Barbara Witkowska Journaliste

Une maison-vaisseau posée au coeur des paysages paisibles du Brabant wallon. Chez Guy François, on navigue avec bonheur entre sa passion des bateaux et des tissus.

Dès l’entrée, c’est le dépaysement: des maquettes de bateaux, accrochées au plafond par des fils invisibles, semblent placées là comme une invitation aux longues traversées. En déambulant sur une passerelle aérienne, on remarque des compas, des accessoires et des outils de bateaux anciens, en bois, en cuivre ou en laiton. Même si leur fonction n’est pas toujours évidente pour un profane, ils séduisent par leur âme artisanale et mystérieuse.

La maison de Guy François, vaste, lumineuse, aérée, flanquée d’une terrasse de 30 mètres longeant toute la façade, est un endroit qui incite à l’évasion. Construite il y a sept ans par l’architecte Jean Bodart, elle a été voulue  » simple comme un bateau « , essentielle et fonctionnelle.  » Avant, j’habitais une ferme, explique le maître des lieux. Les plafonds étaient bas, la luminosité faible, l’ambiance cosy et confidentielle. En avançant dans le temps, la lumière commence à devenir essentielle, on a envie d’ouvrir les fenêtres, on a besoin de regarder au loin.  » On apprécie aussi de s’entourer de matériaux authentiques, de  » valeurs sûres  » comme la pierre, le bois et le tissu de qualité.  » Professionnellement, on se perd un peu, aujourd’hui, poursuit Guy François. Une maison est un nid. Elle doit être conçue comme une concrétisation de tous les rêves, de toutes les envies et ambitions, un endroit d’authenticité où chaque objet a une histoire, rappelle un souvenir. Une maison ce n’est pas qu’un chèque. « 

Bruxellois d’origine, Guy François passe son enfance dans une ambiance où flotte un parfum d’aventures en mer. Son père, patron des  » chantiers François  » à Wemmel, construit des bateaux. Artisan dans le vrai sens du terme, toujours en avance sur son temps, il se forge une belle réputation d' » inventeur de solutions  » et ce, sans jamais avoir pris la mer! Pour Guy François, en revanche, la navigation est vitale. A 20 ans, il s’offre sa première goélette à deux mâts, un vrai  » bijou  » mais aussi … un gouffre financier. Heureusement compensé par son sens aigu du commerce et son flair infaillible. Son parcours professionnel dans le textile, le mène, par hasard, à s’intéresser aux tissus déclassés, rejetés des collections. Petit à petit naîtra le concept du  » Chien Vert « , le célèbre magasin de tissus à prix doux, à Bruxelles, d’abord, à Liège ensuite.  » Le Chien du Chien « , le dernier-né de la mini-chaîne, est dédié aux tissus haut de gamme: soieries lyonnaises, jacquards espagnols…

Accompagnée de vents favorables, la vie professionnelle de Guy François n’a cessé de cingler vers le succès. Le temps est alors venu de s’occuper de la maison de ses rêves, cet impressionnant  » vaisseau  » de briques, ouvert à tous les horizons. Pour le faire chanter et vibrer, il lui a offert une décoration intérieure empreinte d’un grand souci de rigueur, de simplicité  » sans chichis « . Un style clean, classique et traditionnel, sans froideur. Deux grandes tendances y cohabitent et s’entremêlent: d’un côté, une attirance pour les tissus et, de l’autre, un goût très sûr pour les objets. Guy François regarde sa maison avec l’oeil d’un spécialiste des tissus: il drape les fenêtres, habille les fauteuils et canapés, nappe les tables, couvre les lits… en jouant de couleurs vives ou passées, de matières soyeuses, nerveuses ou moelleuses, savamment assemblées et façonnées. Les objets, chinés avec amour, affichent, tous,  » un supplément d’humanité  » et procurent une émotion quasi physique. Dans ce décor-refuge, Guy François a joué les contrastes. Les meubles, qu’il a disposés sur un fond de blancheur apaisante, sont tous à dominante foncée. Armoires, lits, commodes, parfois rachetés aux copains sur un coup de coeur, sont isolés, de façon à être parfaitement mis en valeur. Dans le salon, les fauteuils et les canapés disparates, chinés aux puces, ont retrouvé une seconde jeunesse et une  » bonne mine  » grâce à des tissus contemporains, déclinés dans des tons roses et beiges, doux et poudrés. Au centre, un ancien lanterneau de bateau a été transformé en une originale table basse. Des contrastes plus audacieux ont été créés dans les chambres et dans la cuisine. Dans la chambre de Guy François, un mur peint en vert tilleul s’inspire de la peinture chinoise. Dans la chambre d’amis, des bleus et des turquoises puissants tranchent sur des murs immaculés. Dans la cuisine, les placards habillés d’un insolite mauve-parme flirtent avec le gris des carrelages. Dans ce cadre tendre et romantique, une table de jardin pleine de caractère, en chêne et en fer forgé, accueille les dîners en famille. Des contrastes toujours dans la salle à manger  » officielle  » où une table en verre, très actuelle, s’entoure de chaises 1900. Tableaux, objets marins, sculptures jouent un rôle ornemental de premier plan. La statue déposée sur la table est l’oeuvre de Margherita Caballero, artiste péruvienne. Son mari Alain Douay, artisan et constructeur de bateaux, a peint la toile  » La Route d’Albert « , accrochée dans le petit salon, à côté de l’entrée. Dans cette maison lumineuse se côtoient, à la fois, les rêves de large les plus insolites et une envie de jeter l’ancre dans un îlot de paix.

Barbara Witkowska

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