Le chanteur du groupe de rock français Dionysos est un enchanteur romanesque. Pour son troisième opus, et dans la pure tradition des contes pour enfants, Mathias Malzieu nous livre la vie de Tom Cloudman, piètre cascadeur affrontant la maladie et les surprises du cour. Quelle belle envolée !

Seriez-vous un  » Peter Pan refusant de grandir  » ?

Je n’ai pas envie de rester un enfant. La folie, l’élan, le rapport à la spontanéité ou la capacité d’émerveillement demeurent toutefois intacts. Je les entretiens en me confrontant à la création, porteuse d’une vie aventureuse. Le rêve est important pour fabriquer une nouvelle réalité.

L’écriture  » donne sens  » à quoi ?

Écrire, c’est créer une émotion qui ne coûte pas cher, et offrir un ticket pour son imaginaire et son propre soi. Il faut être généreux, sans oublier qu’on n’a qu’une vie qui passe vite. La mort de ma mère m’a terrorisé… Ce roman aborde la peur de l’hôpital, la perte et la projection de la paternité.

Qui est  » l’Endorphine qui vous aide à vous transformer en vous-même  » ?

Olivia Ruiz, avec qui je vis. Pour elle-même et pour la part que je fantasme. Ma Muse se transforme tout le temps.

La magie de l’amour ?

Prendre le risque de l’amour est une aventure incroyable, malgré la cruauté et l’angoisse. J’aime l’idée du couple qui dure, parce qu’il inclut d’autres métamorphoses.

Qui est la  » femmoiselle  » ?

Un croisement hybride entre Rita Hayworth et Louise Bourgeois pour ce qu’elles dégagent.

Et  » l’homme-oiseau  » ?

Chaplin, mon idéal. Poète, politique, fort, fragile, inspiré et travailleur, il est hors du temps et ancré dans son temps. Ce funambule évolue entre le réel, le surnaturel, l’humour et la poésie.

Quel  » monde tenez-vous entre vos mains  » ?

Le mien, une petite mappemonde ayant la forme d’une balle rebondissant. Je peux le modifier, l’envoyer valdinguer ou me protéger dedans. Il a plein de portes ouvertes aux gens, mais je le surveille car il est un peu au bord du débordement.

Qu’est-ce qui vous fait tomber ?

Moi-même, mon hypersensibilité. Je suis une éponge qui prend les choses très à c£ur. Ayant du mal à gérer les sensations injustes, je suis un coléreux qui ne récupère pas très vite.

Vous ne pourriez pas vivre sans…

L’équilibre fragile entre l’amour et la liberté. L’amour en cage ne fonctionne pas.

Ce roman désire-t-il  » nous reconnecter à nos rêves  » ?

Il y a de la politique dans mes chansons et mes livres. Face à la dictature du chiffre et de la pression ambiante, on ne préserve plus un espace de fantaisie. Les rêves se rétrécissent. Ce livre est une sorte de manifeste. Si on oublie sa part d’enfance, la vie sera fadasse.

Métamorphose en bord de Ciel, par Mathias Malzieu, Flammarion, 158 pages.

KERENN ELKAÏM

Je suis une éponge qui prend les choses très à c£ur.

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