Madonna, Julia Roberts, Sharon Stone, Halle Berry, Sarah Jessica Parker, Uma Thurman ou Mary J. Blige… Les plus brillantes étoiles au firmament de Hollywood ont toutes craqué pour les modèles métissés et  » so chic  » de la créatrice française Catherine Malandrino. Une success story doublée d’une véritable histoire d’amour ! Rencontre dans le New York de son cour, là où la frenchie star dessine sa vie comme sa mode.

L’éclatante boutique de Catherine Malandrino dans Meatpacking District, le dernier quartier à la mode de Manhattan, est à la hauteur du rêve éveillé de la créatrice française. Dans ce jardin d’Eden, une promenade épouse la forme d’un vallon, croise le reflet d’un lac et passe sous une vague de pluie où chacune des gouttes de verre de la taille d’une ampoule a été soufflée à la bouche. Au centre de la jungle urbaine de New York, les silhouettes de  » Down to earth « , la collection printemps-été 2006 de Catherine Malandrino, jouent les caméléons en un patchwork né de l’assemblage de trois visions : la culture artisanale de la communauté Amish, les tons chauds de l’Afrique et une note de jazz new-yorkaise. Très organique, cette garde-robe est composée de matériaux naturels, comme des lins, des cotons, des matériaux bruts travaillés dans les techniques traditionnelles de crochet, de dentelle, des capitonnages à la main. La gamme de coloris des jupes et des robes est essentiellement ivoire, farine, ocre, cèdre et acajou. Les vestes en soie et lin et les bourses en bois accompagnent ces looks – et c’est une innovation -, comme les talons en bois sculpté et les pointes de ballerines en macramé.

Née à Grenoble, d’origine italienne, diplômée d’Esmod Paris, Catherine Malandrino fut la force créatrice derrière le renouveau de la marque française  » Et Vous  » avant de partir à la conquête de l’Ouest. S’amusant à coudre ensemble plusieurs horizons, elle conçoit ses collections comme une superposition d’influences et de cultures différentes, destinées à  » des clientes féminines et urbaines, cosmopolites et citoyennes du monde « , souligne celle qui incarne parfaitement cette femme multiculturelle. Ce n’est donc pas un hasard si l’énergie new-yorkaise a stimulé sa sensibilité humaniste et universelle et si la capitale du monde lui a offert en retour la reconnaissance méritée.  » C’est la curiosité qui m’a poussée à partir pour New York, liée à deux coups de foudre successifs : l’un pour un homme, Bernard Aidan, qui est devenu mon partenaire et mon mari ; l’autre pour New York elle-même, la ville du futur, où les gens et les genres se mélangent. Cette ville m’a nourrie de toute son énergie… une énergie que j’ai retraduite à travers mon premier médium, les vêtements.  »

Catherine Malandrino a connu une ascension fulgurante et sa carrière atteint aujourd’hui des sommets brillants, comme la flèche d’acier scintillante du Chrysler Building, son gratte-ciel préféré. New York lui a ouvert ses bras en 1997, quand, enceinte de son fils, elle débarque à la Big Apple, avec pour tout bagage sa passion et son instinct.  » Dès mon arrivée, j’ai eu l’impression de faire partie de la ville. L’alchimie s’est opérée au cours des tous premiers jours. Par goût, par passion, par choix, c’est à Manhattan que tout a débuté.  »

Une double vie

Il y a l’amour du travail aussi. A ses débuts, Catherine Malandrino collabore de jour avec Diane Von Furstenberg – la papesse de la robe portefeuille – et £uvre de nuit à sa propre ligne, dans son studio de Midtown. Sa première collection, –  » Collages  » en 1998 -, est repérée par la presse, puis par le grand magasin de luxe Bergdorff Goodman qui lui offre ses vitrines pendant la semaine de la mode de New York. C’est l’effet boule de neige : les autres adresses du luxe new-yorkais la réclament : Neiman Marcus, Bendell lui ouvrent leurs portes.  » A New York, il y a très vite un engouement, un enthousiasme.  »

