Les anciens sont les néo-modernes

DELPHINE KINDERMANS RÉDACTRICE EN CHEF © frédéric raevens

Alessandro Michele nous avait mis la puce à l’oreille avec une de ses déclinaisons du Marmont, sac iconique de la maison qu’il dépoussière avec brio depuis son arrivée à la direction artistique, en 2015. Sur l’accessoire en question, en vente cet hiver, les deux G enlacés, signes distinctifs de ce qu’il est convenu d’appeler un must-have, sont surmontés du mot  » moderne « … en caractères évoquant la Rome d’avant Jésus-Christ. Un indice de plus de l’attrait du créateur pour le choc des styles et des périodes. Penchant confirmé tout récemment, lorsque Gucci a révélé que sa collection Croisière serait présentée, le 30 mai prochain, sur le site des Alyscamps, à Arles, où ses silhouettes avant-gardistes seront confrontées à 2 500 ans d’histoire. Si la fameuse nécropole, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, a inspiré nombre d’artistes, dont Picasso et Van Gogh, c’est la première fois qu’y sera organisé un défilé de mode.

Des silhouettes avant-gardistes confrontées à 2 500 ans d’histoire.

Auparavant, Karl Lagerfeld avait déjà fait déambuler de belles Hellènes entre des vestiges doriques pour sa ligne Cruise actuellement en boutiques. Mais il s’agissait là d’un décor, le Grand Palais n’ayant été transformé en temple grec que le temps d’un show et pour mieux servir d’écrin aux spartiates lacées sous le genou, bracelets de bras, longues robes de vestales ou tuniques de tweed portées par les mannequins. N’y voir pourtant rien de passéiste : pour le couturier, qui aime citer l’Odyssée d’Homère parmi ses références, c’est au contraire la modernité à toute épreuve des canons de l’Antiquité qui est ainsi mise à l’honneur. Et là aussi, comme chez Gucci, le mix de ces archétypes anciens et d’éléments de culture populaire, voire kitsch – talons en forme de colonnes, bijoux amphores, couleurs fluo… – fonctionne plutôt bien.

La preuve qu’on pourra toujours faire du neuf avec du vieux, et que l’année nouvelle n’échappera pas à la règle. En s’autorisant une rupture spatio-temporelle d’une poignée de millénaires, on peut d’ailleurs jouer les oracles et vous prédire qu’en 2018, on célébrera, entre autres, une expo universelle qui s’est tenue à Bruxelles et une révolution, débutée à la Sorbonne il y a un demi-siècle, où l’on clamait qu’il est interdit d’interdire – deux événements majeurs dont on retrouve des traces dans le lifestyle aujourd’hui encore. Le reste de ce que vous réserve la mode, la beauté, le design, la gastronomie ou le voyage au cours des douze prochains mois, le magazine que vous avez en main vous le révélera mieux que la Pythie de Delphes. L’avenir est écrit.

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