Connu pour ses meubles très graphiques, le designer belge Filip Janssens décline son style dans sa propre demeure. Un bâtiment aux lignes ultracontemporaines, blotti dans la forêt brabançonne.

Baptisée Jointed, l’étagère murale imaginée par Filip Janssens en 2014, et présentée alors à la Biennale Interieur, à Courtrai, a certainement contribué à le lancer. Composée de plusieurs compartiments de formes variables, le meuble en bois et acier se distinguait par l’ampoule pendue dans le vide qu’il soutenait. Son design a été acquis par le label anversois Serax. Désormais, les marques belges Moome et Design Is Wolf éditent également certains meubles du créateur.  » Quand j’y repense, tout a été incroyablement vite « , constate celui qui, il y a quelques années à peine, était encore professeur de latin et de français.

Aujourd’hui, l’homme s’est fait une place dans le secteur et a été rejoint dans cette aventure par son épouse, Heidi, et sa fille, Joek. On retrouve dorénavant son style géométrique très reconnaissable dans du mobilier destiné à la cuisine, à la bibliothèque ou encore au living. Et son habitation, située à Essene, près d’Affligem, dans le Brabant flamand, est une véritable vitrine de son travail : une sorte de boîte en brique noire, nichée dans les bois, et dans laquelle il décline son univers.

DES MURS À JOUER

Dans ce projet, c’est la recherche géométrique qui frappe au premier regard. Ainsi, dans le bureau offrant une superbe vue cadrée sur le jardin, le mur en brique apparente de teinte terracotta semble des plus classiques. Mais lorsqu’on l’observe de plus près, on découvre que l’agencement des modules a été longuement étudié, pour un résultat très graphique.  » Il y a moyen d’être créatif, même avec un matériau bon marché « , souligne le concepteur qui a équipé cette pièce d’un ancien système de rangement Glifo signé par l’Italien Enzo Mari. L’objet se compose de cubes en plastique blanc que l’on peut assembler à sa guise et provient en réalité de la chambre d’adolescent du maître des lieux –  » Je l’aimais beaucoup à l’époque « , se rappelle-t-il.

Le style modulaire de ce souvenir d’enfance est en osmose avec ce que Filip Janssens produit depuis lors : des volumes de tailles et formes diverses qui se touchent, se croisent et s’entrecoupent. Côté fourneaux, les classiques étagères surplombant le plan de travail ont été remplacées par des carrés et des rectangles harmonieusement combinés.  » Les armoires simples sont ennuyeuses à mes yeux, estime le Brabançon. Je considère les murs comme un terrain de jeu qui me permet de penser autrement.  » Même la tablette de lavabo de la salle de bains et les fenêtres de la maison ont été élaborées dans la lignée de ces recherches formelles.

Dans le séjour encore, la table de salon qu’il a dessinée ressemble à un escalier achevant sa course au sol.  » Mes meubles se terminent souvent de cette façon, raconte ce passionné de géométrie. Je laisse mes objets s’amoindrir, en quelque sorte.  » Le bois foncé et l’acier de cette table s’harmonisent parfaitement avec la petite armoire placée juste derrière, une icône signée Jules Wabbes et trouvée dans un magasin de seconde main… au prix de 8 euros !  » Nous avons eu le coup de coeur sans même savoir qui était à l’origine de ce meuble, s’amuse Heidi. Lorsqu’un de nos clients est venu chez nous, il en a instantanément reconnu l’auteur. Sa valeur serait de 8 000 euros…  »

Filip Janssens et Heidi sont présents dans le Hall 7 de la Biennale Interieur, à Courtrai, jusqu’au 23 octobre. https://interieur.be (lire par ailleurs).

PAR VEERLE HELSEN / PHOTOS: JAN VERLINDE

 » JE CONSIDÈRE LES MURS COMME UN TERRAIN DE JEU QUI ME PERMET DE PENSER AUTREMENT. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content