Les créateurs arrondissent les angles et retrouvent le goût des formes inspirées des années 1950. Ces jeux de volume chers à Balenciaga se prêtent désormais à toutes les métamorphoses.

Difficile d’y échapper cette saison ! En molleton façon jogging chez H&M, en toile kaki chez APC ou en taffetas de soie moirée chez Loulou de la Falaise, les volumes  » boules  » font un retour en force dans la mode qui poursuit sa relecture des années 1950. Avec deux ans d’avance, Nicolas Ghesquière ouvrait le bal chez Balenciaga en rééditant, en 2004, une robe  » ballon  » de 1960 et en associant cette forme empruntée à la haute couture à un bombardier en cuir. Pour le printemps-été, le directeur artistique de la griffe épure le trait avec des robes d’un blanc optique aux rondeurs tempérées. Un hommage moderne au maître espagnol de la coupe qui présente sa ligne  » cocon  » à l’ampleur rattrapée vers le bas en 1947, l’année où Christian Dior triomphe avec le new-look.

A quelques semaines de l’exposition Balenciaga Paris, organisée du 6 juillet prochain au 28 janvier 2007 au musée parisien de la Mode et du Textile (la plus grande manifestation consacrée à la maison depuis 1973), les volumes radicaux du couturier inspirent plus que jamais les créateurs comme, par exemple, l’Australien Martin Grant.  » Je cherche à expérimenter des formes en n’oubliant jamais de servir le corps, précise le créateur installé à Paris. Les jupes boules peuvent tasser la silhouette et sont plus flatteuses avec la taille haute.  » Sa version est en taffetas de soie cassant,  » pour la tenue et l’idée d’un mouvement aérien « . L’un des modèles les plus copiés du moment est celui de Stefano Pilati chez Yves Saint Laurent qui exagère la rondeur des hanches et entrave la ligne au-dessus du genou. Un volume cher au maître Saint Laurent et ses jupes tulipes de 1962 ou ses robes boules de cocktail de 1990.

En soie ombrée sanglée d’une obi (Alber Elbaz pour Lanvin), en coton blanc peint à la main dans un esprit dolce vita (Bottega Veneta), en version longue  » grand soir  » (Giambattista Valli) ou drapée à l’antique (Sophia Kokosalaki)… Chacun y va de son interprétation dans ces jeux de construction qui jalonnent l’histoire de la mode, sur fond de références à Audrey Hepburn habillée par Hubert de Givenchy, aux robes de cocktail fuchsia ou bleu électrique des années 1980 et aux volumes expérimentaux des créateurs japonais.  » J’aime cette idée de rondeur, d’un registre féminin, explique Serge Cajfinger, créateur de Paule Ka, dont le plus gros succès du moment est une robe bustier effet boule en satin de soie blanc et noir. J’ai voulu associer cette forme au dessin le plus simple possible, pour l’inscrire dans une histoire moderne.  » Couture et fétichisme fusionnent dans sa surprenante minijupe boule en latex. Une façon de dédramatiser l’esthétique sophistiquée de la jupe boule en la présentant mains dans les poches.

Anne-Laure Quilleriet

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