Barbara Witkowska Journaliste

Plus précieuses, les montres du nouveau millénaire sont aussi plus ludiques. Les boîtes magiques, toujours aussi petites, contiennent davantage de mystère, de savoir-faire et de poésie. Et ne cessent de nous faire rêver.

Carnet d’adresses en page 92.

L es codes ont évolué. L’ère du paraître a fait la place à l’ère de l’être. Dorénavant, une belle montre est le reflet d’une personnalité plus qu’un simple garde-temps. On veut donc se faire plaisir en la choisissant et en la portant. On choisira celle qui véhicule les émotions les plus belles, renfermant au fond de la boîte les secrets horlogers les plus protégés. Le tourbillon, par exemple. Cette invention est considérée, encore aujourd’hui, comme un véritable chef-d’£uvre de l’art horloger. Le début de l’histoire commence en 1687, lorsque Isaac Newton découvre les lois de l’attraction universelle. Plus d’un siècle plus tard, Abraham-Louis Breguet, horloger de génie, constate que cette attraction terrestre exerce une influence sur la marche des montres mécaniques (portées à l’époque verticalement, dans un gousset, au bout d’une chaîne) en l’accélérant ou en la retardant. Pour corriger cette influence, Breguet met au point, en 1801, le régulateur à tourbillon qui permet d’annuler l’influence de la terre. Le dispositif comprend une cage mobile qui porte l’échappement et le balancier. La cage effectue un tour en une minute, parfois en quatre, six ou davantage. Ce mécanisme offre une précision absolue à la montre. Le tourbillon est facilement reconnaissable, car visible. Sur le cadran, à six heures, il y a une ouverture circulaire, appelée cage. On aperçoit alors un mécanisme, ressemblant à un gyroscope, qui tourne en sens inverse des aiguilles d’une montre. Tout a changé avec les montres-bracelets, portées autour d’un poignet qui ne cesse de bouger verticalement et horizontalement. De surcroît, progrès technologiques aidant, les montres modernes sont à peu près insensibles aux lois de la gravitation. Reste le prestige.

Très complexe à réaliser, le tourbillon est le summum de la complication horlogère et ne cesse, deux siècles après son invention, de fasciner les maîtres horlogers qui s’essayent à le raffiner et le  » compliquer « , pour nous offrir les émotions de plus en plus fortes. Horloger d’exception, Constantin Girard-Perregaux a réalisé, vers 1867, le  » Tourbillon sous trois Ponts d’or « , chef-d’£uvre technique et esthétique d’une harmonie totale. Cette architecture est devenue la signature la plus emblématique et symbolique de la manufacture Girard-Perregaux. Le dernier défi ? Equiper d’un Tourbillon sous trois Ponts d’or le modèle Vintage 1945, ligne qui connaît un succès mondial. Il est proposé en or jaune, rose ou gris et s’accompagne d’un bracelet cousu à la main. En 1986, Audemars Piguet a utilisé le tourbillon, dans une montre ultraplate à remontage automatique. Une première mondiale. Aujourd’hui, la célèbre manufacture relève un nouveau défi avec la Tradition d’Excellence N° 3. Elle associe plusieurs complications : le tourbillon, le chronographe, la réserve de marche et le dynamographe. Le chronographe est un mécanisme qui permet de mesurer le temps entre deux actes. La réserve de marche est une manière ludique de voir combien de temps il reste à votre montre pour marcher sans la remonter. Quant au dynamographe, il permet au mouvement de fonctionner d’une façon optimale et garantir une précision absolue. Ce mouvement exceptionnel et délicat a nécessité 323 composants, assemblés à la main et a été glissé dans un élégant boîtier rectangulaire en platine, agrémenté de deux godrons.

Abraham-Louis Breguet admirait énormément John Arnold, l’un des plus grands horlogers anglais. Après sa mort, souhaitant lui rendre hommage, il a équipé de son tourbillon un chronomètre de marine (construit par John Arnold) et l’a offert à son fils. Aujourd’hui, la manufacture Arnold & Son rend hommage, à son tour, à Breguet, en créant le tourbillon mystérieux d’une minute à double fuseau horaire, extrêmement sophistiqué. Equipé d’un mouvement mécanique avec remontage manuel mystérieux (une subtilité technique), il est doté d’une réserve de marche de 110 heures. Ce petit bijou exceptionnel est réalisé en édition limitée. Franck Muller met au point Tourbillon Révolution 2. La cage tourne autour comme un anneau. Ce nouveau brevet est destiné à corriger retard et avance pris dans les deux sens du porter de la montre, vertical et horizontal. Daniel JeanRichard, un autre grand maître de l’histoire horlogère, vient d’appliquer le tourbillon sous Pont d’or au modèle TV Screen, un grand classique à la personnalité affirmée. Il apparaît dans un cadran guilloché d’une grande finesse et d’un grand raffinement. A souligner, aussi, la forme gracieuse des aiguilles  » poire  » et  » feuille « . Le boîtier en or jaune, rose ou gris. Pour nous émerveiller, Cartier crée, au sein de la Collection Privée, Pasha Tourbillon Automatique. Le mouvement s’offre comme un élément de décor en soi et se devine à travers le pont en forme de grille en or gris. Le tourbillon fait aussi une entrée remarquée chez Piaget. Le défi ? Réaliser le mouvement tourbillon le plus plat du monde. Il n’a donc que 3,5 mm d’épaisseur et a pris place dans le boîtier incurvé du modèle Emperador. Pour se démarquer de la concurrence, il n’a pas défoncé le cadran à 6 heures, mais a préféré s’ouvrir à 12 heures. A 6 heures, on trouve une indication de réserve de marche. Série limitée à 20 exemplaires dont 10 pièces en or rose et 10 pièces en or blanc.

Compliquer, c’est rendre plus précieux

Si le tourbillon n’est plus qu’une pure émotion esthétique, il y a d’autres complications  » utiles « . Les multiples fuseaux horaires ont la prédilection des hommes et des femmes d’affaires, mondialisation oblige. Blancpain a mis au point le Réveil-GMT où une seule aiguille indique le deuxième fuseau horaire et l’heure du réveil. L’autre nouveauté ? Une seule couronne sert à remonter la montre et la réserve de marche du réveil. Chez Breguet, la nouvelle pièce d’exception, Le Réveil du Tsar, se caractérise par la présence d’une fonction réveil et d’un deuxième fuseau horaire. Le spectaculaire chronographe Silverstone de Graham intègre plusieurs complications : la fonction  » flyback  » (elle permet de mesurer plusieurs laps de temps successifs), une réserve de marche de 42 heures et le second fuseau horaire. Corum lance une édition limitée de la fameuse montre Admiral’s Cup Marées capable de mesurer la puissance des marées. Enfin, Omega équipe le modèle Constellation Double Eagle du mouvement à échappement Co-Axial. Cette nouvelle technologie permet de réduire les frottements dans l’échappement et d’améliorer la précision à long terme de la montre.

Barbara Witkowska

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