Barbara Witkowska Journaliste

Des algues rares, de la soie, de l’or… Des actifs de plus en plus insolites et coûteux sont incorporés dans les produits de beauté. Zoom sur les nouveaux soins de jouvence très haut de gamme.

Les lignes  » premium  » (comprenez  » pur luxe « ) se multiplient dans les rayons des parfumeries. A qui s’adressent-elles ? A priori, à des clientes aisées qui ne veulent que le top du top. Mais pas seulement. Selon le très sérieux  » Women’s Wear Daily  » (*), elles visent « une femme qui approche de la quarantaine, qui s’inquiète de vieillir et qui n’hésite pas à payer pour obtenir de la qualité ». Galvanisés par ces conclusions, les laboratoires Estée Lauder viennent de lancer le coffret Re-Nutriv re-naissance. Ce soin, décliné en version crème de jour et crème de nuit, est tourné vers l’utilisation optimale du calcium par la peau. Sa formule contient les ingrédients les plus rares, dont l’algue Padina, 74 oligoéléments originaires de l’île d’Okinawa, ainsi que de l’eau des profondeurs océanes, puisée à 2 000 pieds. Que fait-elle ? Elle minimise la déshydratation le jour en déclenchant la production de lipides et stimule la réhydratation la nuit. Les formules sont tellement performantes et complètes qu’elles se suffisent à elles-mêmes. Il n’est pas nécessaire d’utiliser de soins complémentaires, par exemple un sérum, pour  » lifter  » la peau et sublimer la transparence du teint. Le prix (950 euros pour le coffret) est justifié, selon la marque, par l’excellence de ces principes actifs, dont certains valent quelque 25 000 euros le kilo.

Une crème qui vaut de l’or

Helena Rubinstein redécouvre l’or dans la pharmacopée chinoise. Saviez-vous que les médecins de la cour impériale saupoudraient la peau de particules d’or, appelées Jinbo, pour la nettoyer des agressions extérieures, pour nourrir et vitaliser le sang ? L’or stimule la microcirculation et réveille l’éclat. Il booste aussi les énergies positives. Bref, il  » élimine le pernicieux et éradique le toxique « . Pour concevoir Gold Future, les laboratoires Helena Rubinstein, tel un alchimiste, ont transposé l’or au présent, en  » créant  » l’or colloïdal ou l’or micro-actif. La formule, top secrète, a consisté à mettre au point des particules tellement infimes qu’elles deviennent parfaitement bio-assimilables par les cellules de l’épiderme. Elles agissent en synergie avec l’algue extrêmophile et avec une nouvelle forme de la vitamine C, plus stable. Ce cocktail high-tech régénère les cellules, protège des radicaux libres et fait rayonner la peau. Le parfum de Gold Future, lui, nous entraîne dans le sillage de la route de l’or, des épices et de la soie. La fragrance se teinte d’accents d’agrumes puis se gorge d’odeurs sensuelles et opulentes de jasmin, de fleur d’héliotrope et de fleur de lys (130 euros).

Agrumes et thé vert contre les taches

Depuis 1987, le caviar est un des composants à succès de La Prairie, prestigieuse marque de cosmétiques au label suisse. Dans les deux nouveaux produits ciblés antitaches, il n’y a pas de caviar, mais toute une panoplie d’ingrédients naturels, triés sur le volet. Leur richesse et leur concentration extrême, en font des soins d’exception. En vedette ? Une forme très pointue de la vitamine C, hautement stabilisée qui inhibe la production de mélanine et atténue la couleur brune des taches. Ensuite ? Une  » salade  » géante (pomme, pois, soja, maïs, canne à sucre, érable, orange, concombre), fournit à la peau tout le nécessaire pour qu’elle soit éclatante de santé. Il y a aussi quelques trésors des fonds marins (extraits de plancton et d’algue) qui apportent de l’énergie et forment le bouclier contre les radicaux libres. La cerise sur le gâteau ? Quelques pétales d’hibiscus. Ils n’ont pas leur pareil pour lisser et velouter la peau. Cette recette irrésistible est interprétée, avec de légères variantes, dans un sérum et dans une crème. Le Sérum Cellulaire Anti-Pigmentation a une concentration optimale et s’utilise en premier lieu. La Crème Cellulaire Anti-Rides, un soin de nuit, complète non seulement le sérum mais prolonge son action rajeunissante. Les deux s’appliquent sur le visage, le cou et le décolleté (le sérum : 158 euros, la crème : 180 euros).

La soie pour l’éclat

Chez Shiseido, la ligne Clé de Peau, c’est le must absolu. Née en 1982, La Crème est sans cesse reliftée et discrètement reformulée pour rester au top des découvertes technologiques. En revanche, ni le pot, ni le nom ne changent pas. On ne touche pas au mythe. Quoi de neuf dans la dernière formule ? Ce sont les travaux du prix Nobel de chimie 2003 sur les canaux ioniques qui ont interpellé les chercheurs nippons. Ces canaux ioniques, présents dans les cellules épidermiques, transmettent à la peau les informations (les émotions, la fatigue, le coup de blues…) en quelques minutes. Et voilà pourquoi, suite à un choc émotif ou une grosse fatigue, la peau se chiffonne, le teint se grise et les traits sont comme tirés. Or, les scientifiques ont trouvé comment réguler ces voies de communication entre les cellules : grâce à une protéine issue de la soie. Elle va contribuer à la sérénité de la peau. Ajoutez-y des ingrédients anti-âge hors pair et un bouquet de plantes savantes et, après quatre semaines d’utilisation, vous aurez – 12 % de rides et + 21 % de fermeté (450 euros).

Le corps superstar

La Crème de La Mer recèle des propriétés régénérantes exceptionnelles. La formule a été déclinée en soin contour des yeux, en baume pour les lèvres et en crème pour les mains. Il manquait un soin pour le corps. Le voici. Ce qui vaut son prix ? Toujours le même cocktail d’algues bio-fermentées selon un procédé ultrasecret mais aussi un tout nouveau complexe de micro-algues, dont un plancton riche en acides gras Oméga 3. Parfaits : le pot sans chichis, le parfum subtil et la texture divine qui laisse la peau parfaitement hydratée et soyeuse (224 euros). Le soin Elixir des Glaciers Votre Corps de Valmont, lui, est encore plus cher. Comment le prix est-il justifié ? Par l’ultrafraîcheur de ses actifs recueillis en un temps record et envoyés par DHL au laboratoire de fabrication en Suisse. Sans oublier les matières premières coûteuses comme l’ADN, extrait de la laitance de saumon sauvage du Canada, selon les normes strictissimes établies par le gouvernement canadien. Pour garder sa fraîcheur et, donc, son efficacité optimale, le pot se conserve au frais. Le délai d’utilisation ne doit pas dépasser six mois (370 euros).

(*) Cité par  » Le Point « , n° 1726 du 13 octobre dernier.Carnet d’adresses en page 80.

Barbara Witkowska

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