La photographe plasticienne Mathilde de l’Écotais célèbre avec une inventivité bouillonnante l’art culinaire… jusque dans sa propre cuisine. Poussez la porte de l’appartement parisien qu’elle partage avec ses deux filles et son compagnon, le chef 2-étoiles Thierry Marx.

C’est au c£ur de Paris, dans le mythique quartier de Saint-Germain-des-Prés, que Mathilde de l’Écotais s’est installée l’an dernier. Réinstallée serait plus exact, puisque le hasard faisant parfois très bien les choses, elle a pu relouer cet appartement haussmannien avec moulures d’origine où elle habita autrefois avec ses parents – son père, Yann de l’Écotais, journaliste et écrivain, fut directeur de la rédaction de L’Express de 1987 à 1994 – et ses deux s£urs. Avec ses 240 m2, ce bel espace, dont elle a voulu conserver l’âme et la simplicité originelles, est le lieu idéal pour vivre et travailler ! C’est en effet dans son sweet home – murs blancs, parquet, touches de couleur apportées par ses créations – que la photographe plasticienne, née à Bruxelles en 1970, a installé son studio.

Dans toutes les pièces sont accrochées ses £uvres en transit, entre deux expositions. Une partie de l’appartement est en fait son laboratoire, là où elle exerce ses talents avec son équipe.  » En cerveau collectif « , dit-elle. C’est ici qu’elle a notamment conçu les macrophotographies du livre L’Essence du goût (1).  » C’est formidable de bosser dans un endroit cosy qui change des studios photos classiques froids et impersonnels. Ici, on peut savourer tout un art de vivre. L’hiver je fais du feu dans la cheminée. On se sent paisible, il flotte dans l’atelier une douceur qui m’inspire.  »

Et puis l’appartement est superbement situé, à deux pas du Marché Saint-Germain et de la Grande Épicerie du Bon Marché où l’artiste choisit les fruits et légumes dont elle a besoin pour ses créations.  » Ma particularité, souligne-telle, est de travailler l’image culinaire dans sa transversalité, c’est-à-dire à travers tous les médiums artistiques : photo, vidéo, 35mm, design… En innovant par l’image, sortir la cuisine de la cuisine, dans tous les sens du terme, pour la regarder autrement et déclencher chez l’autre une émotion différente.  » Véritable électron libre, Mathilde dématérialise les aliments, plonge au profond de la matière  » pour en extraire toute la subtile et voluptueuse poésie « , comme le souligne son compagnon, le célèbre chef 2-étoiles Thierry Marx (2), membre éminent du jury de Top Chef. Avec audace, elle conçoit des projets inédits qui répondent aux demandes de clients très exigeants : une révolution dans l’univers un peu stéréotypé de la photographie culinaire.

La cuisine, qui était longue et très étroite, a été complètement transformée. Mathilde a choisi le noir, tantôt mat tantôt brillant, pour apporter du relief à l’ensemble. Une reproduction géante d’une de ses photos – des raisins par transparence – recouvre les placards faits sur mesure et donne à la pièce des tons irisés. Les plans de travail ont astucieusement été installés à des niveaux distincts – en bas pour cuire, un peu plus haut pour couper – et surtout des placards allant jusqu’au plafond, où elle stocke son matériel mais aussi des verres anciens et des assiettes qu’elle collectionne, pour composer des tables toujours différentes.

La jeune femme passe beaucoup de temps dans la cuisine, où elle imagine ses incroyables compositions avant de les finaliser dans son studio photo. Quant au salon, il fait aussi office de salle de réunion, notamment quand les représentants des agences débarquent pour discuter shootings, pubs, films, installations vidéo, direction artistique. Et puis il y a la partie strictement privée. Thierry a lui aussi droit à son bureau – où personne n’entre, à moins d’y être invité – et à son atelier, un antre en arrondi baigné de clarté, très masculin, qui recèle ses équipements d’arts martiaux, sa collection complète de séries noires cartonnées et son ravissant dressing escamotable.

Dans la chambre du couple, la pièce la plus petite de l’appartement, il y a un tatami – rien d’étonnant avec un passionné d’arts martiaux à la maison… – et l’ambiance est très zen. Idéal pour rebooster les énergies. Ni télé, ni téléphone, juste quelques livres disposés en hauteur. Pour décorer la chambre de ses filles – Rosalie, 8 ans, et Mahaut, 10 ans -, Mathilde n’a pas bridé sa créativité. Elle a ainsi transformé en rideaux leur collection de nounours, juste avec du fil de pêche, et a détourné un magnifique meuble de postier, récupéré dans un centre de tri, en espace de rangement. Au plafond, elle a accroché la même boule disco qu’elle avait quand elle était petite.

La salle de bains, elle, est restée telle que Mathilde la connaissait à l’époque de ses parents, en bleu pétrole, ce qui était avant-gardiste en 1965. La plasticienne s’est amusée à amplifier ce côté obsolète en plaçant au-dessus du miroir une rampe d’ampoules et des plaques en aluminium représentant des huiles essentielles de cyprès.

Le charme qui se dégage de cet appartement doit beaucoup au fait qu’on n’y trouve rien de standardisé. Coups de c£ur arty, accessoires design, meubles chinés, objets fétiches… comme ce bouddha sur la cheminée du salon, devant lequel Mathilde aime méditer le matin. Tout, ici, a une histoire. Et la maîtresse des lieux est toujours à la recherche de petites merveilles singulières, qui l’émeuvent et l’envoûtent, comme, dernièrement, une sculpture de galets de Woods Davy. La lumière est superbe : Mathilde – quoi de plus normal au fond pour une photographe ? – a beaucoup planché sur l’éclairage avec un large choix de lampes, lampadaires, suspensions pour prodiguer de l’éclat à toutes les pièces…. et à chacun un joli teint !

(1) L’Essence du goût, par Jean-Baptiste de Panafieu, photographies de Mathilde de L’Écotais, Le Rouergue, 192 pages.

(2) Chef du Mandarin Oriental, à Paris.

Carnet d’adresses en page 137.

PAR LUXPRODUCTIONS.COM

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