Barbara Witkowska Journaliste

Swarovski, Baccarat et Lalique, ces cristalliers prestigieux s’adonnent au bijou. Leurs créations exaltent un matériau noble, féminin et glamour à souhait.

Carnet d’adresses en page 114.

E n 1895, Daniel Swarovski s’installe à Wattens, un petit village autrichien blotti au milieu des montagnes du Tyrol et se lance dans la fabrication de pierres en cristal. Taillées et polies mécaniquement, elles sont d’une excellente qualité et attirent très vite l’attention des plus importants producteurs d’instruments optiques et de précision. Au fil des ans, les activités s’élargissent et le cristal Swarovski envahit le domaine du design, des luminaires et de la décoration. Dès les années 1920 et 1930, Christian Dior et Elsa Schiaparelli commandent au Tyrol des milliers de strass pour faire scintiller leurs robes de princesse. Tout au long du XXe siècle, le succès de l’entreprise ne s’est jamais démenti. Plus sollicitée que jamais, elle produit, chaque jour, plusieurs dizaines de millions de pierres en cristal, pour satisfaire créateurs de mode et d’accessoires, décorateurs et scientifiques. Cette demande effrénée n’empêche pas les dirigeants de Swarovski de développer leurs propres créations d’accessoires et, notamment, de bijoux. Pour s’inscrire dans la tendance actuelle, chaque nouvelle collection aura un thème spécifique pour mieux relier les accessoires : montres, sacs à main et bijoux. Pour inaugurer ce nouveau concept, Swarovski nous emmène en Afrique. Dans la collection de bijoux Out of Africa, les perles de verre mat et foncé s’associent à des feuilles de cristal jaune ou rouge et envahissent des bracelets ou des tours de cou. Le Crystal Mesh (il s’agit d’un ruban de tissu, entièrement clouté de cristaux) se transforme en bracelet et imite la robe de la girafe, en mariant le cristal doré et le noir. En version plus précieuse, il s’associe à des cristaux taillés en briolette à la manière des anciens diamants. La parure Giselle réunit un collier, un bracelet et des boucles d’oreille. La ligne Geraldine opte pour une palette chromatique très festive : les pierres or, cognac et cristal flirtent avec des éléments de bois taillés en gouttes et des gouttes entièrement pavées de cristaux (bracelets, bagues, pendentifs, tours de cou). Dans la ligne Ginette, une dent de tigre en corne de buffle s’entoure de rondelles de nacre et d’une multitude de pavés de cristal, pour former des parures spectaculaires et éclatantes à souhait.

Baccarat, le très chic cristallier lorrain, poursuit avec talent son immense lifting. Le siège social de l’entreprise vient de s’installer, à Paris, dans un somptueux hôtel particulier, ayant appartenu à Marie-Laure et Charles de Noailles, mécènes célèbres, magistralement redécoré par Philippe Starck. Les objectifs changent et s’inscrivent dans l’actualité. Certes, Baccarat continue à nous faire rêver avec son art de la table, mais ambitionne de devenir une marque de luxe globale, proposant aussi des vases, des meubles, des objets de décoration et des bijoux. Ces derniers ont démarré il y a dix ans. Modestement. Or, aujourd’hui, ils représentent 25 % du chiffre d’affaires. Fort de ce succès, le cristallier s’aventure sur les terres de la joaillerie et ajoute à ses parures l’éclat des diamants, des pierres semi-précieuses et de l’or. La bague Médicis marie admirablement un cabochon de cristal, rehaussé aux quatre coins par des pavages de diamants. Dans la ligne Galet, sur un jonc d’argent, le cristal clair voisine avec des pierres de couleur : améthystes, turquoises ou aigues-marines. Pour booster davantage ce dynamisme, on fait aussi appel à des créateurs réputés, capables de se lier au cristal en gardant leur personnalité, mais sans dénaturer l’esprit Baccarat. Philippe Airaud est l’un des créateurs parisiens de bijoux les plus en vue. Doté d’un sens aigu du luxe et d’un talent à la fois extravagant et maîtrisé, il apporte, avec douceur, une touche moderne et mode. Parmi ses dernières créations, épinglons le thème Tentation Duo. Le collier réunit 5 chaînes de longueurs différentes, terminées par des gouttes de cristal et de quartz de rutile. La bague Toi et Moi marie le cristal et une pierre semi-précieuse sur argent ou sur or jaune. Philippe Airaud vient également de donner une nouvelle jeunesse à la boule Shérazade, célèbre perle, taillée à six facettes. Pendentifs, colliers, sautoirs et boucles d’oreille, sur passementerie, argent ou or jaune l’interprètent admirablement dans une modernité raffinée et épurée.

Au début du XXe siècle, René Lalique fut le maître incontesté du bijou Art nouveau. Ses superbes créations, inspirées par les végétaux ou les animaux mythiques, sont toujours recherchées par les musées et convoitées par les collectionneurs du monde entier. Aujourd’hui, la maison Lalique continue à nous séduire avec des parures plus minimalistes et intemporelles, tel ce pendentif Tendre C£ur, accroché à une jolie passementerie ou encore avec des pièces plus spectaculaires et exubérantes. Cet hiver, la star de la collection se prénomme Irène. Ses arabesques laquées, associées à des cabochons de cristal, ornent collier, pendentif, broche, bracelet et boucles d’oreille, réchauffés par de superbes couleurs, grande spécialité de Lalique. Espiègle interprète le motif Irène en version plus simple. Plus ludique, ce véritable  » tout en un  » se glisse sur un ruban de taffetas, un ruban d’organza ou un élastique, pour s’accrocher au cou, au bras ou encore agrémenter une queue de cheval.

Barbara Witkowska

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