Nouvelle étoile au firmament de la chanson française, la Belge Zoé s’est installée à Paris il y a trois ans et demi. Fan absolue de la Ville lumière, elle s’y sent, confie-t-elle, comme chez elle. En exclusivité pour Weekend, elle nous dévoile ses adresses  » perso « .

En un single,  » Tout va bien « , et un album homonyme édité par Europacorp, la société de Luc Besson, Zoé est devenue, à 29 ans seulement, une chanteuse très en vue (*). Dans la lignée d’Anaïs ou d’Olivia Ruiz, mais à sa manière, avec une écriture au cordeau et un humour vachard, elle capte avec talent l’air du temps. Belge vivant à Paris, elle est tombée instantanément amoureuse de sa ville d’adoption. Et elle le reconnaît, son Paris à elle, celui qu’elle s’est taillé sur mesure, est romantique à souhait. Craquant comme un extrait d' » Amélie Poulain « , faubourien comme une photo de Doisneau. C’est dans un de ces décors ruraux très prisés de la capitale française que réside la jeune chanteuse.  » Le premier atelier à gauche après la grille, précise Zoé. Vous avez le digicode ?  »

Et nous voici dans l’adorable impasse privée que la chanteuse a dénichée derrière une porte cochère, rive droite, il y a trois ans et demi. Un morceau de campagne au centre de la métropole. Tout y est : les gros pavés de guingois, les buis joliment taillés et même les voisins sympas.  » Ce sont tous des copains ! lâche Zoé. On a passé le dernier Nouvel An ici, tous ensemble avec les enfants qui couraient partout. C’est un kibboutz !  »

Son  » sweet home  » est à son image : un irrésistible mélange de sophistication et de simplicité. Dans le salon, entre les bols à croquettes pour chats, le parc de sa fille Leelou (16 mois), le panier à provisions, on s’assoit dans un confortable canapé baroque (rouge, sa couleur favorite) éclairé par des jolis luminaires fifties. Parqué dans le salon : le vélo de Zoé. Une pièce de collection qu’elle a ramenée de Bruxelles.  » Cela fait dix ans que je l’ai, rigole-t-elle… et je n’ai jamais changé une pièce ! C’est très important.  »

Dès le printemps, Zoé enfourche sa relique, direction le Canal Saint-Martin situé à moins de trente mètres de sa maison-atelier. Mais en ce jour d’hiver, la chanteuse revêtue de son manteau noir à volants griffé Yves Saint Laurent et de son sac à dos signé Jean Paul Gaultier, opte pour une balade pédestre…

Entre deux rives

Immortalisé par le réalisateur Marcel Carné dans  » Hôtel du Nord  » (1938), le canal Saint-Martin, près de la place de la République, est l’un des paysages les plus bucoliques de Paris. A hauteur du quai de Valmy, fermé le dimanche à la circulation automobile, Zoé n’hésite jamais à faire une halte, pour booster la garde-robe de sa fille, au numéro 95, chez Antoine et Lili.

Cette enseigne très hype, au look orientalo-baroque, se décline en trois boutiques de vêtements et décoration. Avec ses façades fuchsia, vert pomme et jaune canari, les trois magasins sont repérables de loin. L’un d’entre eux est réservé aux tout-petits et propose sa propre griffe de prêt-à-porter. Une adresse kitsch, décalée, typique du Xe arrondissement, fief de la chanteuse.

 » Le Xe, c’est devenu très bobo « , concède Zoé. Comme dans la chanson de Renaud ?  » Oui. On y trouve plein de jeunes couples mignons qui écoutent Radiohead en lisant  » Libé  » ! dit-elle en riant. Mais c’est très cool. Le principe des petits commerces de quartier n’est pas un mythe ici. C’est un quartier truffé de petits bistrots, de petits restaurants sans prétention.  » Et de pointer, à l’angle de la rue des Récollets et du quai de Valmy, deux restaurants brut de décoffrage, avec vieux plancher et zinc de circonstance : Le Sporting et L’Atmosphère, clin d’£il à la célèbre réplique d’Arletty dans  » Hôtel du Nord « ,  » Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère « .

En suivant le fil de l’eau, le canal Saint-Martin se mue rapidement en bassin de la Villette.  » Ça, c’est mon cinéma préféré « , annonce Zoé au pied du complexe MK2-Quai de Seine. Le cadre perd de son pittoresque, les abords se font plus industriels. En inconditionnelle de Tim Burton, la jeune femme fréquente assidûment ce  » must have  » du 7e art que l’on doit à Marin Karmitz. Ce producteur à succès est également un exploitant de salles qui portent ses initiales. Il a eu l’idée d’étendre son site du quai de Seine, sur la rive opposée, en édifiant, il y a deux ans, un second ensemble de six salles obscures baptisé MK2-Quai de Loire. Un vaporetto qui fait la navette entre les deux berges emmènent gratuitement les spectateurs. Multiplexe a taille humaine car enfoui en grande partie sous terre, le MK2-Quai de Loire a été confié au designer Martin Szekely. Entre deux séances, on retrouve Zoé dans la librairie MK2 attenante (ouverte jusqu’à 21 h 30), rayon livres pour enfants.

