La ville aux sept collines a enfin trouvé, avec le musée d’Art contemporain de Rome (MACRO), des habits à sa taille… et à ses couleurs ! Rouge comme le feu et noir comme le basalte. Rencontre avec sa flamboyante architecte française.

Construire à Rome, ville historique entre toutes, ne doit pas être simple. Comment avez-vous réussi à avancer malgré les obstacles ?

Par chance, il n’y avait pas de forte présence archéologique dans le sous-sol du MACRO. Nous n’avons presque rien trouvé… Dans le cas contraire, les choses auraient été beaucoup plus complexes. Je ne voulais pas en tout cas me référer à l’Histoire. La seule contrainte qui m’a été imposée concerne les façades ; j’ai dû conserver les murs de l’ancienne brasserie Peroni. Mais derrière ces façades sans grand intérêt, j’ai eu la liberté d’imaginer ce que je voulais.

Le  » clou  » du musée est l’auditorium vermillon, fiché comme un c£ur sanglant au milieu du foyer noir de jais…

Le rouge est le symbole de la vie. C’est le sang qui coule dans nos veines. Quant au noir, c’est une couleur neutre, très puissante, qui m’accompagne depuis toujours.

La déambulation est un autre élément primordial au sein du musée…

Les passerelles en aluminium texturé, les escaliers, les rampes et les ascenseurs permettent de multiplier à la fois les accès et les points de vue. Pourquoi se retrouver toujours en position frontale ? On peut très bien, par exemple, découvrir les £uvres en plongée. Cette liberté offre parallèlement aux artistes de nombreuses possibilités créatives. On peut imaginer une £uvre en suspension ou couchée.

Matisse disait que le noir consume toutes les autres couleurs. Quelle conséquence a un tel choix sur le plan muséographique ?

Le noir ne s’accommode pas, c’est vrai, de l’inconsistance. Il faut poser à côté une signature très forte. C’est au commissaire d’exposition que revient la décision d’accrocher ou non des £uvres sur de tels supports. Mais tout n’est pas noir et rouge au MACRO. Si les espaces de circulation affichent des teintes fortes, les salles d’exposition à proprement parler sont blanches. Le principe de neutralité prévaut dans ces espaces.

Ici, vous avez signé non seulement les espaces, mais aussi les moindres pièces de mobilier…

J’ai effectivement dessiné tout le mobilier. Les tables et les chaises du café ont été réalisées avec Poltrona Frau, les lampes avec Luceplan et les poignées de portes avec Valli & Valli.

Depuis l’inauguration du musée, le quartier a déjà changé. C’est l’effet MACRO ?

Le musée a un tel impact qu’il est devenu une référence. Les agences immobilières parlent désormais de  » quartier MACRO « . Au fil du chantier, j’ai vu essaimer les galeries d’art contemporain et les boutiques de design. Les magasins de vêtements ont suivi le pas : ils affichent une mode plus incisive. Le musée a aidé le quartier à accomplir sa mue…

Via Nizza, à 00198 Roma. Tél. : + 39 06 67 10 70 400. www.macro.roma.museum. Ouvert de 11 à 22 heures. Fermé le lundi.

THÉRÈSE ROCHER

LE ROUGE EST LE SYMBOLE DE LA VIE.

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