L’institution fait partie du paysage culturel brugeois. Mais les fondateurs de cette maison de production et de distribution de films ont des ambitions qui dépassent aujourd’hui largement les enceintes de la ville.

Depuis deux ans, Elsie Roose est general manager du cinéma Lumière à Bruges. Les fondateurs, Jan De Clercq et Alexander Vandeputte, n’ont plus le temps d’assumer cette fonction. Il faut dire que les deux gars ont le sens des affaires. Il y a seize ans, ils ouvraient une petite salle, dans la Venise du Nord. Très vite, la capacité d’accueil passait à trois cents sièges… De fil en aiguille, la société Lumière Publicing a dépassé sa vocation locale et ouvert des bureaux à Gand et Amsterdam. La boîte distribue des films en salles, en DVD et mise en parallèle sur la télévision. Lumière posséde ainsi les droits de séries scandinaves telles que Wallander, pour le Benelux. Le duo s’est aussi lancé dans la production et va entamer celle d’une série internationale, The Team.

Tout cela étant, l’activité de la maison de la Sint-Jakobsstraat ne représente plus que 3 % du chiffre d’affaires ! Pourquoi dès lors la maintenir en vie ?  » Parce que c’est leur bébé, suggère Elsie Roose, autrefois « simple » bénévole de l’association De Vrienden van Lumière. Et parce que Bruges a besoin de ce lieu.  »

A l’origine, le Lumière se consacrait aux oeuvres d’auteur, mais progressivement, les choses ont évolué.  » Nous proposons désormais également des titres grand public, certains étant en même temps à l’affiche de Kinepolis. Mais des longs-métrages tels que Pirates des Caraïbes ne seront jamais présentés chez nous !  » Ce virage commercial, la manager le justifie :  » La digitalisation a nécessité de lourds investissements. Nous voulons donc attirer du monde. Par ailleurs, face aux iPad, DVD et consorts, il faut convaincre les gens autrement. Même Kinepolis organise des Lady’s Nights dédiées aux femmes ou des après-midi Seniors avec tasse de café offerte…  » Elsie Roose, elle, a développé, l’an dernier, une action en collaboration avec les comités de quartier, qui avaient reçu de la ville des  » chèques-été  » afin de financer l’organisation de fêtes. Elle leur a suggéré de mettre sur pied, dans ce cadre, quatre séances…  » Nous avons eu neuf cents inscriptions pour la première édition, se réjouit-elle. Nous nous sommes principalement focalisés sur les jeunes, avec une programmation adaptée et un prix avantageux pour la dernière séance.  » Toujours dans l’optique de cibler d’autres spectateurs potentiels, le Lumière s’est associé avec une boutique de mode pour organiser une première, réservée à la clientèle.

Face à la concurrence, le Lumière, dont les tarifs sont inférieurs aux géants du grand écran, ne souhaite toutefois pas devenir  » un parc à thème « .  » Récemment, j’ai interrogé de jeunes adultes sur le fait qu’ils optent plutôt pour une autre enseigne que la nôtre, raconte la gestionnaire. Leurs réponses ne m’ont pas surprise : pour eux, nous proposons des films ennuyeux et il n’y a même pas de pop-corn… Et c’est vrai, car notre public-cible ne veut pas être perturbé par des bruits d’emballages !  »

Tout en gardant cette ligne de conduite et son ancrage local, le Lumière entend néanmoins continuer à évoluer et prévoit d’étendre son activité brugeoise en redonnant vie à De Republiek, une ancienne salle de concert, propriété de la Ville. Un projet parmi tant d’autres…

36, Sint-Jacobsstraat, à 8000 Bruges. Tél. : 050 34 34 65. www.lumierecinema.be

PAR GRIET SCHRAUWEN / PHOTOS : DIEGO FRANSSENS

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