Là où les promeneurs font habituellement demi-tour – à hauteur d’une étrange sculpture métallique, surnommée  » la petite fusée Eiffel «  (une création oscillant entre un missile sol-air couché sur le flanc et le monument du Champ de Mars), Zoé a l’habitude de poursuivre sa route le long du canal, bien au-delà du célèbre parc de la Villette. Juste après le périphérique, aux confins du xixe arrondissement, elle nous emmène aux Moulins de Pantin. Faux vestiges de la deuxième Révolution industrielle, car reconstruits à l’identique en 1923, ces énormes silos à blé, pris entre la voie ferrée et le canal de l’Ourcq, ont des allures de forteresse médiévale.  » Malheureusement, ce  » château fort  » n’a pas été classé regrette la chanteuse. Il est promis à la destruction. C’est un lieu un peu inquiétant, complètement surnaturel. Il n’y a rien à y faire, juste à regarder.  »

Le Désir et les Petites-écuries

Retour dans Paris intra-muros, sous l’énorme voûte du marché couvert Saint-Quentin, dans le xe arrondissement. Situé non loin de la gare de l’Est, sur le boulevard Magenta, perpétuellement embouteillé, cette halle est le QG de notre guide.  » Ça me prend dix ans pour faire mes courses mais c’est autre chose que le train-train alimentaire de la supérette, lance-t-elle. C’est une atmosphère très familiale, je connais tous les étals, tous les marchands, ça me plaît. Sauf que le caviste, chez qui j’ai mes habitudes, me prend pour une pochtronne !  » En sortant, on n’oublie pas de saluer Monsieur Jouve, l’un des personnages mythique de Saint-Quentin, le prince du charolais, l’empereur du berrichon, qui garantit une viande 100 % française.

A l’angle du marché et du boulevard Magenta, la deuxième partie de la rue du faubourg Saint-Denis, en direction du boulevard de Bonne Nouvelle, est l’axe privilégié de Zoé. Une succession de troquets et de commerces de bouche populaires qui font son bonheur.  » Ce que je préfère ce sont les passages. Des lieux hallucinants… Il y en a tous les dix mètres. Le passage Brady est spécialisé dans les produits indiens, d’autres sont simplement de magnifiques ruelles privées, avec des noms incroyables comme le passage des Petites-écuries ou le passage du Désir !  »

Le passage Jouffroy, son préféré, se niche dans le IXe.  » C’est davantage une galerie qu’un passage mais elle a un charme unique, explique Zoé. On y trouve des librairies anciennes et des affichistes d’un autre temps.  »

Au numéro 16 de la rue du faubourg Saint-Denis, Julien est une brasserie typiquement parisienne comme Zoé les affectionne. Ouvert en 1902, ce restaurant qui appartient aujourd’hui au propriétaire de la célèbre brasserie La Coupole à Montparnasse, a été conservé dans son état d’origine. Coffrages de bois, mosaïques Art nouveau et banquettes en velours, on s’attend à voir débarquer les Brigades du Tigre. C’est ici que la chanteuse a l’habitude de retrouver Jean-Luc Fafchamps, le compositeur de la plupart de ses chansons. Ce Bruxellois abonné au Thalys, auteur, entre autres titres, de  » Tout va bien « , lui a concocté six nouvelles chansons.

 » Comme la plupart des Parisiens, je me rends compte que je traverse rarement la Seine, ponctue Zoé. Je suis très rive droite dans mes choix ! Mais attention, l’Est de la rive droite, moins bourgeois…  » Et quand bien même elle choisit un lieu en vue, Zoé préfère le restaurant Georges, l’adresse VIP des frères Costes, logée sur le toit du centre Pompidou, que les  » place to be  » de Saint-Germain-des-Prés, rive gauche. Question de timing aussi. Entre les tournées européennes, la préparation de son nouveau spectacle,  » Ma cuisine intérieure « , qu’elle présentera à partir du 23 avril prochain à Paris, et la promotion de son CD/DVD  » Tout va bien « , Zoé n’a plus de temps à perdre.

(*)  » Tout va bien « , chez Pias. Internet : www.zoe-lesite.com

Zoé en concert, le 13 février, au Botanique, avec Aldebert. Internet : www.botanique.be

Carnet d’adresses en page 77.

Antoine Moreno – Photos : Renaud Callebaut

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