Neuf ans plus tard, ses tenues fraîches et sensuelles font des ravages parmi les célébrités de Hollywood – Madonna, Julia Roberts, Sharon Stone, Halle Berry, Sarah Jessica Parker, Uma Thurman ou Mary J. Blige – et sont vendues dans 250 points de vente dans le monde. Son enseigne compte sept boutiques, dont quatre à New York et dans ses environs, une à Los Angeles, deux en Italie, à Milan et Florence, et depuis quelques semaines, une adresse parisienne. Assise sur le divan en dégradé vert acidulé de sa vaste boutique new-yorkaise hypercontemporaine, sa longue chevelure noire lui effleurant le dos comme un voile de Madone, celle qui est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 70 personnes vous explique, ses grands yeux droits dans les vôtres, qu’elle n’est pas surprise de se retrouver là.  » J’ai voulu apporter une nouvelle proposition : une femme qui soit à la fois ultraféminine mais urbaine, très raffinée mais avec un côté brut. Cette femme-là, avec sa garde-robe et son lifestyle, je l’aurais exprimée un jour ou l’autre, que ce soit à Paris ou à New York.  »

Confiante en sa bonne étoile, qui pourrait être une de celles du drapeau américain, la petite frenchie a conquis le c£ur de l’Amérique sans trahir son premier amour, le Vieux Continent.  » Je n’ai pas vécu le dépaysement comme une rupture. J’ai toujours une double vie avec Paris, en aller-retour. Je vis à New York huit mois par an, mais le reste de l’année, je suis en Europe.  » En osmose avec le flux de vie de Big Appel, elle puise son inspiration dans cette mégalopole frénétique et attachante, dans son architecture écrasante et éblouissante, dans les milliers de regards du melting-pot, dans le déroulement de ce film en continu qu’est l’histoire de New York.  » Certaines icônes de la cité ont défini mon travail.  » En premier lieu, il y a le drapeau américain, ce  » flag  » qui a inspiré sa collection de l’été 2000.  » Le drapeau aux Etats-Unis n’a pas la même symbolique qu’en France, où il a un petit côté patriotique désuet. Ici, il fait partie de l’identité américaine. L' » American flag  » unit les Etats, mais aussi les états d’esprit.  » Cette collection hommage à l’Amérique d’une petite Française va propulser sa carrière. Son tee-shirt frappé de la bannière étoilée est adopté par une autre icône : Madonna en personne, qui le porte lors de son Drowned World Tour, imitée ensuite par Julia Roberts, Sharon Stone et Halle Berry.

Un style sans frontières

Après ce baptême du feu réussi, Catherine Malandrino explore l’univers bouillonnant de Harlem et s’inspire, notamment, de l’Apollo Theater, la salle de concert mythique qui a lancé les géants du jazz et du be-bop. Son voyage baigné de gospels dans ce Harlem coloré et populaire engendre  » Halleluya « , sa ligne de vêtements de l’hiver 2001. La même année, la créatrice signe une garde-robe pour son amie la chanteuse hip-hop Mary J. Blige. Puis c’est le grand choc du 11 septembre 2001, qu’elle vivra à Manhattan.  » J’ai découvert une nation extraordinaire, qui, malgré l’émotion, renaissait de ses cendres après deux semaines, avec l’idée qu’il fallait continuer à aller de l’avant. J’ai approché la saison suivante d’une façon très inhabituelle pour moi.  » Slam Princess « , dessinée après les attaques, était une collection très noire avec des silhouettes représentant des armures, une collection plus agressive et plus protectrice qu’à l’habitude.  »

Vraie New-Yorkaise, Catherine Malandrino s’est aujourd’hui parfaitement lovée dans Big Apple. Elle a réaménagé un appartement en loft lumineux le long de l’East River,  » pour ne pas oublier que New York est une île mais qu’on y ressent un sentiment d’espace et de liberté « . Elle sillonne l’immense échiquier dans une Jaguar ancien modèle, entre ses bureaux de Midtown et ses boutiques de Downtown.  » Ainsi, j’ai l’impression de voyager sur l’île, de vivre tout Manhattan.  »

