Avec lui, le loup n’est plus si méchant, ni le roi si pédant. L’auteur bruxellois raconte à sa façon la vie aux enfants. De jolies histoires qui traversent le temps, et qu’il dédicacera prochainement au Salon du Livre de Jeunesse de Namur (*).

Personne n’avait encore imaginé ce scénario. Prêt à piéger le Petit Chaperon Rouge, le loup, enfilant la chemise de nuit de la grand-mère avant de se glisser dans son lit, file vérifier qu’il n’a pas laissé de traces sur le pas de la porte. Paf, celle-ci se referme ! Et le vilain se retrouve  » enfermé  » dehors, dans une ridicule nuisette rose qu’il ne parvient pas à enlever. La honte ! Le dernier livre pour enfants de Mario Ramos, Le plus malin (L’École des Loisirs), ne manque pas d’humour. Comme tous ses opus d’ailleurs, dans lesquels l’auteur bruxellois se plaît à jouer avec les pieds des personnages. Dans Un monde de cochons, le nouveau de la classe, un loup (encore !) ne parvient pas à s’intégrer parmi ses condisciples, des cochons pas sympathiques. Le roi est occupé, lui, met en scène Sa Majesté sur le trône, comprenez… sur le pot ! Mario Ramos est comme ça, il aime mettre du poil à gratter dans ses récits pour raconter la vie autrement et pousser les juniors à s’interroger sur celle-ci.  » Petit, j’avais du mal à trouver ma place. Mais devant une feuille blanche, je me sentais un peu Dieu, j’avais l’impression que je pouvais refaire le monde « , raconte le dessinateur mi-belge, mi-portuguais. Progressivement, l’intuition de gamin est devenue une conviction.  » J’ai compris qu’un dessin pouvait faire passer une idée plus riche qu’un texte « , renchérit celui qui, durant ses études, confirmera sa passion de petit garçon en rejoignant la section communication graphique de La Cambre, à Bruxelles. Il lui faudra néanmoins attendre la quarantaine, et les remises en question qui vont avec, pour décider de consacrer son talent non plus à la presse, aux affiches, à la publicité –  » des voies qui permettent de gagner sa vie, ce qui est important aussi quand on crée  » – mais à raconter des histoires pour les gosses.

Une décennie a passé depuis, et aujourd’hui, dans son atelier schaerbeekois, Mario Ramos croque la vie sur calques pour le bonheur des enfants, mais aussi de leurs parents.  » Pour transmettre le plaisir des livres à ses rejetons, il faut que l’adulte qui fait la lecture s’amuse aussi « , insiste-t-il, heureux de susciter le rire  » de façon intergénérationnelle  » tant à travers ses dessins –  » pleins de détails qu’on ne remarque pas tout de suite  » – que par le biais de ses textes –  » répétés à haute voix pour qu’ils sonnent bien « . Ramos définit volontiers son job comme  » un métier pas sérieux  » qu’il fait  » avec tout le sérieux qu’il nécessite  » ! Car, si les ouvrages de l’auteur paraissent simples et naïfs, ils sont néanmoins le fruit d’une réflexion profonde. Assis à son bureau, au pied de sa bibliothèque chargée de toutes les références qui font son art – des BD de Tintin aux biographies d’illustres dessinateurs tels que Saul Steinberg, en passant par des recueils dédiés à Van Gogh ou Charlie Chaplin -, le créateur est loin de prendre sa tâche à la légère.  » Il faut travailler énormément pour donner l’impression qu’il n’y a pas eu de travail derrière une £uvre « , souligne-t-il en dévoilant les croquis, gribouillés et tippexés, de divers projets en gestation. Dans chacune de ses esquisses de conte, Mario Ramos fait passer une idée qui lui tient à c£ur.  » Par la fiction, je peux faire des parallèles avec la vie réelle. Un monde de cochon, par exemple, représente, pour moi, l’univers de la finance. Un livre peut se comprendre à divers niveaux. Je conseille à tout le monde de ressortir ses classiques – Madame Bovary… À chaque fois, en fonction de l’âge que l’on a, on a l’impression de découvrir une histoire.  » Une bonne excuse pour se replonger, même adulte, dans les siennes.

(*) Mario Ramos sera ce 23 octobre, au Salon du Livre de Jeunesse, qui se tient du 19 au 23 octobre à Namur Expo. www.livrejeunesse.be. Lire aussi notre sélection de romans ados en page 66.

PAR FANNY BOUVRY

UN DESSIN PEUT FAIRE PASSER UNE IDÉE PLUS RICHE QU’UN TEXTE.

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