sur La Première (RTBF radio).

Frédéric Brébant

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