Adoptant les us et coutumes de la jet-set américaine, Catherine Malandrino aime prendre l’air dès les beaux jours avec son époux Bernard et leur fils sur les plages des Hamptons, ce paradis sablonneux à deux heures de New York, où elle possède deux boutiques. Celle qui avait l’habitude de s’évader à cheval dans Central Park monte maintenant dans ce bijou de nature, où Steven Spielberg possède un haras. L’été, elle part se reposer une semaine au soleil de Saint-Paul-de-Vence, dans le sud de la France. Mais elle peut aussi s’envoler à destination des Bahamas pour le week-end, même si elle se décrit avant tout comme urbaine.  » Ce sont les villes qui m’animent. Je me ressource à travers mes voyages, de Tokyo à Pékin, de New York à Paris ou Milan.  »

De retour à Manhattan, elle reprend son souffle au célèbre club privé Soho House, son  » cocon « , situé à deux pas de sa boutique dans le très branché Meatpacking District. Elle organise ses rendez-vous et tient ses déjeuners d’affaires dans cet établissement très sélect, où ont été tournés des épisodes du feuilleton culte  » Sex in the City « . Mais la créatrice en vogue y vient aussi en famille pour passer un moment au bord de la piscine ou dans les espaces de relaxation, comme la bibliothèque ou la salle de projection privée. Elle retrouve alors ses clientes et amies comme Sarah Jessica Parker, Uma Thurman ou Mary J. Blige, membres, comme elle, de ce club VIP.  » La Soho House est un lieu de rencontres et d’échanges bien à l’image de New York, avec son grand toit terrasse qui donne une vue sur Downtown.  »

Touchée par la grâce outre-Atlantique, Catherine Malandrino n’a jamais renié pour autant ses racines françaises. Celle qui définit son style comme un mélange de tradition et d’innovation est aussi sensible à la romance de Paris qu’aux pulsations new-yorkaises. L’élégance française des actrices comme Catherine Deneuve dans  » Belle de Jour  » et Romy Schneider dans  » La Piscine  » est restée pour elle une référence immuable. Il était donc naturel que l’artiste métisse ait eu envie de se rapprocher de sa clientèle parisienne et européenne.  » La femme que j’habille est autant à Paris, qu’à New York, à Tokyo ou à Bruxelles. C’est une femme qui voyage, qui est curieuse.  » Le style sans frontières de Catherine Malandrino fait donc désormais escale à Paris, dans sa nouvelle boutique de la rue de Grenelle, au c£ur du quartier de Saint-Germain-des-Prés, inaugurée au printemps 2006.

 » A work in progress  »

Dans les valises de cette créatrice voyageuse infatigable et exaltée, une première collection d’accessoires, avec une ligne de chaussures pour cet été et des sacs qui suivront à l’automne prochain. Inlassable et toujours prête à se lancer dans de nouveaux projets créatifs, ce talent polyvalent se mue en architecte d’intérieur pour transformer un palais Renaissance italien du Quattrocento en hôtel de luxe. Une étape nouvelle qu’elle considère comme une extension naturelle à son travail de création.  » J’imagine toujours la femme que j’habille dans son environnement, ce qu’elle vit, par qui elle est accompagnée, comment elle respire, les draps dans lesquels elle se couche, la façon dont elle dresse sa table.  » Pour ce somptueux projet hôtelier, Catherine Malandrino aiguise tous ses sens pour penser l’aménagement intérieur des parties communes, bar, restaurant, entrée, ainsi que des suites de cette adresse exclusive, située entre le Dôme et la chapelle Médicis de Florence.  » Je reste très concentrée sur ma mission qui est celle de rendre la vie des femmes plus belle encore. C’est autour de ce dessein-là que je travaille, dans ma vie professionnelle comme dans ma vie privée.  »

Quel regard cette artiste multiple et apparemment comblée porte-t-elle sur sa réussite ?  » Je considère ma vie comme passionnante et aussi en progression,  » a work in progress « . J’ai l’impression de dessiner ma vie comme je dessine mes robes, jour après jour. Ma vie professionnelle et ma vie privée sont imbriquées, c’est une vie à trois qui me ressemble et qui est ma plus belle £uvre.  »

Les bonnes adresses de Catherine Malandrino en page 26.

Elodie Perrodil

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