« Le voyage n’élargit pas l’âme. Il fonde l’âme.  » Signé Bruce Chatwin. La maxime trônait en exergue du communiqué de presse distribué chez Missoni lors des défilés de prêt-à-porter masculin printemps-été 2010 à Milan. Elle plante parfaitement le décor d’une saison qui fantasme le nomadisme à la faveur d’un dressing aux accents doucement exotiques ( voir nos tendances en pages 18 à 34). De Dries Van Noten, confirmant sa passion pour les imprimés ethniques, à Antonio Marras nous contant chez Kenzo l’histoire du gentleman explorateur Pierre Savorgnan de Brazza, les créateurs nous enjoignent à plier bagage. C’est bientôt l’été, me direz-vous, les grandes vacances, la trêve, on fuit au soleil et on se sape en conséquence. Un peu court. La mode n’est pas toujours si littérale. Après une garde-robe hivernale 09-10 joliment plombée, tout en gris (d’alarme), contrainte d’éliminer tout effet superflu et traces de gros luxe qui fâche, ces soudaines envies d’ailleurs trahissent un réel désir de sortir la tête hors du sable. Naïf ? Sans doute. Mais la mode vend (aussi) du rêve, c’est bien connu. Et celui-ci a jolie allure.

D’où ce numéro Spécial Homme, consacré en filigrane à cette âme bourlingueuse qui sommeille en chacun de nous, messieurs. Et en celle de Marc Sluszny, assurément ( lire en pages 14 et 15). La Bourse tremble, lui pas. A 48 ans, cet ancien trader reconverti en aventurier a définitivement quitté les requins de Wall Street pour rejoindre ceux des mers d’Afrique du Sud, documentaire sur le sujet à la clé. Chez Hermès, on ne tremble pas plus. Quatre-vingts ans après une implantation infructueuse à Manhattan (c’était au lendemain de 1929), l’insubmersible sellier français, solide face à la tempête qui balaie le luxe de plein fouet, installe sa troisième boutique à New York, la première au monde entièrement dédiée à l’homme ( lire en pages 36 à 39).

Confiance en l’avenir également chez Ermenegildo Zegna, qui fête son centenaire sans s’assoupir sur les lauriers d’un succès planétaire. A travers Z Zegna, la griffe familiale s’électrise ( lire en pages 66 à 70). En bonne partie grâce à Alessandro Sartori, le créateur énergique et raffiné de cette ligne jeune et intrépide. A qui nous avons demandé de nous donner les clés de sa ville d’adoption : Milan. Au cas où vous prendrait une furieuse envie de découvrir la capitale lombarde à travers les yeux d’un homme de goût. Parce qu’arpenter le monde n’est pas forcément synonyme de pompes boueuses et de mines hirsutes. Travel safely.

Baudouin Galler

« Des envies d’ailleurs et un réel désir de sortir la tête hors du sable. »

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