Marque déposée par ses concepteurs, inspirés de ce qui se fait de plus hype à Londres ou New York, l’urban resort aspire à s’intégrer au cour de la ville tout en conviant ses clients à s’immerger dans un univers en parfaite autarcie. Le Murano, première déclinaison parisienne du genre, est, à ce titre, un prototype hôtelier de très bonne facture… au luxe décontracté.

Murano Urban Resort, 13, boulevard du Temple, à 75003 Paris. Chambres doubles à partir de 450 euros. Tél. : + 33 1 42 71 20 00. Internet : www.muranoresort.com.

Quatre étoiles dorées se détachent de la livrée blanche du bagagiste venu accueillir les hôtes du week-end, fraîchement débarqués du Thalys. D’un pas vif, il les invite à rejoindre l’Alfa Romeo qui les conduira jusqu’au Murano. Un petit quart d’heure à se frayer un chemin dans les embouteillages aujourd’hui légendaires suffit à vanter les mérites de la marque italienne, partenaire et sponsor du service ainsi qu’à rassurer le visiteur qui pourrait s’inquiéter d’une adresse peu gratifiante pour un palace parisien. Le boulevard du Temple, coincé entre Bastille et République, ne constitue-t-il pas la frontière naturelle du quartier du Marais ?  » C’est un arrondissement en pleine mutation « , a appris à ponctuer le chauffeur. Le ton est donné : passer une nuit au Murano, c’est entrer de plain-pied dans l’avant-gardisme hôtelier.

Les cinq étages de la façade, blanche immaculée, se découpent de l’artère populaire comme le ferait un phare sur une plage à l’abandon. L’invitation à pénétrer dans un autre monde est évidente. Les adeptes du  » voyage  » ne seront pas déçus. Un sas de verre est le dernier lien avec l’idée préconçue que l’on peut se faire d’un week-end dans un hôtel de charme. Assis face aux portables derniers cris des réceptionnistes, l’invité de Jérôme Foucaud, ancien propriétaire des Byblos de Saint-Tropez et de Courchevel, n’attend plus qu’à être guidé dans les méandres de l’établissement.

Plaque tournante donnant accès au restaurant et au bar, l’immense hall de marbre blanc, surmonté d’un lustre monumental en Murano, puise une lumière naturelle de la verrière qui le domine. Un Chesterfield de cuir blanc et un interminable feu ouvert invitent immédiatement au cocooning. Paris la trépidante est déjà loin. Le détour par les ascenseurs, que l’on choisira décoré de longs poils multicolores ou d’un trompe-l’£il matelassé entretient la surprise permanente que constitue l’endroit.

La chambre se veut résolument high-tech. Plus question ici de clé pour y pénétrer, mais bien de l’empreinte digitale du client, sésame étonnant symbolisant l’esprit  » IIIe millénaire  » insufflé à l’hôtel. Aussi blancs que l’entrée, les murs attendent que le nouveau venu impose ses choix et les pare d’ambiances lumineuses, une console placée en tête de lit permettant de moduler à l’envi les tons, du rose bonbon au jaune solaire en passant par une gamme surprenante de bleus et de verts. Si l’espace est calculé au plus juste û il fallait, d’une manière ou d’une autre,  » caser  » cinquante-quatre chambres dans les 4.500 m2 habitables û l’esprit minimaliste du mobilier offre un agréable sentiment de liberté. Table en Plexiglas signée Muji, lit XXL rehaussé et armoires encastrées en verre dépoli se fondent dans un décor à peine troublé par une commode peinte de gros coquelicots et d’un fauteuil rouge vif. Ce n’est là qu’un exemple. Les chambres, portant toutes un prénom italien, se veulent uniques en leur genre. Seul point commun, la technologie discrète qui est mise au service du confort global. Le téléviseur Bang & Olufsen suit gentiment celui qui le regarde et dispose d’un lecteur DVD en attendant que, d’ici quelques semaines, le pay per view, avenir du téléphage de passage, ne permette de bénéficier d’un service à la carte. Tout en contraste, la salle de bains composée d’ardoises noires se veut accueillante grâce aux rondeurs des dernières créations de l’éclectique Philippe Starck. Au sol, une incrustation de galets prévient les chutes tandis qu’une baignoire haute invite à la rêverie.

Deux en un

Il existe en fait deux Murano. Le calme, le havre de paix au c£ur d’une capitale bouillonnante, celui que l’on découvre en journée, à peine troublé par la présence de quelques attachées de presse persuadées d’accroître de la sorte leur pouvoir d’attraction. Ensuite vient le temps de l’urban resort, nouvelle  » place to be  » des nuits parisiennes. Le bar, tout en longueur, est le réceptacle d’une centaine de vodkas différentes û dont une belge aux saveurs plus improbables û que s’arrachent des bourgeois-bohème au look faussement décontracté.

Autre ouverture sur le monde, le restaurant de marbre blanc accueille le client sous ses centaines de stalactites métalliques, les murs tendus diffusant une lumière douce et colorée, des spots modifiant perpétuellement l’ambiance globale avec la précision d’un métronome. L’assiette se veut légère û on ne craint d’ailleurs pas d’équiper les salles de bain de pèse-personne recouvert eux aussi d’ardoise û et diversifiée. Les 30 grammes de béluga côtoient des £ufs brouillés ou un foie gras entier accompagné d’une étonnante confiture de betteraves rouges. Côté plat, le parmentier d’agneau, la caille rôtie ou la superbe carte de poissons finiront de combler les gastronomes. Les desserts sont dignes de l’établissement, combinant un classicisme réconfortant et cette touche de folie qui rappelle que l’on est ici comme nulle part ailleurs. La mousse de chocolat blanc est joliment surprise par le fondant de chocolat noir et vos papilles gustatives seront saisies par le glaçage à la fraise façon  » Tagada  » que subit l’île flottante. La carte des vins présente quant à elle de jolis flacons, peut-être trop conformistes pour l’endroit. Le temps d’un repas, l’espace est devenu l’antre des oiseaux de nuit branchés, transformant de la sorte les chambres en oasis de calme.

Le Murano ? Pour vivre un week-end à Paris autrement. Mais sans doute sera-t-il plus judicieux d’attendre le printemps afin de pouvoir profiter du spa et de l’espace aromathérapie qui devraient finir de convaincre tout un chacun de ne plus quitter l’hôtel tout au long de son séjour. A moins que vous ne choisissiez une des suites pourvues d’une petite piscine privée sur le balcon…

Christophe Mertens

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